Silence of the Air. | Chris.

Les choses ne se passèrent pas vraiment comme je l’aurais espéré. Si je devais partir en premier sur le positif, ce serait que ce toubib se révéla bien plus efficace qu’imaginer. Cela prenait du temps, mais au fil des jours, je développais une forme de confiance qui m’encourageait à livrer des choses intimes, tout en esquivant au mieux les passages gênants comme le fait de venir d’un autre monde envahit de morts-vivants et autres saletés difformes en tout genre. Est-ce que cela m’aidait à aller bien ? Un peu. On sentait bien que le poids partait peu à peu de mes épaules. Toutefois, il eut un révère de la médaille. Ceci eut pour effet de confirmer que tout n’allait pas bien chez moi. Et même si je pouvais poursuivre le boulot, on me regardait de travers et pire, je fus affecté à quelques missions de secondes zones le plus souvent, me jugeant encore trop instable pour travailler avec une équipe propre ou pour une mission capitale.

D’ailleurs, on venait de m’accorder, de force devrais-je préciser, quelques jours de repos. Ne pouvant contester, je me retrouvais donc seul sur mon bateau le « STARS » à me morfondre et combattre ces rêveries se faisant plus violentes que jamais. La routine, ce n’était pas pour moi. Car ceci, me rendait vulnérable à ces démons du passé qui me hantaient chaque nuit, me poussant à gober de plus en plus de pilules. Il eut même une fois où… Alors que je fus bien éveillé, j’étais projeté comme dans une vision shamanique, ou un truc pas croyable. J’étais dans ce que j’appelais une Crise. Me trouvant dans la petite cuisine flottante, mon esprit se téléporta en plein cœur de la Chine. Une armée de Javo mutés et sanguinaire se jetaient sur moi et mes hommes. La ville toute entière partait en fumée et de nombreux civils courraient affoler, rejoignant l’armée des morts. Et moi, et bien moi, je fus impuissant face à cela, condamné à regarder tout ce monde, mes hommes et les civils mourir sans pouvoir faire quoi que ce soit.

J’eus beau hurler comme une bête, frapper et tirer, rien ne changeait. Mes attaques ne semblaient avoir aucun effet, mes coups ne causaient aucun réel dégât. Mais lorsque je revenais à moi, je me rendis compte que je venais de saccager ma cuisine. La vaisselle détruite, la petite table projeter contre le mur, des tiroirs arrachés, des volets fracassé… Me rendant compte de ce qu’il venait de se passer, je ne pus me sentir autrement que honteux, et me laissant choir au sol, je lâchais quelques râlements et sanglots, me sentant si… Faible. Tous mes ennemis, tous mes adversaires, je les avais vaincus, détruit. Mais celui-ci, il était bien trop puissant, bien trop fourbe. Ce n’était pas avec un flingue et mes gros bras que j’y arriverais à bout. Et ne sachant pas me défendre autrement, je me sentais donc vraiment ridicule.

Soudain, la sonnerie de mon téléphone retentissait. Prenant quelques secondes pour redevenir maître de moi-même, je récupérais mon appareil pour voir qui désirait me causer. Le nom de ma sœur s’affichait. L’instinct familiale reprenant le dessus, je séchais vite mes quelques larmes et retrouva mon sérieux. Enfin appel… C’était une notification me disant qu’elle m’avait envoyé un mail. Allant le consulter, inquiet, imaginant toujours le pire pour mes proches, je crus comprendre qu’il y avait bien un truc qui clochait en la lisant. Ma sœur avait besoin de moi, j’y accourais alors pour l’aider, oubliant complétement ce qui venait de se passer.

Me refaisant un peu une « beauté », me coiffant du mieux que je pouvais et sortant mon plus beau gilet en jean, je me rendis sur son lieu de travail sans tarder, fonçant à vive allure, sur mon engin à deux roues.

Terra Save… Chez nous, cette association eut une bien curieuse et étrange histoire. Mais j’étais heureux de voir ce que ma sœur en avait fait. Quelque chose de remarquable, qui œuvrait vraiment pour le bien d’autrui. Tout comme moi, Claire sauvait le monde, mais avec la douceur et l’amour que ce dernier avait besoin. Pour moi, le véritable héros de notre famille, c’était elle. Entrant donc, je saluais les quelques employés que je rencontrais, et signala mon arrivé à la secrétaire qui, m’invita à entrer. Une fois dans son bureau, la vision de celle qui partageait le même sang, me fit sourire et réchauffa mon cœur.

Sans plus de cérémonie, je la pris dans mes bras et la serra très très fort. Oui, je n’étais pas quelqu’un de tactile, peu sociable même. J’avais comme un blocage. Mais pour Claire, j’étais capable de briser mes barrières si cela pouvait l’aider. Ayant eut peur de la voir mourir plus d’une fois, la voir en vie et en bonne santé, était rassurant et garantissait que tout pouvait encore bien se passer. Elle était la seule en qui j’avais le plus confiance, le plus grands des sentiments. J’avais des amis, même s’ils se comptaient sur les doigts de la main. Mais aucune histoire d’amour, pas le temps pour cela, et aucun parent. Claire était donc celle qui avait le plus d’importance dans mon cœur. Elle incarnait l’optimisme, l’espoir et la confiance. Et pour préserver cela, je combattrais le monde entier s’il le fallait. La libérant de mon étreinte, j’osais sans passer par tout un rituel social lui demander directement :

"Comment vas-tu soeurette ? Tout va bien ?"

Ma jeune sœur avait beau dire que cela n’allait pas, j’eus du mal à le croire. Je n’étais pas Sherlock, ni même le Mentalist, mais je connaissais bien Claire, et je savais reconnaître les signes quand cela n’allait pas chez elle. Ok, tout le monde avait ses problèmes, je le concevais, mais je ne pouvais m’empêcher de penser par moment, que notre famille était un soit peu maudite. Nos parents étaient morts, nous deux avions bien faillis les rejoindre plus d’une fois, et nous fûmes marquer par tant d’horreur, que c’était comme avec ces espèces de monstres mythologiques, qui vous persécutaient, me souvenais plus du nom. Bref, je voyais que ma sœur n’allait pas bien, et je me devais de la réconforter. Un sourcil lever, je rétorquais :

"Claire ? Pas à moi. Je le voie bien."

Si quelqu’un devait cacher ce qu’il ressentait, c’était bien moi. Depuis tout petit, j’avais veillé, protéger et aider ma sœur, jouant les pères de substitutions. Très tôt alors, j’ai dû adopter une image mature, solide, peut-être un peu trop autoritaire. Il fallait que je sois le pilier qui soutenait Claire, le roc, la personne sur qui elle pouvait compter, qui la rassurait. Et donc, de crainte de l’inquiéter ou briser l’image rassurante que je devais incarner, je cachais ce que je ressentais. Mes peurs, mes doutes, mes cauchemars surtout, TOUT, ou presque, lui était interdit de connaître. Et même si c’était au détriment de mes nerfs, de ma santé mentale surtout, je sacrifiais tout cela pour son bien.

Donc, bras croisé, l’interrogeant du regard avec un petit air taquineur, j’attendais la réponse. Avec elle, je ne quittais jamais mon rôle de protecteur, de soldat inébranlable. Cela pouvait parait être un fardeau, mais je ne le regrettais jamais. Car c’était avant tout pour elle, que je me battais pour un monde meilleur, pour la sécurité de chacun, allant casser quelques tronches aux méchants. On ne m’avait rien imposer, c’était moi qui eus choisi cette existence. Donc, que personne ne versait de larme pour moi, ce serait stupide et inutile. De toute, il y avait pire comme existence, et la mienne, je ne la sacrifierais jamais, pour quoi que ce soit. Même si justement, je dus en faire pour poursuivre cette voie, j’assumais pleinement mes choix.

"Je suis de permission, alors t’inquiète, j’ai tout mon temps pour toi."

Inutile de dire pourquoi j’étais en « Pause ». Déjà raconter juste avant, les raisons m’ayant poussé jusque-là, n’avait rien à voir avec les congés traditionnels. Cette saleté me bouffait tellement la vie, que là, j’eus peur qu’elle détruisît ma carrière. Après tout, je pouvais comprendre le choix de mes supérieurs de me mettre de côté. Après une telle crise, et un avis médical peut concluant, on ne voulait pas voir une bombe vivant se promenait au milieu de leurs hommes. Toutefois, j’espérais que ce ne soit pas fini pour moi, qu’il existait un espoir pour ma pauvre carcasse, de retourner faire ce que je savais mieux faire. Ça se disait cette phrase ? Bon, petite aparté, ce moment était avant tout consacrer ma sœur, c’était elle l’héroïne du moment, comme cela la toujours était pour moi. Mon cas, n’avait aucune importance.

"Allez, raconte-moi donc ce qu’il y a."

Etant son principal confident, je pouvais tout entendre, tout écouter sans jamais juger. Bien que certains sujets pussent me mettre hors de moi, jamais je n’eus à la juger ou exploser devant elle. Déjà, je ne pourrais jamais avoir une image négative d’elle, puis, voulant être bon conseiller, même si la psychologie ça m’échappait, je cultivais pour y arriver, la patience et le contrôle de soi devant elle. Donc, si quelqu’un venait à lui faire du mal et qu’elle me fit la confidence, je n’exploserais pas, mais dirais bien sur un ton se faisant sentir, que le gusse n’avait plus beaucoup de temps à vivre.

Je faisais toujours de mon mieux, mon maximum et même plus pour aider. Mais souvent, j’avais l’impression de tomber à côté de la plaque, que mes interventions ne servaient à rien. Pourtant je continuais, suivant un instinct fraternel, je fis ce qui me semblait le plus juste pour autrui. Claire étant un exemple de patience et d’entre aide, je tentais de copié son calme et son amour légendaire afin de la seconder, du mieux que je pouvais…

Claire sembla baisser les bras, enfin façon de parler vue qu’elle les croise juste après. Et c’était tant mieux, car je ne voudrais pas devoir me battre avec elle, afin de savoir ce qui clochait, partir sur un mot du genre « Ok tout va bien » et savoir que ce ne fut pas le cas et passer des journées entières, des semaines même ! À m’inquiéter. De toute manière, elle me connaissait, elle savait qu’elle pouvait me faire confiance. Je pouvais tout entendre, tout acquiescer, sans jamais la juger. Et même si un jour, elle venait à me révéler qu’elle était fautive de quoi que ce soit, jamais je ne la condamnerais. Au contraire, elle recevrait tout mon soutien et mon aide pour s’en sortir. Aujourd’hui il n’y avait plus d’Umbrella certes, mais nous n’étions plus que deux. Dans un monde encore inconnu, nous ne pouvions compter que sur l’un sur l’autre. Plus qu’à l’accoutumer.

Je laissais à Claire, toute la liberté pour s’exprimer. Sans interrompre, sans dire ou faire quoi que ce soit, ma sœur fut libre de toute contrainte pour dire ce qu’elle avait sur le cœur. Et même si je ne semblais rien exprimer, comme si je fus figé telle une statue, à l’intérieur cela se remuait. Car il m’était impossible de rester insensible à la détresse de ma jeune sœur. Surtout de constater que son mal-être, était tellement familier aux miens. Nous avions tous deux quitté un monde ressemblant à l’enfer. Et ses démons étaient toujours présents. Soit ils nous avaient suivi jusqu’ici, ou bien, ils hantaient nos esprits afin de nous tourmenter. Et cela eut pour conséquence la crainte, de voir débarquer ici, à Game City, l’armée des damnées et que tout recommencerait.

Et la violente vérité qu’elle venait de balancer, être une Redfield ! Un nom maudit qui attirait tous ses porteurs, les pires monstres de notre univers. On pourrait dire oui, que c’était parce que nous avions osé confronter et détruire tous ces psychopathes. Que nous étions des héros. Malheureusement, cette gloire nous attira son lot de problème. Et de plus, je me sentais égoïstement coupable envers ma sœur. Car c’était moi qui eus affronté au départ Wesker, mit à mal ses plans et ceux d’Umbrella. J’eus conduit dans ma croisade Claire, qui devint à cause de notre sang et de mes actions, une seconde cible pour eux… Oh oui, c’était une dure à cuire, fidèle à ses principes, défendant toujours l’opprimé ce qui en fit mon héroïne. Elle me dirait justement, que si elle était en guerre contre nos ennemis, c’était son choix, même si je me sentirais à jamais coupable.

Cherchant à la réconforter, je vins à poser mes mains sur ses épaules pour apporter cette chaleur humaine et familiale, qui normalement apporter ce fameux réconfort tant utile et demander. Je ne pouvais promettre ou empêcher ces craintes de se réaliser. N’étant qu’un homme, mes actions restaient limitées. Mais je pouvais garantir certaines choses au moins.

"Tu n’es pas seule Claire à te battre. On est la Team Redfield, on se bat toujours ensemble non ?"

Nous nous étions toujours soutenus par le passé, venant à nous battre côte à côte. Et même s’il n’existait plus la moindre trace d’ABO ici, cette mentalité se poursuivait encore. Nos vies avaient quelque peu changé, mais toujours, nous pouvions compter l’un sur l’autre pour affronter les pires dangers qu’ils soient. Après cela, je cherchais à relativiser, dans l’espoir de rassurer Claire, même si, en connaissant bien mes prouesses de psy, il existait la forte chance de mal m’y prendre. Toutefois, malgré ma maladresse légendaire, je fis de mon mieux, même plus, pour apporter ce dont il y avait besoin.

"Oh moins ici, tous ceux qui est Zombie et Cie ne semblent exister. On est déjà à l’abris de ces choses à Game City. En réalité, ils existent plus que dans nos têtes."

Et encore, ne pouvant utiliser un fusil d’assaut, je me bourrais aux médocs pour buter ces dernières dans mon crâne. Un combat étant des plus dure où jamais, je n’avais senti aussi proche le gout de la défaite. Mais ça, Claire n’avait pas besoin de le savoir. Il fallait rester le rocher sur le quel, elle pouvait s’appuyer, toujours compter, je ne devais pas trahir sa confiance.

Claire ne me raconta donc pas ce qui la tracassait, mais mes mots trouvèrent grasse en elle. Et c’était le plus important, la voir le visage brillant de combattivité, l’espoir qui sortaient de ses yeux, la volonté de ne pas lâcher. Que j’aurais aimé en faire autant. Toujours tout cacher sous ma carapace les terreurs qui me fessaient hurler presque chaque nuit, j’étais plus que ronger par ces démons. Eprouver, souvent à bout, j’eus le sentiment de courir un Marathon, alors que je venais de perdre mes jambes. Ma sœur était un pilier, l’optimiste, le symbole de l’espoir et d’un avenir meilleur. Pour elle, je pris toutes les balles, tous les coups de griffes et de morsures, laissant mon corps finir en lambeau de chaire pour que rien ne vienne anéantir l’âme de ma sœur.

N’était-ce pas d’ailleurs le rôle de tout bon grand frère protéger sa sœur ? Déjà, vous deviez savoir comment je pouvais être très protecteur envers mes amis, alors imaginez avec Claire. Quelque soit le problème et le danger, j’accourais pour risquer ma propre vie pour elle. Alors oui, les ABO et les psychopathes n’étaient plus présent ici, mais leur marque demeurait en nous toujours. Pire qu’un virus qui nous mutait, il nous empoisonnait à petit feu, nous laissant dans une fièvre délirante sans température, tourmenter par des visions cauchemardesques. Et nous avions besoin cruellement de l’un et de l’autre pour s’en sortir.

Retrouvant un peu d’énergie, Claire me proposa un café. Sortir serait peut-être bien une bonne idée. Prendre l’air, profiter de la vie, voir autre chose que les mêmes murs… Je n’étais pas contre. Me rendant compte que je m’étais enfermer dans une sorte de cage, je loupais beaucoup de chose de l’existence et saisis donc cette occasion qui s’ouvrait à nous.

"Non rien de prévu, je suis pour. Un peu d’air nous fera du bien."

Oui, il m’arrivait de sortir un peu, m’éloigner de mon bateau. Mais la plupart du temps, ce fut pour accomplir un parcours seul. Malgré le monde qui grouillait autour, je restais à me morfondre, me coupant mentalement de l’humanité, à passer en boucle ce qui me persécutait depuis mon arrivé ici. Pas très sain je sais. Pourtant je n’arrivais pas à agir autrement. Me flagellais-je ainsi ? Etais-je sadomaso ou un truc dans le genre ? Car faisant ainsi, je m’enfermais plus que dans une cage, c’était un cercle vicieux, où j’alimentais ce que je voulais détruire, m’interdisant de profiter de la beauté du monde que je désirais paradoxalement aussi, sauver.

Mais là, c’était différend. Je ne serais pas seul, ce sera en compagnie de la personne que je respectais et aimais le plus au monde. Une femme avec qui nous avions partager une longue expérience depuis notre plus jeune âge, avec qui on pouvait être compris et sortir de nôtre tanière psychique. Depuis quand je n’eus pas respiré pour de vrai l’air de la ville, et regarder ses arbres et le ciel sans penser en même temps, à une horde de monstres sadiques ? Une fois, c’était avec Thara. Mais nous ne nous connaissions pas, et une certaine gêne existait, empêchant donc de se sentir à l’aise et oublier ses tracas. Ce qui ne sera pas le cas avec Claire en qui, nous pouvions voir une bonne confidente.

Hélas, je me sentais toujours interdis de lui avouer mes plus noirs secrets. Pas que j’eus peur qu’elle me rejetât, mais parce que je désirais toujours incarner ce rocher inébranlable sur le quelle elle pouvait s’accrocher. Et si elle voyait que ce même récif pouvait faiblir et lâcher… Allait-elle finir pas sombrer et perdre sa confiance en moi ?

"Ce ne sont pas les cafés qui manque, tu as une préférence ? Sinon j’en connais un près d’un parc, un des rares que je fréquente. Sinon un bar familial pour une ambiance plus décontract. Que préfères-tu ?"