BIG BOSS ▬ soldiers without borders

La légende se transmet de champs de bataille en champs de bataille ; d’années en années, on raconte les exploits de cet homme qui s’est hissé au panthéon des combattants de ce monde, armé d’une idéologie nouvelle et bienfaitrice. Jack, Naked Snake, Big Boss, les identités ont défilé au fil du temps tout comme le palmarès de ses victoires. De simple soldat à la solde de son pays natal à mercenaire apatride, ses idéaux n’ont jamais failli. Toujours se battre. Vaincre les organisations oppressives. Ouvrir les bras aux victimes et soutenir la chair à canon que les guerres laissent derrière elles. L’homme a indéniablement laissé son empreinte sur le monde et l’a forgé à sa façon, dans un insatiable désir de réaliser un vœu, une idée - celle de The Boss, son mentor, qui mourut en traîtresse pour l’avenir des États-Unis.

Big Boss a combattu en tant que soldat d’élite des forces spéciales de l’armée américaine, agent spécial de la CIA, mercenaire sans frontière et sans leader. Il a défié des nations cupides, des gouvernements avares de pouvoir, des armées ivres de combats. Il a fondé des organisations tentaculaires, des unités secrètes, des nations utopiques. Il a détruit des armes nucléaires pour éviter des guerres, en a détourné pour déjouer des conflits d’influence, en a crée pour sa propre domination politique. Bis Boss s’est donné en combat, a initié le combat, l’a inspiré puis l’a stoppé. Son aura a inspiré des générations de soldats, et ses gênes ont inspiré des projets scientifiques de clonage humain. Il est l’homme de tous les superlatifs ; figure du vingtième siècle, soldat légendaire, mercenaire émérite.

La Légende n’est pas celle que l’on croit. Le Big Boss que les journaux ont tant raconté les exploits n’est pas le héros ni le mercenaire désintéressé que l’on peut s’imaginer. Boss ou Naked Snake est l’histoire d’un rêve qu’il n’a jamais atteint ; celle d’un monde où les soldats ne seraient plus utilisés comme des pions pour des nations égoïstes, dans un monde qui ne serait pas  dicté par une poignée d’hommes dans le plus grand secret. Ce rêve, initialement celui de son mentor, il n’a jamais su l’atteindre. Autrefois bon de cœur, naïf et optimiste, Big Boss s’est peu à peu laissé corrompre par la noirceur du cœur de ses compatriotes et l’horreur latente du monde dans lequel il a évolué. Lui, si bon dans ses objectifs, s’est transformé en menace pour le monde et en terroriste implacable. Lui qui souhaitait combattre les Patriotes, cette organisation mondiale malfaisante qu’il avait pourtant crée en compagnie de personnes de confiance, et qui représentait tout ce que l’on faisait de pire durant ce siècle... Big Boss l’avait égalé en terme de vilainie.

Il le savait, quelque part. Mais il était trop tard pour faire machine arrière. Big Boss était arrivé trop haut sur l’échelle de la puissance pour renoncer à tout cela et perdre la chance de défaire enfin les Patriotes. Et sans le voir venir, il s’est fait prendre par son propre plan. A deux reprises son propre fils cloné David, évoluant sous le nom de code Solid Snake, s’est infiltré dans ses bases et les a détruites. Il a défait la première fois son double et fantôme Venom, et la deuxième fois, il y a survécu de justesse, laissé pour mort dans les ruines flambantes de ce qu’il croyait être le rêve de The Boss. David... son propre fils, travaillait sans le savoir pour l’ennemi. Mais quelque part, il était un bien meilleur soldat que lui... Alors Big Boss a sombré dans le coma, et les Patriotes ont prit son corps pour le garder sous étroite surveillance. Il avait soixante-quatre ans.

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Lorsqu’il a ouvert les yeux à nouveau, le monde était différent. Le même qu’il avait connu, mais subtilement différent. Game City était une ville américaine qui évoluait dans un monde où Philosophes et Patriotes n’existaient pas, où les plus grandes factions ne se battaient pas pour des armes nucléaires appelées Metal Gear. Si de hautes instances se battaient pour le contrôle total de la planète, il n’en savait rien. Ici, il n’était pas recherché... c’était pour lui l’occasion rêvée de faire amende honorable et de refaire sa vie.

Sous le patronyme Jack Fitzgerald, il s’est fondu dans cette nouvelle vie pour que personne ne puisse le retrouver. Son corps avait subi un impression rajeunissement : lorsqu'il se regardait dans le miroir, il revoyait le fringuant mercenaire de Militaires Sans Frontières qui combattait dans les Caraïbes. C'était troublant, déstabilisant, presque écœurant. Mais passés les premiers tourments psychologiques, l'illusion était fantastique pour la réussite de son nouveau plan. Apprenant qu’un centre équestre local était à vendre, il s’est porté volontaire dans la reprise de l’affaire et s’est donné pour but de remettre l’établissement sur de bons rails. Jack s’est entouré des meilleurs éléments, a dirigé le personnel comme il dirigeait autrefois ses soldats dévoués, et peut aujourd’hui se targuer d’avoir une entreprise florissante, aux nombreuses possibilités d’évolutions. Il n’y connaissait pas grand-chose en cheval... mais ses expériences de tacticien et de gestionnaire passées l’avaient convaincu que tout était possible, du moment qu’il y mettait tout son cœur.

Aujourd’hui, Big Boss est un simple citoyen qui se cache de son passé. Il garde un œil avisé sur la politique de son pays et de sa ville, conscient que de mauvaises personnes s’emploient toujours à imposer leur point de vue et leur influence pour leur propre succès. Il veille, dans l’ombre, s’assure que personne ne viendra le déranger dans sa calme retraite. Car soldat il reste, et soldat il restera toujours.

Dans un coin reculé du centre, s’érige une petite pancarte de bois grossièrement fabriquée où est vulgairement gravé :

« Outer Heaven ».