Hawke - "What earth-shattering matter requires my attention this time?"

"BETHANY !"

Je hurlais alors que je voyais l'ogre qui attrapait ma jeune soeur, qui s'amusait avec son corps fragile comme si elle n'était qu'une poupée... Avant de la jeter plus loin, les craquements de ses os retentissant alors que je voyais Bethany glisser le long de ce rocher, finissant au sol. Nous étions en train de fuir Lothering, où le Cinquième Enclin risquait de s'abattre... Enfin, risquait, il s'abattait sur nous... Comme si la perte de notre père n'avait pas été suffisante, il y a trois ans, désormais, je venais d'assister à l'exécution de ma propre soeur.

La rage m'aveugla. La Magie crépita et, aidée de Carver ainsi que d'Aveline - une guerrière rencontrée sur le chemin de notre fuite, elle était accompagnée de son mari, un Templier -, je mettais fin aux jours de ce monstre. Je le brûlais, je le gelais, toute ma Magie, tous les sorts que je connaissais... Tout était utilisé. Rien ne me semblait assez puissant pour faire cette douleur en moi.

"Tout est de ta faute !"

Ma mère me criait dessus, serrant dans ses bras le corps sans vie de ma petite soeur. Je me sentais défaillir. Ma faute ? Pourquoi ? Je ne comprenais... Tout ce que je savais, c'était que ma soeur était morte, sous mes yeux, et que je n'avais rien pu faire pour la sauver... Un instant, on combattait pour nous frayer un chemin, pour rejoindre les bateaux et aller à Kirkwall... Seul endroit sûr, désormais que les Gardes des Ombres étaient morts après avoir trahi notre Roi, Cailan, assurant ainsi notre défaite face aux Engeances.

"Il vous reste nous, mère..."

J'avais du mal à parler alors que Carver fixait sa jumelle, à genoux à côté d'elle. Je déglutissais, cherchais les mots lorsque nous étions interrompus. Rejoint par un dragon. Un dragon qui se transforma en femme. Protectrice, je me mettais en avant, entre elle et ma famille. Bethany était une perte de trop. Personne ne toucherait au reste de ma famille sans que je n'ai mon mot à dire !

Mais elle était "gentille". En échange d'un simple service - celui de déposer un collier dans un clan d'elfes campant pas loin de Kirkwall -, elle nous aidait à rejoindre le port. A nous enfuir. Alors, après avoir choisi pour tous - parce que j'étais la seule à pouvoir prendre une décision sans m'effondrer, entre ma mère qui pleurait encore Bethany, Carver qui devait vouloir me tuer et Aveline qui s'occupait de son mari blessé, même si elle fut obligée de l'achever -, j'avais accepté...

Ereintée. Epuisée. Vidée de toute magie. Je rentrais chez oncle Gamlen. Oh, j'avais eu de l'argent. Malgré la traitrise de ce foutu Bartrand - tiens, je me souvenais de son nom, maintenant qu'il m'avait poignardé dans le dos -. Mais je n'en pouvais plus. Les engeances. Les Démons. Les monstres. Plus d'une fois, j'avais vu ma vie qui défilait devant mes yeux. Varric, Isabela et mon fidèle Mabari  - gros chien Féreldien que j'ai depuis gamine -, portant le nom de Duncan, avaient dû se dire la même chose... Alors, retourner chez moi - même si ce n'était qu'un trou à rats dans les quartiers pauvres de Kirkwall -, c'était la meilleure sensation du monde.

Jusqu'à ce que je les vois. Des templiers. Chez moi. Venaient-ils pour moi ?! Qu'allais-je faire ? Les brûler vifs ? Non, ça ne ferait qu'attiser la rage des anti-mages et je finirai sans magie, après le rite de l'Apaisement... Puis Carver sortit, un sac en toile sur le dos et épée au fourreau. Paré de l'armure des templiers...

"Tu ne vas pas faire ça... Tu ne peux pas me faire ça !"

Le regard plongé dans le mien, il ne défaillit pas. Il resta sûr de sa décision. Il avait toujours dit que je devais m'allier aux Templiers, que je devais être sympathique avec eux... En général, je lui répondais que je n'étais pas du genre à lécher les bottes de mes potentiels tortionnaires.

Après Bethany morte, mon frère me trahissait... Ouvertement, droit dans les yeux. J'avais peut-être regagné la demeure des Hawke, retrouvé un semblant de réputation pour notre famille... Mais je la perdais au fur et à mesure. Il ne me restait plus que ma mère...

"Mère ! MERE !"

Après que cet homme, ce tueur en série, ce cinglé de mage de sang ne soit éliminé, après qu'il ait tué des femmes pour faire revivre une copie conforme de son épouse décédée, je courais vers ce corps recousu dont la tête était celle de ma mère. J'avais honte d'avoir utilisé ma propre magie du sang mais il m'avait mis en rage. Plus encore que cet ogre, à Férelden.

"Mère, je..."

Je rattrapais le corps dont la magie s'essoufflait. Je n'avais pas eu d'autre choix que de le tuer... Mais, en l'assassinant, je tuais sa magie et, ainsi, tout ce qu'il avait pu créer... Je serrais ma mère contre moi, les larmes aux yeux.

"Je savais que tu viendrai...
- Vous me connaissez... Je viens toujours à la rescousse..."

Je souriais, triste, les larmes prêtes à couleur. Un sourire sur les lèvres de ma mère mourante.

"Shh... Ne t'inquiète pas, ma chérie..."

Je serrais son corps contre le mien, bien qu'il ne soit pas sien, que seule sa tête ne soit à ma mère. Ce regard gris, de morte, ne se détournait pas du mien. Elle me parlait qu'elle allait ainsi revoir Bethany, notre père... Mais que je serai seule... Je la rassurais, en lui disant qu'il ne fallait pas s'inquiéter pour moi, que tout irait bien...

"Ma petite fille est devenue si forte... Je t'aime. Tu m'as toujours rendue fière."

Isabela était revenue. Elle avait rapporté le Livre du Koslun. Sauf que le chef des Qunari avait voulu que je lui cède la pirate en échange d'une reddition. Sinon, on devrait se battre en duel...

Autant dire que, le fait que je sois en train de reprendre mon souffle, à genoux, au sol, ça répondait à la question "mais qu'a-t-elle choisi ?" ! Je crachais du sang, ayant fait un vol de quelques mètres et avoir atterri contre le mur. Je me redressais en envoyant une énième boule de feu dans la tête de cet homme bête. Mais ça ne l'empêchait pas de revenir à la charge, que j'évitais de peu grâce à un bond sur le côté.

Je rampais, je glissais sur le sol en essayant de mettre de la distance entre lui et moi, une main posée sur mon flanc gauche, où l'une de ses épées m'avait touchée. Je voyais la mine inquiète d'Isabela, Varric qui tenait mon mabari en essayant de rester un joyeux nain comme toujours et Aveline qui se rongeait les ongles. Dans ma tête, je revoyais ma mère. Ma soeur. Mon frère. Ces pertes, ces éloignements... "ma petite fille est devenue si forte"... Alors, dans un cri de rage, je me retournais en utilisant mon propre sang pour lancer un sort, un puissant. Alors qu'il prenait la vie de mon opposant, je tombais inconsciente sur le sol. Epuisée. Vidée. Mais en vie.

Le bazar. Non, je vous jure. Après que les Qunari aient fait leur petite crise - justifiée, bien entendu - et que j'ai dû tuer un dragon qui squattait les mines, c'était au tour des mages et des templiers à se taper dessus. En plus, en tant que Héraut de Kirkwall je devais aider les deux partis et faire la paix. Difficile quand on est mage et qu'on sait que les templiers abusent du pouvoir... Enfin, les mages sont aussi un peu fêlés. A cause de mon implication, ils allèrent jusqu'à enlever mon frère pour me faire ployer !

Et alors que j'arrivais enfin à apaiser les tensions, Anders fit exploser la Chantrie. Rien que ça ! Meredith - cheffe des templiers - et Orsino - chef des mages - m'obligèrent à prendre parti... Je n'avais rien demandé et pourtant, en si peu d'années, j'étais devenue leur Champion.

Je me tenais face à cette femme qui venait d'utiliser du lyrium rouge, qui la corrompait comme ça avait corrompu Bartrand il y a quelques années. Je l'observais, devenir folle, mourir, rendre son dernier souffle alors que son corps devenait une statue de pierre, de lyrium en fait...

Je reprenais mon souffle, me tenant à mon bâton de mage pour rester debout. Orsino était mort. Meredith aussi. Il ne restait plus rien pour mettre Kirkwall sens dessus-dessous... Les templiers me regardaient, indécis, avant de me faire une allée, me signifiant que je pouvais partir. Qu'ils ne me tueraient pas comme ils devraient le faire.

Alors, je partais, seule, trainant la patte sans me soucier de mes camarades. Je voulais juste... Profiter de la paix. Ne plus être l'objet au milieu d'une bagarre, celle que l'on demande à la rescousse... Je souhaitais juste vivre ma vie.