snitches get stitches, bitches! ♛ nathan p.

"Les Prescott ? C’est la famille la plus ancienne et la plus influente d’Arcadia Bay. Et ils n’hésitent pas à le rappeler à quiconque..."

"Si t’en as l’occasion, évite de les fréquenter, c’est de la mauvaise graine. Sinon, crois-moi, avec eux, vaut mieux être ami plutôt qu’ennemi. Ces salauds pourraient très bien faire de ta vie un pur enfer, ils ont une armada d’avocats. Ouais, les contrarie pas."

"Tu as déjà entendu parler de leur nouveau projet ? Pan Estates. Déjà que la majorité des revenus issus de la pêche leur revienne, ils veulent maintenant mettre des gens à la rue pour bâtir un complexe immobilier de luxe. Et, bien sûr, tout l'argent généré arrivera directement dans leurs poches !"

"J’te préviens, s’ils rebaptisent cette ville Prescott Bay, j’me barre. Définitivement."

"Il paraît que leur fils chéri deale de l'herbe à l'académie. Aucune idée de la véracité de cette rumeur -d’un côté, ça ne m’étonnerait pas-, mais si ça avait été quelqu’un d’autre, je suis certaine qu’il aurait déjà été en prison. Comme quoi... L’argent et le pouvoir sont les meilleures des protections !"


Prescott.
Quiconque ayant un minimum vécu à Arcadia Bay connaît ce nom.
Synonyme de richesses pour certains, antonyme de bonté pour d’autres, la réputation d’un de leur membre est faite dès sa naissance.

Mensonges. Trahisons. Corruptions.
Telle est la liste des méfaits qui pèsent sur cette “vénérable” famille.

Mais évidemment, qui dit pouvoir dit toutefois soutien.
Combien d’hommes, combien de femmes, les ont-ils approchés pour capter un peu de leur prestige ?
Combien de lèches-cul ?

Putain de superficialité.
Putain de mondes d’apparences.
Putain de Prescott.

Des fois, il se demande, Nathan, si sa vie aurait différente sans ce nom. Sûrement –non, sans aucun doute. Finis les chantages, finies les engueulades. Finie toute cette pression de merde.

‘T’être-même qu’il serait tombé sur un père soucieux de lui ? Un père ...aimant ?

Sean Prescott. Le responsable de tout ses maux.


Appartenir à une si importante famille apporte son lot de devoirs... Ça, c’est quelque chose que Nathan aura bien retenu ; son père n’a cessé de le lui rappeler, de le lui faire comprendre, par tous les moyens.

Quitte à ce que ça rentre à coup de claques.


Sean n’est pas si méchant, au fond. Il manque simplement de finesse, de sagesse. Mais surtout la seule chose qui l’intéresse est l’argent. Trésor souillé. Cupidité est maître-mot chez les Prescott.

Mais Nate, lui, c’est un dépendant. Dépendant à l’alcool, dépendant à la drogue, dépendant à l’amour. Il a souffert de cette mise à l’écart parentale, de cette non-attention. Et il recherche quelqu’un sur qui compter, qui le soutiendrait... Sauf qu’il ne sait pas vraiment s’y prendre.

Pas étonnant qu’il tombe sur de mauvaises influences.

Comme Mark Jefferson.


Mark avait été son professeur de photographie. Mais pas que. Nathan avait vu en lui un père, un père de substitution. Quelqu’un qui pourrait l’aider dans ses moments difficiles, quelqu’un qui serait fier de lui. Quelqu’un qui l’épaulerait, le comprendrait. Quelqu’un qui l’aimerait comme le ferait un père pour son fils.

Nathan avait trouvé en lui le parfait modèle à suivre.
Tout comme Jefferson avait trouvé en lui le parfait pion à manipuler.

Au début, tout était normal. Une relation professeur-élève des plus simples. Oh, certes, il arrivait au Prescott de rester un peu plus longtemps à la fin du cours discuter arts et techniques, mais rien de bien méchant. Juste la joie de, enfin !, voir quelqu’un qui ne le jugeait pas sur le style – dérangeant pour beaucoup – de ses photos. Qui les appréciait, même, de son regard de pro. Que tu crois, que tu crois...

Au fur et à mesure, Mark lui confia des petites quêtes. Oh, trois fois rien, juste lui fournir de la drogue; ce qu’il fit sans se poser de questions. Après tout, il était plein aux as, et Frank lui fournissait déjà sa came habituelle, alors un peu plus, un peu moins... quelle différence ? Surtout qu’il n’avait aucune raison de s’inquiéter sur son si parfait mentor, hein ? C’est pas comme s’il pouvait faire quelques chose de mal avec, hein ?

Ensuite, ce fut cette fameuse Dark Room.
Il fallait un endroit plutôt sécurisé, ainsi que désaffecté. C’est donc tout naturellement que Nathan proposa le bunker situé sous une de leurs vieilles granges abandonnés, bunker inutilisé – les Mayas s’étaient finalement trompés – et qui ne servirait probablement jamais – c’était pas demain la veille qu’une tornade se précipiterait tout droit sur Arcadia Bay, non ?
Ils y installèrent le matériel nécessaire à la photographie, un fond blanc, des lampes... et évidemment les appareils photos. Une vraie petite fortune, mais cela ne dérangeait pas le Prescott. Quand tu peux te permettre de te lancer à fond dans une passion, t’hésites pas, tu fonces. Ben là, c’est pareil.

Il avait le prof, il avait le matos. Il manquait juste les modèles.

Et c’est là que fût commise sa première d’une longue liste d’erreurs.


Mark voulait certaines jeunes filles de l’académie – et Nate comprit enfin à quoi servait la drogue commandée plus tôt. Il aurait pu refuser, mais... il perdrait ainsi son mentor. Il le savait. Et il se retrouverait tout seul, à nouveau tout seul. Tout seul, putain.

Et puis, il y avait aussi cette étrange lueur dans le regard de Jefferson. Une lueur qui n’admettrait pas un refus. Ou sinon...

Alors, oui, il les drogua. C’était pas bien compliqué, toutes allaient aux fêtes du Vortex Club, il suffisait d’en verser un peu dans leur verre, et direction la chambre noire. S’ensuivait une “session” de photographie, où Jefferson montra à son élève toutes les ficelles du métier. Fais ceci, fais cela. Place-la comme ça. Prend en photo ainsi. Ajuste la lumière, retravaille les ombres. Encore et encore.

Deanna. Lucy. Carol-Ann. Ashley. Megan. Alexis. Britanny. Kayla. Tyra. Jeverly. Lula. Suzie. Lynn. Kelly.

Encore et encore.
Encore et encore.
Encore et encore.

Mais il n’y avait aucun problème. Il suffisait simplement de les ramener à leur chambre, torchées comme elles étaient, elles n’auraient aucun souvenir de leur soirée. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Puis ce fut le tour de Rachel Amber.
Et le début d’une lente descente en enfer.


Elle n’en saurait jamais rien. Personne n’en saurait jamais rien. C’est ce que Jefferson lui dit. Il n’y avait eu aucun souci avec les autres, pourquoi cela serait-il le cas avec elle ? Pourquoi quelque chose irait-il de travers ?

Mais Nathan était fébrile. Pas qu’il ne crut pas son mentor – au contraire, il lui faisait une confiance absolue –, mais Rachel était son amie. Sa confidente. Elle avait su voir au travers du masque du Prescott, elle avait su déceler le véritable Nate dessous. Elle lui avait fait remonter la pente, alors qu’il était au plus profond du trou. Et lui, il lui faisait un tel coup bas ? Et lui, il la trahissait ?!

Hein, Prescott, est-ce que tu te considères toujours comme son ami ?

Mais il était juste ...obligé. Pas le choix. C’était soit ça, soit... Non, il ne voulait même pas y penser.

Sauf que Rachel se réveilla. Elle supportait mieux la drogue, ou il n’en avait pas mis assez, ou il ne sait pas... mais elle se réveilla. Et elle était furieuse, furieuse de s’être fait piéger, furieuse de toute cette hypocrisie.
Furieuse contre Nathan.

Qui commençait à avoir des remords. En aucun cas il n’avait voulu lui faire du mal, la blesser, que ce soit physiquement ou mentalement. Mais il ne pouvait déjà plus différencier ce qu’était le bien, ce qu’était le mal. Il ne pouvait plus différencier le rêve de la réalité.

Alors quand Jefferson lui demanda de rajouter une dose, il le fit. Un apprenti ne devait-il écouter, en toutes circonstances, son cher mentor ?

Même si ledit apprenti n’était pas du tout rassuré. Oh, non, pas le moins du monde.

Allez, Nate, pourquoi tu t’inquiètes ? Une petite dose de plus, et ça roulera comme sur des roulettes. Un petit rien de plus, et plus aucun souvenir de cette dark room. Plus aucun souvenir de toi, plus de rage dans ses yeux quand elle te regardera. Tout sera comme avant, rien ne se sera passé. Toujours amis, toujours confidents, toujours là à pouvoir compter sur l’autre.
Après tout, la drogue, c’est comme l’alcool, ça sert à oublier, tu le sais, ça, hein ?

Tu le sais bien, ça, hein ?


Mais Rachel ne supporta pas cette dose supplémentaire. Son corps se mit à convulser sous les yeux écarquillés – non, horrifiés – de Nathan. C’était pas possible ! Elle ne pouvait pas mourir, pas maintenant, pas comme ça, putain de bordel de merde !


Ça devait juste... ça devait juste être un putain de cauchemar, pas autrement, pas autrement, pas vrai ? PAS VRAI ?!


Il paniqua.


Comme si toi tu t’étais gêné pour le faire...

Il fallait faire quelque chose, l’amener à l’hôpital, la sauver, faire quelque chose, FAIRE QUELQUE CHOSE.

Et Jefferson qui restait là sans rien faire, comme si il n’en avait absolument rien à foutre. Impossible. Impossible, il devait lui-même être en état de choc, ou quelque chose du style, ou il réfléchissait à un moyen d’empêcher l’overdose, ou il...


Fébrilement, Nathan attrapa son téléphone, heurtant du coude, sans même s’en rendre compte, un trépied – dont l’appareil finit sa course dans un affreux son de verre brisé. Le Prescott ne l’entendit pas ; tout était flou autour de lui ; plus rien ne l’important que le numéro qu’il s’empressait de taper. Vite, il avait encore le temps de la sauv...

Et puis l’aiguille transperça sa chair.
Et le monde s’évanouit autour de lui.


Trop tard.

Il n’avait pas été assez rapide.

Elle était partie.
Elle était morte.
MORTE. Il n’arrivait pas se faire à ce mot.

Il ne se souvenait plus exactement de ce qu’il s’était passé. C’était le flou dans son esprit. Mais ne l’était-ce pas déjà tout le temps ?

Alors quand il se réveilla dans le bunker – couvert de terre, allez savoir pourquoi –, il demanda des explications à Jefferson. S’il y eut un soupçon d’hésitation dans la voix de Mark lorsque celui-ci lui annonça la nouvelle, il ne l’entendit pas. Non, les seules choses qu’il percevait étaient des reniflements, des pleurs.

Il ne se rendit compte que plus tard que c’était ses propres sanglots.


Quand t’es bourré, tous tes mauvais torts réapparaissent. C’est quelque chose que Nate a bien expérimenté.

On était en pleine période scolaire, peu après la rentrée. La mort de Rachel était reléguée au fond de sa mémoire, il s’était lui-même convaincu qu’elle était partie, tout simplement, partie à Los Angeles. En fait, Jefferson l’y avait, au final, pas mal aidé : une disparition impliquant témoignages de proches, il lui avait conseillé de quelque peu modifier la réalité, pour éviter toute mauvaise répercussion sur la réputation des Prescott – comme s’il s’en préoccupait... Non, pas mentir, jamais son mentor ne lui conseillerait pareille traîtrise – juste omettre certains détails, voilà tout. Ce n’était pas si grave ?...

Oh, bien sûr, il arrivait à cette scène de revenir le hanter – et plus souvent qu’il ne l’aurait voulu –, par la force de gribouillis étranges ou de rêves s’apparentant plus à d’horribles cauchemars. Ah, et aussi toutes ces affiches placardées un peu partout dans la ville, comme pour rajouter, ironiquement, de la misère dans sa détresse.

Quelle vie de merde, sérieux.

Il se saoulait la gueule quand il la rencontra. Ses cheveux bleus ne lui disaient absolument rien, ni même sa tête, d’ailleurs, mais quand t’es torché, tu sais même plus où t’as garé ta bagnole. Lui, ce qu’il comprit, c’est qu’elle le draguait, l’aguichait même. Mais même bourré, Nathan restait adroit. Elle ne se rendit pas compte du moindre truc quand il en versa un peu dans son verre. De la drogue. Pourquoi ? Lui-même ne le savait pas, peut-être juste par habitude. Quand t’es bourré, tous tes mauvais torts réapparaissent.

Ce fut facile de l’emmener jusqu’à sa voiture, jusqu’à Blackwell, jusqu’à sa chambre. À cette heure, peu de personnes traînaient dans les couloirs. Facile, comme avec toutes les autres. Ou presque. Parce que la punk – Chloe Price, il s’en souvenait, Chloe Price – finit par se réveiller, tandis qu’il prenait ses photos. Oh, elle tenta de se défendre, de lui viser les couilles, mais ce fut une lampe qui prit le coup, se brisant sans le moindre effort. Merde, ça devait pas se passer comme ça !

Pas encore !

Et elle s’enfuit sans demander son reste.

Putain, mais dans quoi était-il en train de se fourrer ?

Il l’apprit courant octobre. Évidemment, ce serait trop simple, elle ne le laisserait pas s’en tirer comme ça, influence ou pas. Elle avait les moyens de le faire chanter. Son mot lui disait de la rejoindre dans les chiottes des filles, il le fit, non sans prendre une arme. Au cas où. On sait jamais. Mais il ne s’attendait pas à ce que ça tourne aussi mal.

Oh, non, pas du tout.


Dire qu’il était nerveux est un euphémisme. Nathan avait peur, oui, peur de ce qui pouvait lui arriver. Qu’est-ce qu’elle allait lui sortir comme merde ? Elle en voudra sûrement pour son argent, comme tout les autres ; c’était pas la première fois que quelqu’un essayait de l’avoir, mais son père résolvait toujours les problèmes. Sauf cette fois. À votre avis, que dirait le cher daddy Prescott en entendant que son fils drogue des jeunes filles pour les prendre en photo ?

Il fallait qu’il se calme. Vraiment.
Il était trop anxieux, trop agité, trop, trop.
C’est qu’il ne remarqua même pas l’autre fille cachée derrière les toilettes.

Allez, Nathan. T’inquiète, tout va bien se passer. Don’t worry. N’aie pas peur. Tu peux faire ce que tu veux, t’es un Prescott, mec.
T’es le boss.

La porte s’ouvrit dans un déclic. La voix de l’autre interrompit le silence pesant de la pièce. Tu sais ce qu’elle veut, hein ? C’est toujours la même, tout le temps. Tous pour le Prescott, personne pour le Nathan.


Mauvaise réponse, apparement. Évidemment, elle laissera pas ber-tom si facilement. Son souffle glacé s’approcha de son oreille, hérissant les poils de sa nuque. Les paroles pleines de menaces. Oh, elle était bien sûre d’elle. Et cela commençait à sérieusement agacer Nathan.


Mais elle redoubla d’ardeur. Le genou de Nate se mit à trembler, preuve de son impatience et de son stress certain. La colère montait en lui, dévastatrice. ÉVIDEMMENT. Évidemment, elle essayait de le manipuler. Comme tous ceux avant elle. Comme son père, qui voulait le modeler à son image. Comme tout le monde.

Saloperie de fric de merde !

Il sentait le doux froid métallique de l’arme contre son torse, comme un appel à l’utilisation. Et il ne résista pas à cette tentation, la rage aux tripes.


La peur se lu tout de suite dans les yeux de l’autre connasse. Dire qu’il était obligé de se servir d’un flingue pour se faire entendre.

Pathétique.


Il ne voulait pas lui faire du mal, simplement un peu flipper. Qu’elle comprenne qu’on s’attaquait pas à un Prescott sans conséquence. Qu’elle comprenne qu’il avait les moyens de se défendre. De riposter.

Mais elle tenta de le repousser. Et, bien malgré lui, son doigt glissa sur la détente.

Détonation.
Sang qui gicle.

Cri d’horreur dans son dos.


Dire qu’il était nerveux est un euphémisme. Il n’avait aucune envie de la rejoindre, cette petite merdeuse qui n’en voulait qu’à son argent. Il aurait voulu en parler à Jefferson, aussi, mais il ne le pouvait pas. Mark serait sûrement beaucoup plus compréhensible que Sean, mais il ne le sentait pas. Et la dernière chose qu’il voulait, c’était perdre le seul qu’il avait réussi à rendre fier.

Allez, Nathan. T’inquiète, tout va bien se passer. Don’t worry. N’aie pas peur. Tu peux faire ce que tu veux, t’es un Prescott, mec.
T’es le boss.

La porte s’ouvrit dans ce déclic si familier pour celle qui s’était cachée en attendant de pouvoir agir.

Les mêmes mots, les mêmes phrases, tout fut pareil. Les mêmes cris de colère, les mêmes gestes désespérés. Exactement comme la première fois.


Et puis, d’un coup, la stridente sonnerie retentit, faisant sursauter le Prescott, qui en lâcha presque son flingue. C’était l’occasion inespérée pour l’autre ; elle le repoussa, et son pied glissa sur un morceau d’il-ne-sait-quoi, s’étalant contre le sol, alors que la punk partit sans demander son reste. PUTAIN.



À peine eut-il rejoint ses amis, l’air de rien – il l’espérait du moins, il n’avait pas fait du théâtre pour rien –, que Wells le convoqua – non, convia, rien de grave, t’as pas à t’en faire, rien peut t’arriver avec ce lèche-bottes – dans son bureau. Vicky lui jeta un regard étonné, auquel il répondit par un haussement d’épaules, avant de se lever pour y aller. Son apparence extérieure n’était qu’une façade. Il avait déjà envie de tapoter du pied, et même, il avait honte de se l’avouer, de se mettre à chialer comme un gosse. Il aurait préféré resté sobre, ne jamais avoir rencontré miss-cheveux-bleus ne jamais avoir eu à la droguer, ni même faire face à un chantage des plus ignobles. Ah, s’il pouvait avoir le pouvoir de remonter le temps...

Sa convocation fut assez brève, juste deux-trois questions vis-à-vis de la possibilité qu’il se balade avec un flingue – évidemment, il nia tout, et au final Wells se confondit même en excuses... – mais il en apprit assez pour savoir qui lui avait fait un telle crasse. Oh, pas Price, comme il l’avait cru au début, mais celle qui deviendrait sa presque bête noire...

Max Caulfield.


Il allait lui faire payer. Alors, quand il sortit du bâtiment central, et qu’il la vit traverser le campus en direction du parking, il la suivit. Pour tout dire, il ne la connaissait pas très bien, il savait juste qu’elle était dans la classe de Victoria – qui, par ailleurs, la détestait –, et qu’elle avait Jefferson en tant que prof de photographie. Ah, et aussi, maintenant, que cette petite pute l’avait dénoncé pour port d’arme. Et qu’il allait lui faire regretter ce geste.

Ses talons claquaient sur le goudron tandis qu’il se dirigeait vers elle et l’autre mec, Gayram, un truc comme ça, pour l’avoir vu taggué dans les vestiaires de la piscine. Le regard noir, il interrompit leur conversation.


Il repoussa l’autre gars. C’était entre lui et elle. Pas autrement.


Il avait besoin de remettre les choses au clair pour préparer sa défense. Ça, c’était quelque chose que son père lui avait toujours dis, faut toujours être au courant de tout pour savoir quoi dire.
Alors, t’as dis quoi exactement, pouffiasse ?

La vérité. Wow, quelle réponse si originale !... C’était pas "un élève" que t’as dénoncé, Max, c’est Nathan Prescott. T’as kiffé le préciser, hein ?

Ça le mettait encore plus hors de ses gonds, ses poings commençaient déjà à le démanger, impulsif qu’il est.

Et le pire, c’est quand elle le conseilla d’aller parler à quelqu’un. Sous-entendu : "va voir un psy, putain de taré !". C’est ainsi qu’il le comprenait. Si elle savait, si elle savait le nombre de personnes à qui avait il "parlé"...


Elle lui ordonna de reculer. Et ça le fit sourire, d’un sourire de colère noire.


Mais l’autre gars, voyant sa petite copine – ça se voyait à dix mille kilomètres qu’il éprouvait plus de l’amitié, ça, Nate en savait quelque chose... t’entends, Rache’? – finit par s’interposer.

Et ce fut le déclic.

Coup de tête.
Cri de peur.

Il ne contrôlait plus ses mouvements et finit par l’attraper à la gorge, sa jugulaire palpitant sous ses phalanges.


Elle le griffa. D’un coup sec, violent, elle planta profondément ses ongles dans sa joue. Il hurla de douleur, la repoussant pour mieux plaquer ses mains sur la plaie.

Elle avait osé... Elle avait OSÉ ?!
FUCK, IL ALLAIT LUI FAIRE SA FÊTE.

Crissement de pneus.
Et v’là l’autre salope qui se ramène, comme si toute chose sur Terre s’était ligué contre lui.

Le karma, mon pote, tu connais ?


Son mec se prit alors pour Superman, le plaquant au sol comme un rugbyman. Ils roulèrent tout les deux sur le sol, et Nathan finit par prendre le dessus, lui faisant amèrement regretter son acte à coup de poings.

Max monta dans la voiture. Non, NON, il n’en avait pas terminé avec elle !

Guidé – contrôlé – par ses émotions, il se releva, essayant de tabasser la voiture et l’obliger à sortir.



Mais la voiture démarra en trombe. Et tandis qu’elles fuyaient comme des putain de lâches, Madsen débarqua comme une fleur, un peu en retard.

Évidemment, Nate s’en tira sans aucun dommage scolaire. Il était un Prescott, et un Prescott n’avait jamais de problème.

Pour ce qui est du physique et du mental par contre...


Il avait préparé sa vengeance. Tout la soirée, toute la nuit, il avait cogité sur comment lui faire comprendre qu’on ne s’attaquait pas à lui, au Prescott.

Et puis, l’idée lumineuse.

Il y avait pris son temps, mais le résultat lui semblait absolument parfait. Il manquait juste le message qui allait avec.

Si avec ça, elle captait pas...


Il entra discrètement dans le dortoir des filles. Techniquement, il ne devrait pas être là, pas à cette heure en tout cas – imaginez un mec dans les douches des filles, ça le fait pas ; tout comme un mec dans les chiottes des filles, ça le fait pas non plus... Mais ça, tu le sais déjà, non ?

La porte de la chambre de Maxine Caulfield, du numéro 219, était déjà ouverte, pour une raison qu’il comprit en entrant dans la pièce. Tiens, Vicky était passée par là. Il eut un vague sourire en lisant la petite marque laissée par cette dernière – toute gentille comparé à ce qu’il s’apprêtait à faire. Nathan s’attela à la tâche ; et une fois terminé, recula observer son œuvre :

"NOBODY MESSES WITH ME, BITCH." scandait le message en grandes lettres écarlates – une peinture de très bonne qualité, elle mettra un temps fou à l’effacer ! Mais lorsqu’il déposa le si joyeux collage sur lit, son regard remonta le long de la colonne de photos accrochées au mur. Elle était plutôt douée, finit par constater le Prescott. Un cliché en particulier, non touché par la peinture, accrocha son œil. Un selfie des plus simples. Et pourtant, allez savoir pourquoi, il eut envie de le prendre, de le garder.

Peut-être pour garder en tête l’image de celle qui lui avait tant fait chier, hier.

Ou peut-être pour garder en tête l’image de la seule qui avait osé lui tenir tête, sans chantage, sans artifice. Devant lui et sa rage.


Le seul élément notable de la journée fut cette étrange et soudaine chute de neige qui arriva d’on-ne-sait-où.

Les scientifiques parlaient de "conséquences du réchauffement climatique", mais Nate n’y croyait qu’à moitié. Quelque chose lui disait que ce signe, et ceux à venir, étaient annonciateur de plus grave encore...

Enfin. Il avait déjà assez de problèmes comme ça, pas la peine de se soucier de Mère Nature qui avait ses règles.

Mais peut-être aurait-il dû ?


Il fut l’un des premiers à l’apercevoir. Vu qu’il n’avait pas cours à ce moment de la journée, il était allé au dortoir récupérer son appareil photo. C’est le cri de stupeur mêlé d’horreur d’une de ses voisines de marche qui le fit lever les yeux.


Kate. Kate Marshfield. Prête à sauter du haut du bâtiment. Il entendit des cris derrière lui, tandis que les élèves affluaient voir ce qu’il se passait, mais ses yeux restèrent fixés sur la jeune femme. Et il sentit comme un regard lourd de reproche en retour. C’est de ta faute si elle est arrivée là, fit une agaçante voix moralisatrice dans sa tête. Mais il n’avait jamais voulu… n’avait jamais pensé qu’elle voudrait se suicider !

Comme avec Rachel, hein ?

Rachel.. ? Non, c’était pas pareil, Rachel était partie à L.A., non ? Attends, attends, partie ou …morte ?
T’as déjà oublié ?
Alors, partie ou décédée ?

Une seconde silhouette apparue dans son champ de vision. Il n’arrivait pas à déterminer qui cela était, mais Nate comprenait que la personne tentait de dissuader Mashfield de sauter. Et il croisa les doigts pour qu’elle réussisse ; disons qu’il n’avait pas vraiment envie d’avoir une autre mort sur la conscience…

Surtout que ça changerait ta vision des choses…

Mais ce ne fut pas le cas.

Le corps de Kate Marshfield s’écrasa contre le sol, devant la masse d’élèves qui s’écarta en hurlant et filmant. Devant un Nathan qui ne comprenait plus ce qu’il se passait. Paumé dans sa tête.

Craquement d’os.

Eclaboussures de sang.

Pantin désarticulé.


Le voilà maintenant assis, en compagnie de Caulfield, dans le bureau de Wells. C’était elle qu’il avait aperçu sur le toit, elle qui avait tenté de sauver la vie de Kate… sans succès.

Est-ce qu’il était surpris ? Même pas ; à vrai dire, et c’était assez étrange, il semblait que, depuis le début de la semaine, Maxine ait pris du poil de la bête. Jusqu’à s’occuper des problèmes de chacun. Et parfois se mêler de ce qui ne la regardait pas…

Il y avait aussi Madsen, le chef de la sécu’, et Jefferson. Ainsi qu’un officier – que Nate connaissait, tous les flics étaient aux pieds de son père –, qui prenait note de toutes les déclarations.

Wells semblait assez préoccupé –enfin, tu me diras, avoir un suicide d’élève dans son établissement, ça fait pas vraiment bonne presse –, et voulait éclaircir toute cette sombre histoire.

Il s’adressa à Max : des questions sur pourquoi elle était sur le toit, et si elle était au courant de quelque chose…

Nathan sentit une perle de sueur couler le long de son cou ; si jamais elle le disait, si jamais elle disait que c’était sa faute à lui, Nathan Prescott, qu’il l’avait drogué, il serait fait comme un rat.

Et son père ne tarderait pas à le lui faire comprendre.


Mais Caulfield décida d’accuser Jefferson à la place. Et la défense de ce dernier était pour le moins …suspecte, aux yeux de Nate. Oui, évidemment, c’était pour le compte du professeur qu’il avait versé la came habituelle dans le verre de Kate – ce qui avait donné ce mode salope-j-embrasse-tout-les-mecs –, mais c’était pas ça. Quelque chose clochait dans ses paroles.

Surtout lorsqu’il disait qu’il avait voulu aider, sauver même, miss Marshfield.

Ça sonnait terriblement faux aux oreilles du Prescott. Tel un honteux mensonge.

Mais… c’était impossible, pas vrai ? Hors de question que son mentor ait tenté de pousser une jeune femme à la mort, il ne voulait pas l’admettre. No way. Inimaginable, même pour préserver leur secret. En plus, Kate n’avait rien remarqué de compromettant, ou… ou il ne sait pas.

Paumé dans sa tête. Ouais, il était plus perdu que jamais.

Hé, Mark, t’as jamais pu faire ça ?
DIS, t’as jamais pu faire ÇA ?


Mais Caulfield décida de l’accuser. Elle dit tout, parla de la drogue, de l’hôpital jamais arrivé, de tout. Ou presque : au moins, la session dans la chambre noire avait été épargnée… Elle ne le savait pas, ça. Elle pouvait pas le savoir.

Nate tenta de se défendre comme il put, mais ce fut inutile. Que pouvaient valoir ses arguments face à ceux, si honnêtes, si criants de vérité, de la feminazi ?

Même celui de l’avocat, son dernier recours quand il était acculé, n’eut aucun effet. Et Wells, décidant de son indépendance aux Prescott au plus mauvais moment, de le suspendre. Pendant une semaine.

Putain, il allait se faire défoncer…


Il avait tout raté sans sa vie. C’est ce qu’il se disait, seul, attablé à sa table favorite du Two Whales. Mais cette fois, pas de réconfortante Vicky a ses côtés. Pas de remarques à la fois assassines et drôles qui le faisaient tant rire. Victoria avait beau être sa meilleure amie, il ne pouvait décemment pas lui expliquer toute cette histoire. Elle avait beau essayé de l’aider, comme Samantha, comme Rachel avant elle, il ne pouvait juste pas. Alors le voilà, seul, juste lui et ses pensées. Il avait besoin de réfléchir, longuement réfléchir.

Tout pris par son esprit, il ne remarqua qu’au dernier moment la fille qui s’avançait vers lui. Il tourna la tête, et pendant un instant, il ne sait pourquoi, cru voir Rachel. Faux espoir, mon coco. T’as déjà oublié ? Rachel est morte et enterrée.


Parce que c’était encore elle qui lui cherchait des noises. Elle voulait quoi, encore ? Lui parler. Lui poser des questions. A propos d’un certain pacte de sang entre Frank et Rach’. Putain, mais comment elle savait ça, elle ? Il était le seul au courant, et il ne l’avait jamais dit à personne ! Comme si Maxine était déjà au courant de tout...

Oui, il avait été jaloux de Frank. Jaloux de sa relation avec la miss. Parce qu’il avait été amoureux d’elle. Même si une partie de lui ne voulait pas l’admettre... Peut-être parce que sa peine serait trop dure à supporter pour son esprit déchiré ?

Elle lui manquait. Beaucoup.

Nathan Prescott regrettait.

Si seulement il pouvait revenir en arrière et tout changer...

Si seulement...


Ça n’avait pas manqué. Son père n'avait pas exactement bien pris son renvoi, même temporaire. Mais pire que tout, ce fut quand Jefferson le prit à part pour le sermonner. L’engueuler. Lui dit qu’il fallait qu’il fasse plus attention, fasse gaffe, sinon il allait les mettre dans la merde. Et aussi qu’il récupère son second téléphone, celui qu’il utilisait pour ses deals et ses convos avec Mark. Une semaine sans que personne n’entre dans ta chambre ? Tu rêves, mon pote.

La bizarre lueur dansait à nouveau dans les yeux de son mentor. Et sans qu’il sache pourquoi, ça foutait les j’tons à Nate.

Fallait qu’il récupère ce portable, ouais. Et vite.


Mais lorsqu’il entra dans le dortoir des mecs, il eut la mauvaise surprise de retrouver ses deux emmerdeuses préférées.

Chloe fuckin’ Price la sans-le-sous et Maxine Crackfield sa fidèle assistante fouille-merde.


Il était déjà passablement déboussolé par sa conversation avec son mentor, elles allaient pas s’y mettre aussi ! Merde à la fin !

Mais alors qu’il s’avançait pour leur mettre leur raclée, super-copain Warren déboula... et se vengea du coup de boule reçu plus tôt. Nate chuta par terre, la douleur lui vrillant le haut du nez.


Il sortit le flingue ; mais à peine dégainé, celui-ci valsa contre le mur à l’aide d’un coup de pied bien placé. Et Warren se précipita sur lui, lui mettant deux ou trois belles droites dans la gueule.

Sans aucune intervention des filles.

Quatre, cinq, huit, dix, quinze… Les coups s’enchaînaient, pleuvaient sur son corps meurtri.

Non, non, il n’avait jamais voulu faire de mal à Kate, ou… ou à qui que ce soit !..
Les choses… Les choses avaient juste mal tournées…

Comme toujours avec lui.


Les larmes creusaient des sillons salés sur ses joues.




A nouveau, Nate sortit son arme, et à nouveau, celle-ci lui échappa des mains. A nouveau, Warren se précipita sur lui, et à nouveau, il se prit quelques droites bien placées.

Sauf que cette fois, Max intervint, empêchant son pote d’aller plus loin.

C’est Péniblement que Nathan se releva. Il avait encaissé un sacré coup dans l’estomac. Il boita un peu, récupéra son flingue et se dirigea vers sa chambre, non sans crier une dernière pique aux connards qui lui avaient fait tant de mal :


Maintenant, le téléphone.


La porte était fermée, donc personne n’était entré. C’est ce qu’il pensa, le Prescott, et à tort. Parce que le portable n’était plus accroché derrière le canapé. Il avait tout bonnement disparu.

Et ça, c’était très problématique.

Il repensa aux deux filles et à leur soudaine venue dans cette partie du dortoir. Et si… Et si ?..

Il attrapa son premier mobile et envoya un message à Jefferson. Pour lui expliquer la situation. Le tel volé. Ses soupçons envers les deux amies. Et si ?..
Il avait eu la formelle interdiction d’utiliser cet appareil-là pour ce genre de contact, mais c’était trop grave, là. Tout partait en couilles.

Message supprimé.

Il resta une petite heure à faire les cent pas dans sa chambre. Il avait beau être renvoyé, ça restait quand même sa pièce, et puis, et puis merde quoi, c’était pas le moment de se préoccuper de ça ! Nathan était perdu, il ne savait plus quoi faire.


Allez, Mark, réponds. Réponds, putain.

Mais il ne répondait pas. Jefferson devait sûrement être en train de choisir le gagnant du concours de photographie. Celui ou celle qui l’accompagnerait à San Francisco.

Nate finit par se lever. Il récupéra sa bagnole, et prit la route.

Tout droit vers la chambre noire.


Le message arriva tout juste quand lui débarqua sur les lieux. Max et Chloe. Jefferson voulait Max et Chloe, maintenant. Fuck. Nathan en avait marre de tout ça. Ca tournait toujours mal, alors, à quoi bon ?

Surtout qu’il commençait à avoir des doutes sur la sincérité de son cher mentor…

Il descendit les escaliers, entra dans le bunker. Et comme toujours, vérifia les caméras dissimulées un peu partout dans la pièce. God. Non. Elles étaient venues. Elles avaient tout vu.
Tout compris.


Rachel Amber. Les photos le mirent mal à l’aise. Il tourna la page. Non, non… NON ! Lui, et elle… dans la terre. Lui, drogué. Elle, morte. Non, non, non, non, non. Impossible. NON.

Ça y est, tu t’en souviens ?

Son regard se décala vers la droite, vers un autre dossier. Victoria Chase. Hé, hé, il était pas là avant, lui, non ? Il ne savait plus. Il ne croyait pas. Pas Vicky… Il ne pourrait juste pas droguer Vicky. Pas après tout ce qui s’est passé. Pas après toutes ces emmerdes.

Non…

Stop.
STOP.

Il ne voulait plus. Ça suffit.

Stop.

Il répondit au SMS. Simplement, un non suffisait. Et quelques secondes à peine après l’envoi, Jefferson lui donna sa réponse, aussi brève : "J’arrive".

Nathan aurait pu se cacher. Il aurait pu se barrer de cet endroit, dénoncer Jefferson, vivre sa vie. Mais à quoi bon ? À quoi bon de vivre si t’as aucune raison de le faire ? Personne ne regretterait sa mort. Personne ne tenait à lui. Il avait péché, il avait tué, alors, à quoi bon ?

À QUOI BON ?!

Putain de superficialité.
Putain de monde d’apparences.
Putain de Nathan Prescott.

Mais avant de sombrer dans un sommeil éternel, il voulait faire une dernière chose. Juste de quoi s’expliquer, même si cela ne servirait probablement à rien. Juste de faire en sorte que, malgré toutes ses conneries passées, sa dernière action n’en soit pas une.
Il appela Max. Et tomba sur la messagerie. Tant mieux, il ne se sentait pas pas discuter. Il n’avait plus qu’une seule envie, se laisser partir...



L’aiguille s’enfonça lentement.

Et tous ses soucis s’envolèrent, tels des papillons traversant la nuit.

Sorry.



La même chose, la même merde. Encore et encore.


Mais elle tenta de le repousser. Et, bien malgré lui, son doigt glissa sur la détente.

Détonation.
Sang qui gicle.

Non...
C'était pas possible...
Non...

Il ne l'avait quand même pas ...tué ?
Non...


Il la secoua, tenta de la faire sortir de sa torpeur. En vain.

Non...
Putain, non...

Mains ensanglantées.


Madsen l'arrêta.
Tout comme il arrêta Jefferson, après avoir découvert le bunker.

Il y eut un procès. On les inculqua pour le meurtre de Rachel Amber, et, pour lui, en plus, de Chloe Price.

Mais le pire ? Le pire ?!
Jefferson rejeta toute la faute sur Nathan. Il dit que c'était son idée, qu'il avait tenté de l'en empêcher, mais qu'il s'était retrouvé embrigadé dans les rouages de cette sombre machination, qu'il n'était qu'une victime, etc, etc. Mon cul, ouais. C'est plutôt l'inverse.

Connard.

Ce jour-là, Nate perdit toute confiance en sa figure paternelle. Et se promit que plus jamais il ne serait crédule ainsi.

Plus jamais.

Qu'il essayerait en tout cas.

En même temps, ça serait assez simple une fois derrière les barreaux...


Mais le matin de sa première nuitée en prison, il ne se trouvait déjà plus dans sa cellule. Il s'était réveillé dans une modeste maison, dans une ville qu'il n'avait jamais vu.

Il sortit du lit, chancela quelques pas, et se rattrapa in-extremis contre un meuble. Sa tête bourdonnait, et il avait des sortes de visions qu'il ne captait pas. Des moments qui s'étaient jamais passés. Il se voyait donner un coup de tête à un mec nommé Warren, s'engueuler avec une fille qu'il ne voyait que très peu, Max, il croît qu'elle s'appelle, et ne comprenait pas pourquoi. Tout comme il ne comprenait pas ce qu'il foutait dans cette ville et plus dans son pénitencier.

Mais il ne cherchait pas non plus à comprendre.

Quand t'as un miracle, tu cherches pas à savoir d'où il vient. Tu l'apprécies, c'est tout.

Il avait l'occasion de recommencer sa vie, sans que personne n'ait de préjugés à cause de son nom. Personne ne connaissait les Prescott, ici. Et Dieu sait que ça l'arrangeait.

Il avait l'occasion de recommencer sa vie.

Et il n'allait pas s'en priver.