+ Like Destiny Island. | Sora. (FIN)

Allongé à l’envers sur le canapé, la tête en bas, les pieds en haut ; Sora surveillait les plus petits que lui à l’orphelinat. Il adorait s’occuper de ceux qu’il considérait maintenant un peu comme ses petits frères et petites sœurs. Parfois même il éprouvait de la tristesse pour eux : leurs sourires la plupart du temps étaient initiés par lui. Il ne comprenait pas comment des parents pouvaient avoir abandonnés des enfants aussi jeunes qu’eux. Et le Brunet s’attelait à leur donner ce qu’ils n’avaient pas pu avoir : un semblant de famille, des sourires et des rires. Certains étaient en train de se courir après faisant un jeu de chat, d’autres jouaient à un jeu de société au niveau de la table et Sora était plongé dans ses souvenirs. Il se revoyait en train de faire la course contre Riku sur l’Île du Destin, en train de chercher des matériaux pour construire leur radeau, désireux d’aller pleins d’autres mondes dont il ne connaissait pas les horizons avec Kairi. Il avait retrouvé un semblant de cette vie ici, et il voulait la même chose pour eux. Qu’ils puissent connaître la même beauté de l’innocence, de découvrir chaque nouvelle chose comme si c’était la plus belle chose qu’ils aient jamais vu. Son portable posé sur la table basse, lorsque ce dernier émit un petit son signant l’arrivé d’un nouveau message, il faillit tomber du canapé. Il y avait certaines choses auxquelles il ne s’habituerait jamais. L’attrapant, un sourire étira ses lèvres rien qu’en apercevant le nom de son expéditrice : Hazel. Son amie, la personne la plus importante à son cœur depuis Kairi. Celle qui partageait la même connexion que cette dernière. « Dis moi que tu es libre. Genre aujourd'hui pour une petite virée à la plage. De toute manière, t'as pas le choix. Je t'attendrais sur le sable à 14:00 pm tapantes. Soit pas en retard. xxx -Hazel- » Ce petit sourire niais ne s’effacerait pas de son visage, du moins pas pour aujourd’hui. Leur sortie à la plage, leur projet depuis le début. Sora l’avait attendu avec tellement d’impatience ce message qu’il ne pouvait retenir une petite danse de l’épaule, couché à l’envers sur le canapé. Dans sa folie et sa précipitation, il ne lui avait même pas répondu : ses mots ne laissant de toute façon pas de place à la moindre hésitation. Le cœur de Sora n’avait eu aucune hésitation à accepter. Il se souvenait encore de leur escapade de la dernière fois, comme si c’était hier. Chacun de ces moments, chacun de ces souvenirs étaient gravés dans sa mémoire et dans son cœur. Jamais il ne pourrait l’oublier. Une des petites, intrigué par le comportement du Brunet s’était arrêté de courir afin de lire par-dessus son épaule, le dit message, curieuse comme elle l’était. « Hé Sora, tu ne peux pas aller à un rendez-vous sur la plage sans ramener à manger ! Je sais faire des cookies si tu veux ! » L’interpellé tourna son regard vers elle, nullement fâché il se leva et annonça joyeusement : « Atelier cuisine pour tout le monde ! » Et un flot de jeunes gens déferla dans la cuisine où d’autres de corvée de cuisine s’afféraient à préparer le déjeuner.

Le Brunet n’avait jamais cuisiné de sa vie, pour le plus grand bonheur de la petite l’accompagnant qui prenait un certain plaisir à commander gentiment pour une fois. Il n’avait pas relevé le mot rendez-vous tout à l’heure : au fond cela devait l’être quand même, un tout petit peu du moins. Depuis son arrivé à Game City, il n’avait pas mis les pieds à la plage : certainement pas peur que cette dernière ramène trop de souvenirs en mémoire. Mais il savait qu’aujourd’hui il serait en très bonne compagnie et secrètement il espérait que cette journée à la plage soit aussi magique que la dernière fois. Voir même encore mieux. Alors qu’il avait laissé sa cadette s’occuper de la cuisson de leur atelier cuisine, il monta les escaliers quatre à quatre afin d’enfiler son short de bain en prévention de leur baignade, son T-shirt blanc, un bermuda rouge retroussé et des chaussures. Son sac déjà lancé son épaule, il attrapa la boîte de cookie qu’elle lui tendait en la remerciant avant de s’éclipser. Il avait déjà été en retard la dernière fois : il espérait au moins arriver à l’heure aujourd’hui. Au pire, il aurait à manger comme la dernière fois pour se faire pardonner. A manger et son sourire inimitable. Le chemin jusqu’à la plage était une nouvelle découverte pour lui, mais de l’odeur de l’eau salée et son nouveau porte-bonheur le guidèrent sans aucun problème. Le pendentif se soulevait à chacun de ses pas accélérés. Presque aussi rapidement que son cœur à chaque fois qu’il repensait au fait qu’il se rapprochait un peu plus d’elle à chaque foulée. La plage : sa réelle unique maison, sentir cet air si spécial venir lui chatouiller les narines lui arracha un souvenir. Elle était belle cette plage. Certes, jamais rien ne replacerait celle de l’Île du Destin, mais pour un substitut, elle n’était pas mal en son genre. Cet air si spécial, ce bruit, ces odeurs et cette chaleur si douce : tout était réunis pour faire remonter ses souvenirs et au loin, il l’aperçut. Sora vérifia hâtivement sa montre. 13:58, il n’était pas encore techniquement en retard. Et rien que pour ça, il aurait presque pu faire la fête.

Il avait déjà fait trois pas dans le sable avant de remarquer qu’il n’avait toujours pas enlevé ses chaussures. Il savait courir dans le sable sans se mettre du sable dans les chaussures : marcher était un jeu d’enfant. Les retirant tout de même pour retrouver ce contact avec le sable qui l’avait tellement manqué et directement rangé dans son sac, il s’approcha discrètement du point où Hazel était assisse. Elle semblait observer l’horizon, quelques mèches de cheveux volants grâce à la douce brise qui venait de passer. Même de dos, elle lui semblait encore plus rayonnante que dans son souvenir. Comme si sa Lumière, son porte-bonheur, ses sourires avaient déjà pu faire quelque chose pour elle. Et rien ne pouvait lui faire plus plaisir : après tout il le lui avait promis de l’aider à vivre ces moments si précieux. Aussi discrètement qu’il le pouvait – et il semblait beaucoup plus maîtriser la discrétion dans le sable que sur le béton – il s’agenouilla derrière elle et plaquant délicatement ses mains sur ses yeux, il lui souffla près de l’oreille : « Devine qui est arrivé à l’heure, Hazel ! » Avec un rire, il retira ses mains pour finalement libérer son champ de vision. Ils étaient proches tous les deux, aussi proches que s’ils se connaissaient depuis toujours. Et Sora en n’était pas peu fier d’avoir réussi à être présent à l’heure. « Tu peux vérifier, il n’est pas encore 14:01. C’est dur à dire, je sais : mais je suis techniquement à l’heure ! » Et j’ai tenu ma promesse aurait-il presque eu envie de rajouter. Il lui avait promis qu’il reviendrait toujours vers elle, aujourd’hui il lui prouvait que tout ce qu’il avait pu lui dire dans leur petit endroit secret la dernière fois, n’étaient pas des paroles en l’air. Jamais.

Il n’en était pas peu fier d’avoir réussi à arriver à l’heure : cela ne lui arrivait tellement pas souvent qu’il avait préféré le lui souligner. Voir même presque le surligner. De toute façon, Hazel en avait déjà eu un aperçu. « Tu t'es fait attendre Sora. » Il n’avait pas saisit l’ironie qui pouvait être cachée dans sa phrase : il avait toujours eu du mal avec les codes, les messages qui peuvent se cacher derrière chaque parole, chaque mot. Lui ne pensait pas autant avant de s’exprimer : tout lui venait de son cœur. « C’est même pas vrai, je suis à l’heure ! »Lui fit-il remarquer une nouvelle fois avec un petit rire. Il y tenait le têtu à son exploit : la dernière fois qu’il avait voulu être aussi à l’heure qu’aujourd’hui, était la fois où ils auraient dû prendre le large à bord de leur radeau. « Enfin tu es la maintenant. C'est le principal. » Lorsqu’elle tourna sa tête enfin vers lui, il comprit alors que ce n’était qu’une manière de le taquiner. Un sourire radieux s’était figé sur les lèvres d’Hazel, exactement ce sourire qu’il voulait voir chez elle. Celui qui ne devait jamais la quitter. Celui qu’il aimait tant. Sora savait que son pressentiment de tout à l’heure avait été le bon, sa Lumière, sa Keyblade lui avait été beaucoup utile à elle. Elle avait compris ce qu’il voulait lui transmettre, son optimiste semblait avoir déteint, il le voyait dans ses yeux. Et son cœur tambourinait contre son torse, lui aussi ravit à cette idée. Lançant son sac atterrissant lourdement dans le sable, Sora prit place à côté de son amie, le regard lui aussi plongé vers l’horizon. Il n’avait pensé que cette plage aurait pu lui rappeler tant de souvenirs. De son enfance. Du jour où il avait accepté cette petite lumière dans son cœur. De la rencontre de Kairi et de Riku. De leurs courses. Du radeau. Et des Ténèbres annonciateurs de leurs nouveaux destins… Tout lui refaisait penser à l’Île du Destin. Île dont son amie à son côté avait un souvenir très distinct également et cela le travaillait toujours autant de ne pas arriver à la replacer dans son univers. Jamais elle ne serait passé inaperçue à ses yeux. Il ne lui avait rien dit de plus à ce propos, malgré le fait qu’il lui ait proposé de répondre à ses questions la dernière fois, mais il savait très bien qu’il ne pourrait plus détourner son histoire si elle le lui demandait. Au fond il avait déjà une longueur d’avance sur Hazel, lui avait déjà visité une infime partie de ces étoiles ; mais il n’avait pas réussi à mettre en forme son histoire. Avait-il peur qu’elle ne le croit ? Mais Hazel le croirait de toute façon, le contraire lui semblait tout à fait improbable…

« Le dernier à l'eau est un vieux paopou moisi. » L’annonce de son défi le ramena immédiatement sur Terre : il eut à peine le temps de voir que son amie avait troqué ses habits pour ceux plus estivaux du maillot de bain, et elle courrait déjà vers l’eau salée. Le cerveau de Sora eut une seconde de réflexion avant de comprendre ce qu’il se passait, et dans un bond il se releva : « Hé c’est pas du jeu ça ! » Avec un rire, il enleva son T-Shirt et son bermuda à son tour afin de se retrouver en short de bain, et entreprit de courir pour rattraper son retard. Cette sensation : cela faisait longtemps qu’il ne l’avait plus ressenti. S’il fermait les yeux, il serait presque capable de revoir son île avec beaucoup d’imagination. Ses autres sens se chargeaient du reste. Le pendentif de son amie battait lui aussi au rythme de sa course folle : comme si lui aussi connaissait cette scène par cœur. Comme s’il savait comment rebondir contre son torse… Son retard diminua petit à petit, il prenait de la vitesse et Hazel semblait ralentir doucement à l’approche de l’eau. Sora lui n’hésita pas. L’eau salée lui avait beaucoup trop manqué. Ses pieds touchèrent le sable mouillé, le remous des vagues venaient déjà à sa rencontre. Après seulement quelques foulées rapides et de l’eau presque jusqu’aux genoux, il plongea la tête la première dans cette eau si fraîche. Il avait bien calculé son plongeon : l’eau n’était pas encore trop profonde par ici, mais assez tout de même pour ne pas terminer la tête dans le sable avec les poissons. La fraîcheur de l’eau en contraste avec la chaleur de l’air ne lui avait fait nullement peur, et avoir cette eau salée en contact avec son visage lui faisait le plus grand bien. Comme une vieille amie qu’il venait de retrouver. Remontant à la surface, l’eau lui arrivait jusqu’aux abdos alors qu’il était debout. Secouant la tête afin d’évacuer le surplus d’eau dégoulinant maintenant dans sa nuque, il chercha du regard son amie.

Hazel se trouvait encore assez près du bord, l’eau à peine jusqu’aux mollets. Elle semblait y aller petit à petit, comme si elle était plus sensible aux changements de température que lui. Comme si elle découvrait cette sensation pour la première fois. « Tu devrais venir l’eau est super bonne ! » Lui lança-t-il. Mais il la voyait beaucoup plus réticente qu’auparavant. Comme si elle venait de réfléchir à tout ce qu’il pouvait se passer. Mais il ne se passerait rien. Il ne lui arriverait rien. Pas tant que Sora sera là pour elle. La plage : c’était une des promesses qu’il lui avait faite, et maintenant il allait honorer cette dernière. Revenant sur ses pas afin de pouvoir revenir à sa hauteur, il s’arrêta à l’endroit où il avait plongé tout à l’heure. Avec de l’eau jusqu’aux genoux, il faisait face à Hazel. Il passa une main dans ses cheveux mouillés afin d’en retirer des gouttelettes d’eau qu’il lança dans la direction de son amie, certaines atteignirent leur but : le visage de la jeune femme afin de la faire réagir. « C’est toujours comme ça au début, c’est le temps de s’habituer à la température. » Son sourire l’invitait à le suivre, mais il n’était pas sûr que cela suffise. Je suis une piètre nageuse : il se souvenait de ses dires l’autre soir. Sora n’avait pas oublié une seule miette de cette soirée, pour rien au monde. Etais-ce vrai ou lui avait-elle dit cela pour cacher sa maladie cardiaque ? Il ne le savait pas trop. Toujours est-il que dans l’un comme dans l’autre, il était là et il avait promis de toujours lui tenir la main. Jusqu’au bout. Tendant la main vers elle où seulement un pas les séparait, il ajouta comme ultime argument. « Tu sais, je me souviens de ce que tu m’as dit l’autre fois ; mais je suis là, ne t’inquiètes pas. » Un ultime sourire vint éclairer le visage du jeune Elu : l’eau était presque son élément. Il y était comme un poisson dans l’eau. Les vagues derrière lui venaient s’échouer contre le creux de ses genoux, inconsciemment cette main tendue était aussi une invitation à se livrer : peut-être en apprendrait-elle un peu plus sur Sora avec cette sortie à la plage…

Elle esquissa un petit mouvement de recul lorsqu’il s’approcha d’elle, l’éclaboussant légèrement au passage. Ce mouvement lui fit lâcher un petit rire. Il était presque impensable pour Sora que quelqu’un ait peut de la mer ou ne l’aime pas tout simplement. Mais il s’était souvenu de ce qu’Hazel lui avait dit. Lui qui d’ordinaire tête en l’air et maladroit aurait pu faire une énième gaffe ici avec une quelconque parole déplacée : mais pas aujourd’hui. Pas avec elle. C’était comme si leur soirée à contempler les étoiles était gravée dans sa mémoire. Chaque parole, chaque mot, chaque seconde : tout dans sa tête était clair comme de l’eau de roche. Alors s’il devait être patient, il le ferait. S’il devait prendre chaque petit pas accompli pour une grande victoire, alors il le ferait. S’il devait la guider jusqu’au bout par la main, il le ferait. Il ferait certainement tout pour Hazel. Et aujourd’hui, aussi têtu qu’il pouvait l’être, il voulait lui faire découvrir cette immense étendue d’eau. Toutes les sensations qu’on pouvait éprouver, tout ce qu’elle avait pu manquer depuis le temps ou tout simplement oublié. Cette sensation lui faisait remonter tellement de souvenirs : et non pas que ceux spécifiques à l’Île du Destin. Ses aventures dans le monde d’Atlantica lui revenaient également en mémoire, ses amis là-bas. Il s’y sentait comme un poisson dans l’eau, sans la queue de poisson cette fois-ci. Sa main tendue et son sourire comme invitation, son amie se laissait finalement tenter et elle attrapa doucement la main du Brunet. Il lui avait promis de lui faire découvrir toutes les choses auxquelles elle n’avait jamais pensé : prendre la tasse en ferait partie. Son premier pas pour le rejoindre semblait hésitant, comme si elle marchait sur des œufs. « Je-j'ai peur.. » Lui avait-elle soufflée une fois qu’elle s’était assez rapproché de lui. La peur de l’inconnu, il ne l’avait ressenti qu’une fois : le jour où son Île avait été plongée dans les Ténèbres. Le jour où sa Keyblade était apparue dans sa main. Le jour où son voyage avait commencé. La panique qu’il avait ressenti ce jour-là était presque toujours aussi palpable, cette idée d’avoir pu perdre ses amis, ceux qui étaient le plus chers à ses yeux ; c’était pire que de devenir un Sans-Cœur. « Ne t’inquiètes pas, ça va aller. » Exactement les mêmes paroles qu’il s’était répété en boucle ce jour-ci. Elles semblaient avoir plus d’impact lorsqu’elles sortaient de la bouche de quelqu’un d’autre : il aurait voulu que quelqu’un lui disent les mêmes choses à l’époque.

Hazel faisait un pas en avant tandis que Sora faisait un pas en arrière, toujours dos aux vagues qui venaient s’écraser contre son dos, comme si elles voulaient jouer. Comme si elles retrouvaient un vieil ami. Voir qu’elle crispait et contractait presque tous ses muscles afin de ne pas être tétanisée par la froideur apparente de l’eau, le fit sourire. Leurs mains semblaient presque scellées comme si rien ni personne n’aurait pu les séparer. Ou encore rompre la magie de ce moment. « Promet moi de venir me chercher si je n'arrive pas à remonter à la surface. » Le niveau de l’eau avait monté arrivait presque jusqu’à leurs abdomens, Sora souriait face à sa future initiative : bien sûr qu’il avait compromis ce qu’elle avait en tête. Avec un hochement, il le lui promit en serrant un petit plus sa main. Son regard ne put s’empêcher de croiser celui de son porte-bonheur, de sa Keyblade qu’Hazel portait maintenant au tour de son cou. C’était bien plus qu’un porte-bonheur pour Sora, c’était de là qu’il tirait son pouvoir, c’était elle qui l’avait choisi. C’était grâce à elle qu’il était devenu le Sora de maintenant, l’élu. Elle était la première à avoir cru en la Lumière de son cœur et maintenant il espérait secrètement qu’elle puisse faire autant de miracle avec Hazel qu’elle ne l’avait fait avec lui. Le pendentif de son amie était lui aussi accroché au cou du jeune Brunet, comme si cet échange était le symbole de toutes les promesses qu’ils s’étaient faits. Comme un rappel que nous ne sommes jamais réellement seul : qu’il y a toujours quelqu’un sur qui compter. Une lumière sur laquelle se reposer. Attrapant une dernière grande inspiration, la Brunette se jeta à l’eau quelques secondes avant d’en ressortir pour se frotter énergiquement les yeux et le visage afin de faire disparaître les gouttelettes qui l’empêchaient de voir. « Brrr. C'est horrible ! Je te maudis ! "Tu devrais venir l'eau est super bonne". » Le tout ponctué d’une petite imitation de sa voix, elle finit par l’éclabousser avec sa main de libre. Instinctivement il tourna la tête sur le côté afin d’éviter le plus gros. « Je maintiens qu’elle est très bonne et que ce n’est pas vraiment une très bonne imitation de moi ! » Il lui tira la langue, avant d’éclater de rire. Encore un vrai enfant, le petit Sora.

L’instant d’après, Hazel passa ses bras autour du cou du jeune homme et vint s’y agripper. Sous la surprise, Sora faillit perdre son équilibre : heureusement une vague vint au même moment s’écraser contre son dos, lui redonnant son maintien. Merci. « Me lâche pas Sora, s'il te plait. Je crois que je suis pas encore prête pour nager dans cette eau profonde. » Avec un léger rire, ce dernier passa ses mains autour de sa taille la serrant un peu plus contre lui. « Moi j’en suis sûr que tu es prête : tu as vu où est-ce qu’on est déjà ? On ne peut plus reculer. » Lui avait-il soufflé à l’oreille avec un sourire. Au moins de l’eau jusqu’aux épaules : histoire qu’elle ait encore pied et qu’elle soit rassurée. Et pendant que Sora les ferait tous les deux doucement reculer, il savait exactement comme occuper l’esprit de son amie. Avec quelque chose qui la faisait rêver : ce dont ils auraient pu parler ensemble durant des heures. Elle qui pensait que les étoiles et les mondes ne se trouvaient que dans le ciel, lui en avait découvert une toute autre. Tout à fait original. Une qui pouvait se trouver sous leurs pieds. Au fin fond de l’océan. En tournant légèrement la tête, il estima rapidement le nombre de pas qu’il avait à faire. Il fit son premier pas à reculons et prit la parole en même temps : « La dernière fois en regardant le ciel on s’est imaginé tous ces mondes qui pourraient être cachés derrière ces étoiles, mais tu sais, je suis sûr qu’il n’y a pas les étoiles qui ont cette faculté. Que dirais-tu d’un autre monde, là sous nos pieds ? » Il lâcha un petit rire à l’idée de sa nouvelle faculté à raconter des histoires. Il avait une longueur d’avance sur Hazel, lui avait déjà visité une partie de ces mondes. Mais sous tous ces airs déguisés, Sora se confiait.Il se confiait à elle et elle seule. Sans qu’elle le sache, elle savait déjà tellement de choses sur le jeune homme. Il reprit, redoublant d’imagination : « Un royaume fait de sirènes tout au fond de l’océan, avec des poissons qui parlent et des crabes qui jouent les baby-sitters et… » Sora s’arrêta de reculer à cet endroit précis : elle avait de l’eau tout juste au milieu des épaules, pour lui qui était un peu plus grand, l’eau se retrouvait un peu plus bas. Et il n’était même pas sûr qu’elle ait réussi à voir son propre exploit. « Et des jeunes filles qui arrivent à avancer jusqu’ici… Tu ne voudrais pas voir ça ? » Un nouveau petit rire lui échappa. Il était presque persuadé qu’elle avait les yeux fermés dans son dos. Elle était beaucoup plus courageuse qu’elle ne le croyait, Sora lui le savait, il en était persuadé.

Sora souriait à son nouveau statut de conteur d’histoire : au fond pour lui il ne faisait pas grand-chose. Toutes ses histoires étaient des aventures qu’il avait déjà vécues. Au fond, c’était l’imagination de son amie qui faisait le reste : lui, il lui donnait juste des idées, des pistes à suivre pour se recréer la même scène que lui au mieux. Elle créait ses mondes pendant qu’il se replongeait dans ses lointains souvenirs. Lui qui avait déjà vécu tellement de choses alors qu’il n’avait à peine que dix-sept ans. Mais ce qu’il préférait dans ce nouveau job : c’était de voir le regard pétillant de son amie. A l’heure actuelle il ne pouvait pas l’apercevoir, mais il se l’imaginait très bien. Ces yeux azurs qui le fixaient, ils pétillaient et brillaient, remplis de toutes les étoiles qu’ils avaient déjà pu explorer au travers de leurs imaginaires. Ils pétillaient depuis qu’ils s’étaient rencontrés, depuis qu’ils avaient partagé cette journée, et parfois il se surprenait même à espérer que cette brillance était due à lui. Grâce à lui. Sora s’arrêta, l’eau leur arrivait jusqu’aux épaules : il voulait qu’elle voie ce dont elle avait été capable. Sa prise sur le cou du jeune homme se resserra un peu plus, ce qui le faisait toujours sourire un peu plus. Il aimait leurs accolades interminables. « So-Sora! Je les aient vues. J'ai vu les sirènes. Comme elles sont belles! Leurs écailles scintillent dans l'eau et leur voix est divine. Comme j'aimerais pouvoir nager comme elles. » Son rire vint se joindre à celui de son amie. Cela lui ramenait tellement de souvenir d’Atlantica. Des nombreuses fois où il était venu en aide à Ariel, avec Donald en pieuvre et Dingo en tortue de mer. D’un côté chanter pour le spectacle de Sébastien, et de l’autre les aider à se débarrasser d’Ursula qui avait voulu s’emparer du pouvoir du roi d’Atlantica, le père de son amie la Sirène. Les deux jeunes gens étaient toujours dans les bras l’un de l’autre, ne voulant pas se lâcher. Qu’importent les regards des autres, qu’importe ce qu’ils auraient pu penser. Tant qu’Hazel était heureuse, c’est tout ce qui pouvait l’importer. « Dis Sora.. Tu crois que je serais capable de te lâcher, la maintenant? Tu crois que je serais capable de nager comme les sirènes moi aussi? » « J’en suis sûr que tu en ais capable ! C’est génial de nager avec elles. » Avait-il soufflé tout doucement, sans réfléchir le moins du monde à la façon dont Hazel comprendrait sa phrase. De toute façon, il savait qu’elle était perspicace : elle le comprendrait un jour ou l’autre. Elle se souviendrait de qui était Sora. S’il avait pu, s’il avait encore sa Keyblade, il n’aurait jamais hésité à l’emmener voir l’un de ces mondes dont il lui avait parlé le soir même. Parcourir ces mondes, ces paysages qu’il connaissait par cœur en la guidant par la main. En jouant les guides pour elle, rien que pour elle. Afin de voir encore plus d’étoiles pétiller dans ses yeux.

Mais pourtant elle ne le lâcha pas, elle n’allait pas à la rencontre de ces fameuses sirènes dont ils venaient de parler. « La vérité c'est que, je veux rester dans tes bras, je ne veux pas te quitter parce qu'au fond, j'ai peur. Peur que tu t'en ailles. » Sora eut un petit pincement au cœur à l’idée de de ne plus la revoir. De retrouver la vie qu’il avait avant l’arrivé d’Hazel. Elle l’ignorait certainement mais depuis qu’elle était là, elle avait réussi à ramener le vrai Sora. Celui qui avait toujours été là en lui, celui de l’Île du Destin, l’élu qui parcourait les mondes à la recherche de ses amis. Son optimisme avait été mis à mal, maltraité devant le fait qu’il ne retrouvait toujours pas ni Riku, ni Kairi. Mais depuis qu’il avait croisé son regard, elle s’était greffée à son cœur. Sora avait déjà touché le cœur de tellement de gens, mais Hazel avait fait l’inverse. Elle avait touché son cœur, elle était devenue une personne très chère à ses yeux. Il le lui avait promis, et il tiendrait ces promesses. De ne jamais l’abandonner. De toujours être là pour elle. De lui faire découvrir toutes les choses qu’elle avait manquées. De lui tenir la main jusqu’au bout. Toutes ces belles promesses qu’il tiendrait. Et il le lui redirait autant de fois qu’il le faudra. Il irait le crier sur les toits s’il le fallait, afin qu’elle l’entende. Afin qu’elle le croit. Cela devait être la partie la plus difficile, mais sa sincérité l’emporterait au fil du temps. Il le savait. Un léger rire s’échappa de ses lèvres : parce qu’il trouvait cela gentil. Voir même mignon aurait pu rajouter son cœur. Ce dernier s’emballa quelque peu face à son explication, face à cette déclaration. « Très bien, alors je te le dirais autant de fois qu’il le faudra. » Ils avaient déjà eu cette conversation la dernière fois aussi, mais cette fois-ci Sora n’avait pas eu besoin de le crier avec tellement de désespoir. Aujourd’hui il voulait qu’elle revoie cette sincérité si profonde dans ses yeux. Le Brunet se détacha très légèrement d’elle, gardant cette proximité dont il avait le secret, il voulait la voir. Elle et son regard. Ses yeux azurs dans lesquels il aurait pu se perdre des heures. Son regard, son sourire et ses paroles : avec les trois combinés Sora débordait de sincérité.

« Tu n’as pas à avoir peur. Je te l’ai promis : je ne m’en irais pas. Je ne t’abandonnerai pas. Je serais toujours avec toi, qu’importe où tu sois. Nos cœurs sont connectés, je te retrouverai toujours. Après tout je t’ai donné mon porte-bonheur, non ? » Les mains sur ses épaules, d’un petit mouvement de tête, il désigna le pendentif qu’elle portait au cou. Celui qu’il lui avait donné. Il avait pensé ne jamais s’en séparer : après tout il représentait ce qu’il était devenu maintenant, mais le lui donner, cela s’était imposé comme une évidence. « C’était mon porte-bonheur caché, quelque chose de cher à mon cœur, et tu es l’une des seules à l’avoir vu, tu sais. Il m’a beaucoup aidé, il a fait de moi ce que je suis actuellement et j’espère que sa Lumière pourra t’aider à ton tour. » Certes, son porte-bonheur n’avait plus aucun pouvoir : plus aucun pouvoir qu’il possédait auparavant. Mais Sora voulait y croire : que toute cette Lumière ne s’était pas évaporée en un claquement de doigts. Il y croyait dur comme fer qu’il lui restait encore un peu quelque chose. Portant une de ses mains à sa poche, il en retira un petit coquillage qu’il vint placer au milieu de ses deux paumes de mains en panier, comme la dernière fois. Il l’avait attrapé juste avant, lorsqu’il avait plongé dans l’eau. Une partie au fond de lui adorait ramasser des coquillages : Roxas. Avec ce présent qu’il tendait vers Hazel, il termina avec un sourire : « Ce que je veux dire, c’est que je reviendrai toujours vers toi : tu dois juste me faire confiance... Et j’essayerai de ne pas être en retard, c’est promis ! » Le Brunet n’avait pas pu s’empêcher cette dernière petite plaisanterie : même si elle était déguisée, il restait sérieux. Son amie méritait toute sa ponctualité, quitte à devoir courir un vrai marathon pour pouvoir arriver à l’heure. Quitte à devoir traverser tous les mondes pour la retrouver et lui tenir la main.

La confiance un concept qui paraissait tellement simple aux yeux du jeune Brunet : simple comme bonjour, aussi simple qu’une amitié. Quiconque devenait son ami recevait quasiment en même temps sa confiance. Et malgré tous les tours que cela avaient déjà pu lui jouer, cela ne l’avait pas changé. Malgré toutes les manigances de Maître Xehanort et de l’Organisation XIII, il n’avait pas perdu cette confiance en les autres et en ses amis. Même si la confiance qu’il avait en la jeune femme dépassait largement toutes les autres qu’il avait pu confier en ses nouveaux amis à Game City. Elle était l’exception, celle qui n’était pas comme les autres. Celle qui le rendait à nouveau entier : comme s’il avait retrouvé sa vie d’avant. Comme s’il était quelque part, un peu redevenu l’Elu avec une Keyblade en main. La Clé avait fait de lui ce qu’il était devenu maintenant et même sans son pouvoir : il arrivait encore à toucher le cœur des gens. Il aurait voulu transmettre sa vision du monde au monde entier. Il avait au moins le mérite d’avoir un public : Hazel. « Je te fais confiance Sora. Je t'ais toujours fais confiance, dès l'instant même ou je t'ais vu. Tu es parvenu à accomplir de vrais miracles. Regarde moi, je suis dans l'eau et si je m'éloigne, je peux nager. » Pendant qu’un rire s’échappait des lèvres de son amie, un large sourire s’étira sur le visage de Sora. Elle lui faisait confiance. Dès la première seconde. Voir que tout ce qu’il avait pu lui dire la dernière fois, était resté gravé dans sa mémoire : que de ses paroles, il avait réussi à lui insuffler une certaine confiance ; il en était plus que ravi. Il était plus que ravi qu’Hazel lui fasse confiance. Qu’elle sache qu’il ne l’abandonnerait pas. Jamais. Tous ces sentiments que son cœur aurait voulu lui faire, mais qui restaient coincés à l’intérieur de lui. Lui qui ne comprenait pas ce que son cœur lui criait, il savait au moins qu’il ne s’était pas trompé. Dès l’instant où il l’avait vu dans les couloirs, dès l’instant où il l’avait abordé dans les couloirs ; il avait su. Su que leurs cœurs étaient connectés quelque part, d’une certaine manière. Et d’un côté, Sora était heureux de voir qu’il ne s’était pas trompé. Que quelque part, il lui restait le pouvoir de son cœur. Reculant d’un pas, Hazel sembla se retrouver en eau plus profonde, peut-être plus par surprise de la soudaine profondeur, il la voyait s’agiter pour rester à la surface, pour garder la tête hors de l’eau. Il voulait lui tendre la main pour l’aider, elle était à portée de bras, mais il s’arrêta au dernier moment. Je peux nager. Elle voulait le faire toute seule, elle l’avait lâché pour le faire. Alors il la laisserait faire, il la laisserait voguer avec une certaine appréhension certes. Celle de la voir partir au large.

« Regarde. Je nage. » Sora ne put s’empêcher de lâcher un petit rire. Il était là comme s’il était un maître-nageur surveillant une plage entière, comme un parent surveillant ses enfants, mais lui n’avait d’yeux que pour une seule personne. Elle reculait encore un peu, comme désireuse de tester ses limites, de découvrir cette étendue d’eau salée à son tour. Mais la combinaison semblait mauvaise : même s’il ne le montrait que très peu, un petit coin dans la tête de Sora savait que son amie était malade et que certaines choses pouvaient s’avérer plus dures pour elle que pour n’importe qui d’autres. Il ne lui montrait pas qu’il pouvait s’inquiéter pour elle, car elle ne le voulait pas. Cela combiné aux vagues qui étaient devenues plus fortes, il n’en fallut pas plus à Sora. Son cœur fit un bond et paniqua. La boule d’anxiété dans son ventre remonta jusqu’à sa gorge. Non il ne pouvait pas briser sa promesse. Pas maintenant. Il lui avait promis qu’il ne lui arriverait rien avec lui. Alors qu’il l’entendait au loin : « Sora! » il n’avait pas eu besoin de l’entendre l’appeler pour plonger. Plonger pour aller la chercher. Plonger pour aller la sauver. Etait-ce un réflexe de l’Île du Destin ? Ou bien était-ce un réflexe de ses aventures ? Celui qu’il avait mis en marche tant de fois. Celui où il fonçait dans le tas, qu’importe ce qui se tenait devant lui. Celui où il aurait pu foncer tête baissée dans le mur pour aller protéger ses amis. Donald, Dingo, Mickey ou encore Riku et Kairi. Il n’en savait trop rien et préférait imaginer que c’était une combinaison des deux, qui lui avait fait gagner deux dixièmes de secondes. Son cœur tambourinait malgré l’apnée sous-marine qu’il avait entreprit. Son adrénaline était montée en flèche, ses mouvements étaient rapides et il ne lui avait fallu pas beaucoup de temps pour arriver jusqu’à elle.

Arrivant jusqu’à elle, il l’attrapa doucement par la taille pour ne pas qu’elle manque d’air, et remonta jusqu’à la surface. Sora inspira une goulée d’air frais lorsque sa tête sortit de l’eau. Il sentait qu’il n’avait plus pied mais ses jambes dans un effort coordonné, faisaient l’effort pour les maintenir tous les deux hors de l’eau. La tête hors de l’eau. « Il va falloir encore un peu travailler avant de rejoindre les sirènes, hein ? » Sa plaisanterie était due à l’adrénaline qui courrait encore dans ses veines. Elle était encore à son maximum. Une fois qu’elle serait retombée, une fois qu’ils seraient revenus à un endroit où ils avaient pieds, un tout autre sentiment prendrait le dessus. Tel un vrai maître-nageur, il entreprit de l’emmener plus près du bord, de lui faire retrouver le sable du bout des pieds, de la rassurer. Son  objectif enfin accomplit, il la lâcha afin de se remettre debout à son tour, l’eau lui arrivait à peine au niveau des cuisses, Hazel devait avoir de l’eau jusqu’à la taille à peu près. Il était un petit peu plus grand qu’elle. L’adrénaline retomba. C’était presque comme s’il n’avait plus l’habitude. Les mains sur les genoux, il reprenait son souffle : il avait dû boire la tasse une ou deux fois à cause des vagues pour la maintenir hors de l’eau. Il pouvait bien supporter cela. « Est-ce que ça va ? Rien de cassé ? Non. Tu n’as rien ? Dis-moi que tu n’as rien. » Son flot de paroles se déversait aussi rapidement qu’une vague. Il releva la tête lentement vers Hazel, ses cheveux retombaient sur son front dans un désordre tout à fait incroyable, mais c’était son inquiétude qui avait refait surface en première. Ayant pris la place de son amie l’adrénaline. Une adrénaline qu’il n’avait pas ressentie depuis très longtemps. Aucunement comparable avec celle qu’il ressentait au club d’escrime. Celle qu’il venait de ressentir était celle qu’il avait toujours ressentie auparavant, et un petit coin de sa tête était heureuse de l’avoir ressentie à nouveau. De savoir qu’elle existait toujours. Son souffle récupéré, Sora se redressa. « Je suis désolé… Pour me faire pardonner, j’ai des cookies dans mon sac, ou bien je pourrais t’apprendre à nager sans effort. »

Ce n’était pas de sa faute, Sora ne pouvait pas contrôler l’océan, mais il se sentait parfois responsable des choses qu’il ne pouvait pas maîtriser. Comme cet incident, comme son retard de la dernière fois. Mais il s’en serait voulu si quelque chose lui était arrivé, c’était sûr. Et c’était de sa dont il s’excusait. Mais un léger sourire avait déjà naquit sur ses lèvres, comme pour faire disparaître l’anxiété qui l’avait rongé. Au fond, Sora avait presque toujours un plan pour se rattraper. Et il n’oublierait pas d’aller remercier, la petite jeune de l’orphelinat qui lui avait soufflé cette idée…

Avec un élan dont elle venait d’être prise, elle sortit au maximum de l’eau lorsque Sora l’avait ramené à un endroit où son amie avait pied. Elle semblait recracher avidement toute l’eau qu’elle avait pu ingurgiter pendant qu’il s’excusait. Toujours. Encore. A nouveau. Il avait détesté cette sensation. Ce sentiment d’impuissance face à tout cela. Il s’était presque senti responsable, car c’était lui qui l’avait emmené aussi loin et dans ces moments-là, il pourrait presque comprendre la haine de Riku, dont Ansem s’était servi contre lui au tout début de leurs aventures. Il pourrait presque comprendre qu’il était la plus part du temps irresponsable ou téméraire, voire même les deux combinés. Mais au fond cette facette n’était pas pour lui-même, il était irresponsable ou téméraire pour les autres. Pour les aider. Du mieux qu’il le pouvait. Hazel sembla partir dans un fou rire incontrôlable qu’il ne comprenait pas. Avait-il encore dit quelque chose de travers ? Avec Sora rien n’était impossible. Après s’être tut, la jeune femme se retourna enfin vers lui, et finit par lui adresser la parole : « Ne t'excuse plus par pitié Sora. Tu viens de me sauver la vie, sans toi, je serais certainement sous l'eau à rendre visite à Poséidon. » Ce dernier pencha légèrement la tête sur le côté, se demandant intérieurement qui pouvait bien être Poséidon. Il était persuadé d’avoir déjà entendu ce nom, certainement dans un de ses cours d’Histoire. Un nom qu’il avait entendu en même temps que celui d’Hadès : de celui-ci il s’en souvenait, il avait lâché une petite grimace au dernier rang de la classe se souvenant des ennuis qu’il leur avait causé à Hercule et lui. Certaines personnes comme lui ou Maître Xehanort avait l’exclusivité de voir ce côté sombre du jeune homme. De voir sa colère, sa rancune et sa haine. Aussi bien qu’elle pouvait être cachée, elle existait dans une toute petite partie de lui. Il ne supportait pas qu’on puisse leur faire du mal : à ses amis. Sa loyauté : son défaut mortel, la seule capable de déclencher une telle émotion. Et malgré toute la force qu’il pouvait en tirer, certaines savaient très bien l’utiliser... Mais lorsque son cerveau s’arrêta enfin sur la partie la plus importante, il ne put s’empêcher de réprimer un léger sourire. La protéger, la sauver, quelque part au fond de son cœur, cela semblait être comme une seconde nature. Comme s’il avait toujours fait cela pour Hazel. Comme s’il avait déjà parcouru tous ces mondes pour venir la chercher…

« Je préfère m'asseoir, j'ai besoin de me reposer si ça ne te déranges pas. » Légèrement tremblotante, elle avait déjà pris la direction de leur petit campement. Sora comprit les paroles cachées de la jeune femme, certainement pour la première fois de sa vie, et s’élança à sa poursuite. Elle était malade, il le savait : il ne l’avait pas oublié mais il avait promis. Le temps si précieux cela et rien d’autre. Il la vit déballer ses affaires, son drap de bain afin de se sécher et de s’enrouler dedans assis face à l’horizon. Avec un petit décalage par rapport à son amie, il sortit à son tour une serviette de plage de son sac : une rayée, blanche et orange. La première qu’il avait réussi à piquer à la laverie : il n’avait même pas fait attention à son motif. S’essuyant rapidement le corps et les cheveux, il entreprit de la poser à plat par terre avant de se laisser tomber à son tour, sur sa serviette à côté d’Hazel. Se retrouvant telle une étoile de mer sur le dos : les bras et les jambes écartées. Il se sentait quelque peu vidé et ce n’était pas dû à son sauvetage de dernière minute. La mer avait toujours eu cet effet-là sur lui : à peine en sortait-il qu’il aurait pu faire une sieste ou bien manger un goûter avant l’heure. Après son cœur et ses amis, cela devait être son estomac la troisième chose la plus importante pour lui. Il était un dormeur professionnel pendant que Riku construisaient ce fameux radeau sur la plage… Combien de fois l’avait-il appelé pour l’aider ? Ses souvenirs semblaient se matérialiser sous ses paupières. Les yeux clos, le soleil sur sa peau, il aurait presque pu croire qu’il y était retourné. Qu’il avait trois ans de moins qu’à l’heure actuelle et qu’il ne savait encore rien de toutes les aventures qui l’attendait. « J'ai froid. » Sora n’avait pas besoin de plus que de ce son à peine audible pour se réveiller de ce rêve éveillé. Se relevant, il s’assit à son tour plus proche d’elle, comblant le léger vide entre eux. Il passa son bras autour de ses épaules, afin de la serrer légèrement contre lui et il frotta doucement son bras pour la réchauffer. Le choc thermique faisait partie de la découverte de cette sortie : se réchauffer doucement au soleil aussi.

Sora observait lui aussi ce même horizon à son tour : le coucher de soleil n’était pas encore prêt à arriver. Peut-être qu’il en observerait un de nouveau. « Moi aussi j’étais déjà une fois fâché contre l’océan, lorsqu’il a engloutit notre radeau, mais depuis je lui ai pardonné… » Avec un sourire, Sora venait de divaguer : elle ne pouvait pas comprendre toutes ces phrases détachées qui sortait de son esprit. Et pourtant il aurait tellement voulu. Une partie de lui espérait qu’un jour elle le lui dirait. Qu’un jour elle lui dirait qu’elle comprenait tout ce qu’il racontait. « Enfin ce que je veux dire, c’est que j’espère que ça n’a pas entaché notre sortie à la plage et que ça ne t’en as pas donné une mauvaise image… » Avait-il essayé de se rattraper comme il le pouvait. Être fâché avec l’océan. Sora en parlerait presque comme si c’était une véritable personne. Comme s’il pouvait s’exprimer et ressentir des émotions… Mais il en avait vu une tellement belle image : dans ces profondeurs avec son amie la rousse Ariel,  qu’il ne voulait jamais l’entacher. Il voulait la garder intacte. Telle quelle. Sa façon de réfléchir, de traiter les choses n’était pas du tout habituelle : voire même bizarre, étrange et impensable pour beaucoup de gens. Mais Sora n’était pas comme tout le monde. Les gargouillements de son ventre se firent d’un seul coup plus bruyant qu’il en lâcha même un petit rire. L’odeur des cookies dans les cuisines ce matin semblait lui remonter au nez et en se penchant légèrement il attrapa la boîte qui dépassait de son sac à une main. Il déposa la boîte sur un petit bout de serviette qu’il lui restait et l’ouvrir, révélant le trésor de la matinée. « Tu en veux ? Je les ai faits ce matin avec l’aide d’une petite de l’orphelinat ! Enfin j’ai aidé comme j’ai pu et elle a fait le reste. » Un petit sourire et une mine quelque peu gênée plus tard, il en attrapa un. Il avait dû l’intriguer avec ses paroles. Il savait que ses paroles intriguaient Hazel, toujours. Elle avait toujours la tête qui fourmillait de questions. Pleines de questions pour Sora. Sora et ses mondes. Sora et sa Lumière. Sora et l’Île du Destin. Sora et sa vie mystérieuse d’avant Game City...

Il sentit sa tête se poser contre son bras : la fraîcheur d’après baignade faisait partie du packaging. Elle faisait partie de la découverte pour elle. Les yeux rivés sur l’horizon, il se souvenait du dernier couché de soleil qu’il avait pu admirer avec Kairi. Lors d’une journée aussi claire que celle-ci. La suivante aurait dû l’être aussi. Après tout, c’était le jour qu’ils avaient choisi pour s’en aller. Pour aller visiter ces fameux mondes. Ils auraient dû voguer des jours et des jours entiers sans rien trouver. Des jours entiers avant de se rendre compte qu’ils étaient revenus au point de départ. Mais ils auraient fait ça ensemble, tous les trois. Un vrai trio d’inséparable. Seulement cela n’était jamais arrivé. Au contraire, la folle aventure avait commencé pour eux à ce moment précis. Le radeau n’était rien comparé au vaisseau Gummi que Sora avait utilisé par la suite et pourtant parfois il aurait bien aimé savoir ce qui leur serait arrivé. Si les Ténèbres n’avaient pas envahis leur Île ce soir-là, serait-il devenu la même personne qu’aujourd’hui ? Perdu dans ses souvenirs, il lui semble entendre au loin la voix d’Hazel : « Tu n'aurais pas pus l'en empêcher de toute manière.Ce soir la, le radeau était destiné à disparaître, tout comme l'île. » Son cerveau capta vaguement l’information mais il ne réagit pas pour autant. Ce dernier était occupé à autre chose : son estomac, l’une des autres choses qui comptait pour le petit Brunet. Après tout, il n’était pas le goûteur de Lara pour rien ! Rien que de penser à la montagne de dégustation qui pouvait l’attendre chez elle, avec des mariages de parfums aussi différents les uns que les autres, son estomac laissait échapper un nouveau gargouillement. Un vrai estomac sur pattes : il avait l’habitude de ce surnom. Sortant ainsi la boîte de cookie fraîchement préparée, il en proposa à Hazel avant d’en attraper un pour lui et de croquer dedans avec un large sourire sur le visage. Il en était presque fier Sora, d’y avoir passé une grande partie de la matinée dessus. Certes, seulement une petite partie du mérite lui revenait. Il n’avait fait que suivre la recette et les conseils de la petite de l’orphelinat : tel un commis de cuisine, mais c’était presque déjà une victoire pour lui. Il n’oublierait pas de la remercier : sans elle, il n’aurait jamais réalisé ce petit goûter et il n’y aurait jamais pensé. Il serait venu les mains vides. Et une petite voix dans sa tête lui disait que cela n’aurait pas fait bonne figure. La Brunette accepta son invitation et saisit à son tour un de ces petits gâteaux : « M'aurais-tu cacher des talents de cuisinier Sora? Ils sont divinement bons. Enfin si c'est réellement toi qui les aient fait. » Elle roulait des yeux comme pour le taquiner, le chercher sur ce point. L’instant d’après, elle en riait. Elle ne connaissait que trop bien le jeune Elu. Sa réaction ne se fit pas attendre. « Hé ! Bien sûr que je les ai faits ! J’ai aidé à les faire : la petite a voulu me donner mon premier cours de cuisine ! Je suis pas mauvais pour un commis de cuisine, hein ? » Avec un léger petit rire, il vint se gratter l’arrière de la tête quelque peu gêné. Non, Sora n’avait jamais mis les pieds dans une cuisine, pour cuisiner.

« Ok Sora. La prochaine fois c'est moi qui cuisine, et tu as intérêt à dire que c'est bon. » Sa tête s’approchait de la sienne, ses sourcils froncés, son index pointé sur lui : face à cette expression exagérée, Sora ne put s’empêcher de rire. Peut-être parce qu’à ses yeux, cela ne lui ressemblait pas. Il ne voyait pas son amie en colère, il ne l’imaginait même pas. Son rire vint très vite rejoindre le sien et il hocha vivement la tête, acceptant sa requête. Bien sûr qu’il avait hâte d’essayer une des pâtisseries d’Hazel : il les aimait déjà. Avant même d’y avoir goûté et pour un petit peu, son estomac pourrait presque lâcher un énième gargouillement. Elles seraient encore meilleures que celles de Lara. Pas à cause d’un quelconque talent venu se rajouter à l’équation, mais à cause du sentiment qu’elle mettrait dans sa préparation. Un petit peu le même que dégager cette boîte de cookie finalement. Cette envie de bien faire, juste pour elle. Seul son cœur comprit la phrase subliminale qui se cachait derrière ses paroles : l’espoir de la revoir à nouveau. Et égoïstement il le gardait pour lui. Pour égoïstement laisser l’esprit de Sora dans la confusion… Le visage de son amie s’était éloigné du sien, elle reprit sa place initiale. Le jeune Elu attrapa un deuxième cookie lorsque sa question tomba : « Dis Sora. Qu'est-ce qui est arrivé ce so-jour la? Je veux dire, quand la mer à emporté ton radeau? » L’Île du Destin, sa vie d’avant Game City. Il savait qu’il ne l’évoquait que très peu. Il savait qu’elle pouvait sembler mystérieuse aux yeux des autres et surtout aux yeux d’Hazel. Elle qui semblait avoir des souvenirs de cette Île. Elle qui était totalement perdue, Kairi. Il jouait avec le petit gâteau qui se trouvait entre ses doigts. Son esprit, son cœur : tout son être lui disait qu’il pouvait lui faire confiance. Qu’il pouvait faire confiance à Hazel. Mais une infime partie de lui devait avoir peur quelque part. Il avait vu ce qu’on pouvait faire à ceux que la société traitait de fous. Ce n’était de la peur de son amie. Non. Cette peur : c’était la peur de la perdre. Qu’à cause de lui et de ses histoires, elle s’en aille. Qu’elle le fuit. Qu’elle ne veuille plus lui parler. Il aurait aimé lui dire que ces autres mondes dont il faisait l’éloge ne sortaient pas de sa tête. Ils ne sortaient pas de son imagination : il les avait réellement vus. Que lui-même aurait presque pu être un personnage tiré de l’un de ces fameux mondes. Sora le savait : il ne saurait bientôt plus mentir et face au visage angélique et innocent d’Hazel, il savait qu’il finirait très bientôt par craquer.

Prenant une bouchée du cookie, il se lança finalement : « C’est arrivé le soir d’avant notre grand départ. On a construit ce radeau pour voguer sur l’océan : on voulait découvrir de nouveaux mondes comme toi, Hazel. Pas juste dans notre imagination, mais pour de vrai. La nuit était claire ce soir-là, mais d’un moment à l’autre tout est devenu sombre. Les étoiles se sont éteintes une par une, le ciel est devenu comme de l’encre. L’océan s’est agité et il a fracassé notre radeau amarré sur la plage. Comme une noire tempête d’une violence incroyable qui s’est abattue sur nous… » C’était ce que son esprit lui aurait fait croire s’il n’avait pas eu la chance d’y échapper. Au fond lorsque l’Île du Destin était revenue, tous ses habitants étaient eux aussi revenus avec. Alors qu’avait-il pu se passer pour eux durant ce temps ? Est-ce qu’ils avaient erré dans les Ténèbres à la recherche de la Lumière capable de les sauver ? Croquant dans le reste de son cookie, il termina : « Et je n’ai jamais vraiment pu retourner sur l’Île du Destin depuis ce jour… » Non pas à cause d’une quelconque tempête menaçante. Tout simplement parce qu’engloutit par les Ténèbres : notre île n’a plus existé. Rayée de la carte à cause des Sans-Cœurs. Le soir même où la Keyblade était apparu dans ses mains. Le soir-même où il n’avait pas pu rattraper Kairi avant que d’elle ne reste que son cœur à l’intérieur de Sora. Le soir où toute sa vie avait basculé. Il tourna sa tête vers son amie : curieux et intrigué à la fois. « Tu te souviens de quelque chose depuis la dernière fois ? » Le jeune Elu le savait, Hazel le lui avait dit la dernière fois : qu’il lui semblait presque avoir vécu sur cette même île sans que Sora n’arrive à replacer son visage. Ce qui avait le don de l’énerver. Contre soi-même. Sa question aussi soudaine, se pourrait-il qu’un souvenir lui soit revenu ? Ou alors avait-elle, elle aussi, besoin de crever ce même abcès silencieux qui les rongeait ?. Si elle se souvenait d’un radeau ou de n’importe quel détail de ce soir-là, Sora lâcherait le morceau. Il ferait tomber toutes les pseudos-barrières qu’il avait pu mettre autour de sa mystérieuse vie d’avant Game City. Il n’omettrait, ni ne déguiserait plus aucun détail. Il le lui devrait bien ça. Il devait bien cela à une habitante de l’Île du Destin qui avait erré dans les Ténèbres sans s’en souvenir. Des explications. Pour Hazel…

« Je ne te crois pas Sora. » La tête baissée, les dents et les poings serrés, c’était la première fois où Sora avait espéré de tout son cœur qu’elle ne le croyait pas. Ne pas le croire : cela signifiait qu’elle se rappelait de quelque chose. Si elle se rappelait de quelque chose, cela voulait dire qu’il ne serait jamais traité comme un fou. Qu’il pourrait lui raconter ce qui était réellement arrivé à leur île, ce qu’il s’était passé ce soir-là. Pourquoi elle avait été rayée de la carte, et comment elle était revenue, réapparu comme si de rien n’était. Cela le rongeait presque intérieurement de devoir garder cela pour lui. Les mains sur ses tempes, Hazel tremblait de tous ses membres, tremblait à n’en plus finir. Sora avait la désagréable impression que ce n’était pas la légère brise qui avait causé tout cela, mais bien plutôt ses paroles. Comme si ce radeau avait eu un quelconque pouvoir sur elle. Comme s’il était également dans ses souvenirs. Ces fameux souvenirs enfouis, qu’elle voulait tant retrouver pour donner un nom à son passé. Pour se comprendre elle-même. Le Brunet posa ses mains sur ses épaules, cherchant un moyen pour essayer de la calmer. Mais deux mots : deux simples mots, qui seraient restés en suspend pour n’importe qui d’autre. Qui auraient été oubliés par n’importe qui d’autre. Pour lui ses deux mots le touchèrent en plein cœur. « L'île.. Riku. » Riku. Elle connaissait Riku ? Son cœur se serra à cette idée. Comment pouvait-elle avoir des souvenirs d’eux deux, si lui-même ne se souvenait pas de son visage sur l’Île. Hazel : il était incapable de la replacer sur l’Île du Destin. Impossible de revoir son visage. Les deux seuls avec qui il avait passé toutes ses journées entières étaient Riku et Kairi. Il avait certes tous les autres amis qui jouaient aussi sur cette plage, qu’il connaissait parce qu’ils allaient à la même école élémentaire ensemble. Mais aucun d’eux ne savait réellement grand-chose du trio inséparable. Mais elle était à nouveau prise de tremblements, ramenant le jeune Brunet à la réalité qui s’inquiétait pour elle. « Hazel est-ce que ça va ? » Il savait que sa voix ne pouvait pas l’atteindre de là où elle était. Mais il savait aussi qu’elle se souvenait de quelque chose en plus par rapport à la dernière fois. Et il savait qu’elle ne croyait pas à la simple tempête qui avait ravagé l’île. Elle savait qu’il y avait autre chose derrière tout cela. Secouant la tête, elle ouvrit finalement les yeux face au visage inquiet et tiraillé de Sora. Elle ne le regardait pas. « Ce radeau. Riku l'a construit pas vrai Sora? Il y a mit tout son cœur, tout son temps, il en était fier parce qu'il était comme ça Riku. Il était fier de tout ce qu'il entreprenait. Et pourtant.. Ce soir la, quand il y a eu la tempête, Riku ne s'est pas soucié du radeau. Qu'il soit au fin fond de l'océan ou à voguer loin de l'île, Riku ne s'est pas préoccuper de son sort. Il semblait heureux au contraire de la tournure des choses. Il allait enfin pouvoir découvrir ses autres mondes.. avec.. toi. »

La jeune femme se souvenait de choses qu’ils avaient été seuls à partager, eux trois. Hazel relevait enfin son regard sur lui qui restait silencieux. Quelque part cela le soulageait car il allait pouvoir certainement tout lui raconter. D’un autre côté, son cœur se serra encore un peu plus en repensant à cette époque. Il se revoyait construire ce radeau avec Riku, lui qui y avait consacré tellement de temps, alors que le Brunet ne pensait qu’à faire une sieste sur le sable blanc, la plupart du temps. Il se souvenait de l’excitation qu’ils avaient eue en le voyant fini, de la petite fierté qui brillait dans leurs yeux à l’idée de partir le lendemain. Il se souvenait de la dernière course qu’ils avaient livrés l’un contre l’autre afin de savoir qui partagerait un Paopou avec Kairi. Au final, ils en avaient partagés un tous les trois. Puis il revoyait ce fameux soir-là, ces Ténèbres qui étaient venus les engloutir. Il se souvenait de la tristesse d’avoir perdu Kairi avant même d’avoir pu la prendre dans ses bras. La tristesse face au sourire narquois de Riku qui s’était laissé englouti par les Ténèbres dans l’unique but de ramener leur amie, alors que lui avait parcouru d’innombrables mondes pour les aider. Pour aider la Lumière à vaincre les Ténèbres, cherchant désespérément durant le peu de temps qu’il lui restait ses amis. Cela réveillait tant de souvenirs en Sora car il avait presque l’impression de revivre la même chose ici à Game City. Quelque part, il avait décidé d’essayer de s’accommoder à cette nouvelle vie et c’était comme s’il avait arrêté de chercher ses amis. Et cela, il ne le supportait pas. Ses amis étaient ce que son cœur avait de plus cher. « Riku était ton ami, n'est-ce pas Sora? Ton meilleur ami. Je me souviens vous avoir vu jouer sur le sable, un bâton de bois en main. Tu dois certainement te demander comment je me rappelles de ça, et bien c'est étrange mais, j'ai oublié. Je ne me souviens même pas vous avoir adressés la parole à vrai dire. » Riku. Leur différent à cette époque n’était qu’un malentendu dont Maléfique s’était servie, ils n’avaient jamais cessé d’être des meilleurs amis. Ils avaient besoin l’un de l’autre. Riku maintenait Sora hors du danger lorsqu’il fonçait tête baissé. C’était bien pour cela qu’il était le Maître de la Keyblade et non lui. Mais Sora lui, protégeait Riku de lui-même. Comme il l’avait promis à Aqua alors qu’il n’était qu’un enfant. Il lui avait promis de protéger Riku des Ténèbres. D’être la Lumière qui empêcherait les Ténèbres d’envahir son cœur.

Une unique larme roula sur la joue du Brunet : au fond, il était si seul ici. « Riku n’était pas mon meilleur ami, il l’est toujours. C’est Riku qui a construit quasiment tout le radeau, c’est vrai : moi j’avais plutôt tendance à dormir à côté du radeau – cela lui arracha un petit rire –. Il y a vraiment eu une sorte de tempête ce soir-là Hazel, je te le promets. Mais pas une tempête normale. Les étoiles se sont toutes éteintes une par une, parce que ce soir-là, ce sont les Ténèbres qui ont englouti notre Île. Pas juste l’obscurité, pas juste la nuit. Mais c’était bel et bien les Ténèbres eux-mêmes. » Sora avait mis du temps avant de prendre la parole, mais maintenant qu’il était lancé, il ne pouvait plus s’arrêter. Hazel avait été franche sur ses bribes de souvenirs envers lui, il devait l’être tout autant pour elle. « Ce soir-là des créatures des Ténèbres nous ont attaqués : ils ont tout englouti, l’Île et le cœur des gens. Ils ont rayé de la carte notre radeau, notre Île et notre monde. C’est pour ça que je te disais que je n’avais pas pu y retourner durant un moment. Ça peut te paraitre fou, je sais... » Ce dernier secoua la tête avec un léger petit rire nerveux avant de venir reprendre place à côté d’elle. Ses pensées divaguaient à nouveau, il se parlait plus à lui-même qu’à n’importe qui d’autre, mais il souffla tout de même à voix haute : « Mais moi non plus je ne m’en rappelle pas : je ne me rappelle pas de ton visage sur l’Île du Destin. Pourtant je me souviens parfaitement de tous les moments que j’y ai vécu : de ce soir-là comme des autres jours. Pourquoi je ne te vois pas ? Est-ce que j’aurais pu te rencontrer dans un autre monde que j’aurais visité ? » Ses souvenirs lui avaient déjà joués ce piège une fois, lorsque Naminé avait modifié et transformé ses souvenirs de Kairi. Elle les avait changés au Manoir Oblivion, elle seule avait ce pouvoir sur lui. Et il avait peur qu’une telle chose puisse lui arriver à nouveau. Son cœur semblait la connaître depuis toujours mais ses souvenirs disaient le contraire. Mais cette fois-ci personne n’était là pour tout réparer pour lui. Personne n’était là pour arranger les choses à sa place, Sora devrait le faire seul. Faire confiance en sa Lumière pour éclairer les Ténèbres et démêler la vérité. Chose plus que difficile pour lui.

Ce petit côté nostalgique : il avait toujours été là. Depuis le début. Non pas depuis le début de son aventure à Game City, mais depuis qu’il avait quitté son île pour la première fois. Depuis qu’il avait été forcé de la quitter à cause des Ténèbres. Lui qui avait tellement voulu s’en éloigner pour visiter d’autres mondes, il ne pensait pas qu’un tel sentiment aurait pu l’atteindre. Le toucher en plein cœur. C’était quelque chose qu’il voulait garder pour lui : il ne voulait embêter personne avec cela Sora. Il préférait aider et écouter les problèmes des autres plutôt que de penser à lui. Il gardait tout cela en lui pour que personne ne se fasse du souci pour lui. Aujourd’hui sur cette plage, une partie de sa nostalgie lui avait échappé. Une unique larme avait perlé sur son visage pour ses amis perdus. Parce que ses amis étaient ce qu’il avait de plus précieux, ils étaient sa Lumière et chacun d’entre eux détenait une partie du Brunet. Il ne sentait jamais réellement entier sans eux. Sauf avec elle, sauf avec Hazel. Il se retrouvait avec elle, elle sut ramener le vrai Sora à la surface. Celui que tout le monde connaissait auparavant. Cette dernière passa justement ses bras autour des épaules du Brunet afin de l’amener contre elle. Il passa à son tour ses bras autour de sa taille et enfouit son visage dans son cou. Quelque part son cœur se sentait plus léger d’avoir pu lui avouer cela, même si n’avoir aucuns souvenirs d’elle sur l’Île du Destin le tourmentait toujours. Peut-être par la suite pourrait-il également lui avouer qu’il avait déjà visité d’autres mondes ? Même si sans s’en rendre compte, il lui avait déjà quelque peu soufflé cette piste tout juste avant. Ainsi blotti contre elle, il sentit que sa respiration se calait sur la sienne, que ses battements de cœur rapides se calaient sur les siens, afin de se ressourcer. « Tu n'es pas fou Sora. Tu as juste besoin d'une oreille attentive, quelqu'un qui t'écoutes et qui te crois. Ce qui s'est passé ce soir la sur l'île tu n'en ais pas fautif. Tu ne l'as jamais étais. Souviens toi juste des bons moments que tu as passé avec ton meilleur ami, Riku. Ce sont les plus précieux et les plus beaux, le reste n'a que peu d'importance. » Pourtant au début il s’en croyait fautif et parfois il avait l’impression de revivre la même chose ici à Game City. Il pourrait presque se sentir responsable si ses amis s’étaient retrouvés ici. Mais avant de ressentir cela, le Brunet serait d’abord fou de joie de les revoir. De pouvoir les serrer dans ses bras à nouveau. Et certainement aussi de se faire enguirlander pour son retard. Comme d’habitude.

Se détachant doucement de lui, laissant ses mains sur ses épaules, elle continua avec un léger rire : « Je suis persuadée que Riku doit se trouver en ville. Tu es bien la toi. » Il n’en avait pas besoin de plus Sora, un petit sourire éclairait à nouveau son visage. Il n’avait pas encore cherché partout, c’est vrai. Il ne fallait jamais perdre espoir. Avec un peu de chance, ils seraient tous là quelque part dans cette ville à l’attendre. A venir lui dire qu’il était en retard. Il hocha vivement la tête, requinqué d’une nouvelle énergie qu’Hazel lui avait insufflée. Il ne voulait pas qu’elle s’inquiète pour lui, il lui avait promis de profiter de ces moments précieux, il ne voulait pas les gâcher. Pas à cause de lui. Il lui sembla voir une goutte d’eau perlée sur le visage de son amie, mais l’instant d’après elle se tapotait déjà les joues, Sora ne sachant alors pas réellement si ses yeux l’avaient trompé ou s’il avait bel et bien vu quelque chose. Il fronça d’ailleurs légèrement les sourcils à cette idée. « Tout cela m'a donné faim. » Avec un léger rire quelque peu teinté de nervosité, elle se servit à nouveau dans la boîte du jeune homme. Son esprit quelque part devait avoir détecté la certaine gêne que cela avait pu causer. Une certaine gêne parce que des souvenirs lui revenaient à elle, et non pas à lui. Elle avait des souvenirs de lui, alors que lui n’en avait aucun. Il aurait aimé que Naminé soit là pour les réparer à nouveau. Pour réparer ses souvenirs… « Merci Hazel… » Le jeune Elu posa à son tour une main sur l’épaule de la jeune demoiselle avant de se pencher légèrement en avant . Ses lèvres encore un peu salées vinrent déposer innocemment un baiser sur sa joue. Il avait juste eu besoin de ça, d’une oreille voulant bien l’écouter l’espace de quelques secondes. Quelques secondes pour se sentir revigorer. Et Hazel avait été la meilleure à qui se confier : parce qu’il se sentait réellement lui-même avec elle. Retrouvant sa place initiale face à elle, il ajouta : « Je n’ai jamais pu en parler à qui que ce soit vraiment avant toi, et je crois que ça m’a fait un bien fou. Disons qu’avant je ne tenais pas en place. J’allais à droite et à gauche pour aider par-ci, par-là ; là où on avait besoin de moi. De moi et de ma Lumière. Et parfois ici, j’ai l’impression de ne rien faire : je crois que c’est ça qui me manque un peu et qui m’a rendu nostalgique. Mais… »

Laissant sa phrase en suspens, Sora finit par se laisser tomber à côté, par se laisser tomber dans le sable afin de s’allonger. Les bras croisés derrière sa tête, il reprit finalement le fil de sa pensée. « Mais tu as raison : Kairi et Riku doivent être ici, et je les retrouverais, parce que c’est ce qu’on a toujours fait. On s’est toujours retrouvé. Et ce jour-là, je te les présenterai ! » Dirigeant son regard vers la Brunette, un large sourire vint étirer ses lèvres. Il ne comprenait presque pas comment tous les trois, ils avaient pu passer à côté d’elle. Hazel aurait fait un magnifique membre de leur trio, qui serait devenu un quatuor. Elle et Kairi se seraient très bien entendues, il le savait. Elle aurait pu les aider à faire ce radeau et elle aurait déjà pu rêver de ces futurs mondes avec eux. « Je te les présenterais parce que je suis sûr que tu les adorerais ! Et puis je suis sûr qu’eux aussi t’adoreront ! On formerait un beau quatuor tous ensemble, j’en suis sûr. Peut-être qu’ils pourront même t’aider avec tes souvenirs grâce aux leurs ! T’en penses quoi ? Tu veux une carte de membre ? » Un rire lui échappa sur sa dernière plaisantetie. Hazel l’avait remis sur pieds, le jeune Sora. Elle lui avait fait retrouver son sourire et son optimisme à tel point que pour lui, c’était maintenant une évidence de les retrouver dans cette même ville. Et une évidence de leur présenter sa nouvelle amie. Cette nouvelle personne si chère à son cœur qui pourtant semblait avoir cette connexion avec le Brunet depuis tellement longtemps. Il en parlerait à Riku de ce qu’il ressentait : il avait toujours été plus réfléchi que Sora, il était persuadé que son ami serait capable de lui fournir une explication. Et si en plus, tous les deux étaient capable d’aider Hazel là où lui avait échoué, il en serait plus que ravi pour elle. Même si quelque part, il se sentirait tout de même un peu idiot d’être le seul à ne pas avoir de souvenir. Et il était impensable pour lui de l’abandonner lorsqu’il retrouverait un soupçon de sa vie d’avant. Hazel était entrée dans la vie de Sora, elle y resterait. Pour rien au monde, il n’avait envie qu’elle en sorte. Même s’il ne s’en souvenait pas encore maintenant, il voulait croire qu’un jour tous les morceaux du puzzle s’emboîteraient, que dans un flash lumineux des souvenirs lui reviendraient en mémoire. Des souvenirs enfouis ou cachés pour une raison qui lui échappait. Il chérissait déjà ces derniers alors même qu’il ne savait pas où ils étaient cachés. Mais il les chérissait, autant que ceux qu’il avait déjà avec elle. Ceux du jour où il l’avait abordé dans les couloirs du lycée pour la première fois. Ceux de leur nuit sous les étoiles. Ceux d’aujourd’hui à la plage. Ces souvenirs-là étaient beaucoup plus précieux que beaucoup d’autres et il voulait toujours en former de nouveaux avec elle. Afin de pouvoir un jour tenir des discussions interminables avec elle, se remémorant chaque petits détails de leurs journées passées ensembles…

Sora en était persuadé de ces paroles : il était persuadé qu’Hazel était quelque part peut-être le quatrième membre manquant à leur trio. Il l’imaginait tellement bien avec Kairi, toutes deux à discuter de choses de filles, le genre de discussion qu’elle n’avait jamais pu avoir ni avec Sora, ni avec Riku sur l’Île du Destin. Hazel était dans son esprit, comme la pièce manquante, celle qui irait parfaitement à la dernière place du puzzle. Pour lui c’était une évidence et il se maudirait presque si les autres avaient un quelconque souvenir d’elle et que quelque part, elle faisait déjà partie de leurs cœurs. S’ils l’avaient connu avant lui, sans jamais lui dire un mot. Cela l’embêtait toujours autant, maintenant il n’aurait de cesser de chercher, d’essayer de comprendre ses souvenirs ne se souvenaient pas d’elle alors qu’elle oui. Il ne voulait pas laisser cette histoire non-résolue, il voulait y apporter des réponses autant pour lui, que pour elle. Il voulait l’aider, il avait toujours voulu l’aider. Mais le sourire du Brunet s’effaça soudainement face aux paroles de son amie : « Non. Je ne veux pas. » Il fronça les sourcils, son cœur se serrant un peu plus : bien sûr que si elle le voulait, il le savait. Il avait presque l’impression de revivre le même scénario qu’auparavant. Le même scénario de la dernière fois lorsqu’elle lui avait enfin annoncé le mal qui la rongeait de l’intérieur. Elle avait déjà essayé de le repousser une fois. Une fois sans grande conviction. Sora avait l’impression qu’elle recommençait. Qu’Hazel essayait de le repousser à nouveau. Et ce sentiment lui faisait tout autant mal que de penser à ses amis disparut. Voir même plus. Il savait qu’il allait de nouveau devoir se battre avec les barrières de la jeune fille. Dans certaines situations, il avait presque une impression de déjà-vu. Une impression de déjà-vu venant de Riku. C’était ce qu’il avait fait pour lui et ce qu’il faisait toujours pour lui. Sora lui qui avait toujours cru au cœur de son meilleur ami même lorsque celui-ci était au plus profond des Ténèbres. Il était venu le chercher, avant qu’il ne fasse la même chose pour lui : plonger à l’intérieur de son cœur afin de l’extirper des Ténèbres. Certes le Brunet n’avait pas eu son Symbole de Maîtrise, certes il n’avait plus sa Keyblade, mais s’il devait faire la même chose pour Hazel, il le ferrait. « Riku. Kairi et toi, vous êtes bien à trois. Vous n'avez pas besoin de moi. Au final, tu sais, ce n'est pas plus mal que tu ne te souviens pas de moi.Je sais même pas pourquoi je t'ais parlé de l'île et de ce que je savais, parce que à part ça, à part ses souvenirs flous, je n'ais rien d'autre. Toi tu as ta vie sur l'île, tu as tes amis, tu as tes souvenirs propres. Moi, j'ai Game City. »

Ça bouillonnait à l’intérieur du jeune Elu. Non pas contre son amie, mais contre ses barrières qui semblaient être retombées, si quelqu’un venait de couper les cordes qu’il avait mis en place pour les retenir. « Toi tu as Kairi. Moi je n'ais que toi et c'est ça le plus douloureux, Sora. La seule façon pour que tu retrouves le sourire, que tu te sens moins malheureux au fond de toi, c'est de retrouver ce qui t'appartiens: Tes amis. Je t'aiderais à les retrouver si il le faut, mais tu ne dois pas me forcer à leur parler, à les connaître parce que.. je n'en ai pas envie. » La Brunette évitait son regard, elle fixait l’horizon en finissant son cookie. Certainement pour ne pas avoir à l’affronter. Les yeux sont les fenêtres de l’âme mais chez Sora, c’était presque des grandes baies vitrées où n’importe lequel de ses amis pouvait lire en lui comme un livre ouvert. Peut-être qu’il était nostalgique de sa vie d’avant, mais Hazel elle, avait peur de toutes ces nouvelles choses qu’il lui montrait au fur et à mesure. Il lui montrait que s’attacher, qu’avoir des amis était la plus belle des choses. Que les amis sont là pour qu’on se repose sur eux, pour qu’on puisse partager des merveilleux moments ensembles. Tout ce qu’il avait pu voir et apprendre sur la force d’un cœur et sur la force des connexions qu’il pouvait faire, il avait voulu lui montrer toutes ces merveilles car si peu de gens ici ne le voyaient sous cet angle-là. Si peu de gens lui accordaient cette place légitime. Elle non plus ne lui avait pas accordé cette place au début, elle était arrivée si loin qu’il ne pouvait pas la perdre en chemin. Il ne le supporterait pas. Fermant les yeux l’espace d’un instant, il inspira un bon coup avant de prendre enfin la parole : « D’accord. Peut-être que je me suis voilé la face, que je suis vraiment nostalgique par moment. Mais toi aussi Hazel. » Quelque part, il savait qu’elle se voilait la face : elle voulait absolument croire qu’il disparaîtrait de sa vie. Que plus elle le repoussait, plus il s’éloignerait d’elle. Mais cela avait l’effet inverse sur le jeune homme : plus elle le repoussait, plus il savait qu’elle avait besoin de lui.

« Parfois je regrette ma vie d’avant, mais pas quand je suis avec toi. Tu es la seule raison pour laquelle j’aime réellement cette ville, cette vie. Quand je suis avec toi, je suis un Sora entier. Et ça n’a rien à voir avec personne d'autre ! Car moi aussi j’ai besoin de toi Hazel. » Se relevant d’un bond, à côté d’elle, il lui attrapa sa main qu’il posa contre son torse à l’endroit même où son cœur battait la chamade. Il battait la chamade pour elle. Peut-être qu’elle continuerait à éviter son regard, mais elle ne pourrait plus éviter son cœur. Sa main était par-dessus la sienne afin qu’elle n’essaye pas de la retirer. Qu’elle fasse bel et bien face à cette réalité, sans vouloir essayer de la fuir. « Tu penses que je sortirais de ta vie du jour au lendemain, tu penses que je t’oublierai le jour où je retrouverai Kairi et Riku, c’est ça ? Oublies-les tous les deux, un instant. Nous sommes connectés, tu ne le sens pas ? Cette connexion est la tienne et personne ne pourra jamais prendre ta place. Je te l’ai déjà dit et je te le redirai toujours autant : je ne te laisserai pas tomber, je ne t’abandonnerai pas. Jamais. Plus tu me repousseras, plus je reviendrai vers toi pour te le prouver : encore et toujours. Tu ne te débarrasseras pas de moi comme ça, tu as déjà signé pour. » Un léger petit rire s’échappa de ses lèvres à sa plaisanterie. Il se battait. Toujours et encore contre les mêmes Ténèbres. Il en viendrait presque à se dire que Game City pouvait étrangement ressembler à tous les autres mondes qu’il avait explorés. Peut-être que ce dernier avait aussi besoin de lui ? Peut-être qu’ici aussi, il devait faire quelque chose en tant qu’Elu. Reprendre le même statut qu’il avait auparavant. « Si ce doute est de ma faute, alors je ne m'en excuserai jamais assez. Mais, je t’en prie, laisses ton cœur me croire. Tu me l’as pourtant dit avant, que tu m’avais cru dès le début. Ne te referme pas s’il te plaît, j’ai besoin de ta Lumière autant que tu as besoin de la mienne. » Il tenait cela pour sûr Sora. La Lumière d’Hazel l’avait déjà atteint, elle avait fait réapparaitre le vrai Sora et il savait maintenant qu’il en était dépendant. Que lorsqu’elle était loin de lui, il se sentait seul, comme si à chaque fois elle emmenait une partie de son cœur en rentrant chez elle. Partie qu’il ne récupérait que lorsqu’il la revoyait. Ironiquement, comme pour accentuer les propos de Sora, les rayons du soleil se réfléchissaient sur leurs pendentifs respectifs presque comme pour encourager le jeune Brunet et la réconforter elle. Cette sensibilité cachée au fond de lui semblait être mise à rude épreuve aujourd’hui, ses yeux brillaient. Il aurait peut-être presque lâché à nouveau une larme comme tout à l’heure, mais il la refoula. Il ne voulait que son amie se sente mal pour quoique ce soit. Il voulait juste qu’elle comprenne qu’elle ne serait pas juste une amie de passage : parce qu’au fond, elle ne lui avait pas volé qu’une partie de son cœur comme il pouvait le croire. Son cœur en riait égoïstement car il savait qu’il n’appartenait plus qu’à Hazel désormais. Elle lui avait volé son cœur tout entier…

Au fur et à mesure de ses paroles, il sentait son cœur tambouriner de plus en plus contre sa poitrine, comme pour accentuer ses propos. Pour lui montrer, à elle Hazel, qu’aucune de ses paroles n’étaient en l’air. Que jamais l’idée de l’abandonner après avoir retrouvé Kairi et Riku ne lui avait traversé l’esprit. Que sa Lumière et sa présence étaient toute aussi importante pour lui. Il y aurait toujours une force inconnue qui le ramènerait vers elle. Son cœur ne supporterait de la perdre pour toujours. Secrètement il espérait toujours les présenter, qu’importe ce qu’elle venait de lui dire. Il était persuadé qu’ils étaient fait pour être ensemble. Elle en était le maillon manquant qui leur manquaient à tous, il en était sûr. Réticente au départ, Sora savait qu’il devait se montrer encore plus persuasif que d’habitude. Encore plus persuasif que ses barrières. Les mots lui échappaient tous seuls, comme si ce discours avait été mûrement réfléchi, alors qu’il n’en était rien. Il avait juste laissé parler son cœur le Brunet. Comme il le faisait d’habitude, comme il le faisait toujours. Mais là quelque chose avait pris une toute autre dimension. Le seul sentiment qu’il n’avait pas encore découvert. Le seul sentiment qui à ce jour restait encore un mystère pour Sora, s’exposait en plein jour. Le seul sentiment qu’il n’arrivait pas à déchiffrer. Son main s’était resserrée un peu plus autour de la sienne, non pas pour la retenir un peu plus : il avait capté toute son attention, il le savait, son regard en disait long. Ce regard azur qu’il adorait, qu’il aurait pu observer des heures entières et par-dessus tout qu’il adorait voir étinceler. Le mystère de son attachement envers Hazel demeurait entier pour son esprit, mais son cœur, lui, l’avait bien compris. Il avait une longueur d’avance sur le jeune Elu, comme s’il avait compris une chose évidente à côté de laquelle il passait. Et il en riait, égoïstement et intérieurement. Quelque part, il était surpris qu’il soit la seule personne sur laquelle elle pouvait compter : à ses yeux, son amie était une personne extraordinaire, que tout le monde aurait dû connaître. Il n’aurait dû être qu’une énième personne sur laquelle elle aurait pu compter, mais non, le jeune homme avait une place beaucoup plus importante. Et quelque part, il la chérissait cette place si spéciale. Dans un battement de cils, Hazel s’était penchée en avant, son visage si proche de celui de Sora qu’il pouvait sentir son souffle contre sa peau, n’arrangeant en rien la folie de son cœur. Finalement, ses lèvres se posèrent doucement et furtivement contre les siennes, causant un énième bond dans sa poitrine.

A son contact, les yeux du Brunet s’étaient fermés, et même si cela n’avait duré qu’une seconde, voir même moins ; il pouvait encore sentir ses lèvres douces et salées contre les siennes. La folle course de son cœur était presque agréable et inconsciemment, il souriait. Et lorsque ses yeux se rouvrirent, ces derniers avaient pris un tout autre éclat, presque enfantin. Comme un éclat enfantin et pétillant qui commençait tout juste à comprendre le monde qui l’entourait. Les goûts, les couleurs et les paysages qui l’entouraient. Un enfant qui commençait à comprendre tout doucement qu’il était une vraie personne. Un enfant qui commençait à comprendre sa propre Lumière. Sora aussi avait compris. Hazel sembla chercher ses mots encore un instant : « Ici, à Game City, on appelle ça: Aimer. Je crois que ça signifie que tu es important pour moi. » Sa voix tremblait légèrement, elle balbutiait presque certaines phrases et avait fini par détourner son regard de lui. Son sourire innocent s’était élargi face à ses paroles. Parce que quelque part, tout ce qu’il avait pu lui dire, n’était pas des paroles en l’air. Elle avait bien cru en lui dès le début, et elle avait inscrite chacune de ses paroles. Aimer : Sora sentait presque avoir saisi une partie de ce sentiment qui lui réservait encore des surprises. Il en avait parlé avec Lara, avec Hazel lors de leur soirée à la belle étoile ; mais il n’avait pas été capable de le saisir. Leurs paroles étaient restées des paroles suspendues dans son esprit, attendant que quelque chose se manifeste en lui. A ce simple contact, à ce simple baiser volé quelque chose s’était manifesté en lui. Aimer : c’est avoir le cœur qui bat plus, toujours vouloir être près de cette personne qu’on chérit, celle qu’on voudrait protéger à n’importe quel prix. La personne dont dépend notre sourire et notre cœur. Les paroles de son amie archéologue faisaient écho quelque part dans sa tête. Aimer : c’est quand une personne prend une place énorme dans notre cœur, quand notre seule crainte est de perdre cet être si cher, cet être aimé. L’écho des paroles d’Hazel ce soir-là, lui revenait aussi en mémoire. Sora se souvenait de tout. Sa main filait doucement entre les doigts du Brunet : il n’avait plus besoin de la retenir, elle avait compris ce que son cœur voulait lui faire passer comme message.

« Ce que je veux que tu sâches, Sora, c'est que nous ne sommes pas du même univers et j'apprends à te découvrir petit à petit. Jamais personne ne s'était autant ouvert à moi que tu n'aurais pus le faire, et je n'ai pas l'habitude de tout ça. J'ai crus que tu serais comme moi. Amnésique, sans passé et sans avenir. J'ai crus que tu chercherais à le bâtir par toi même mais je me rends compte que nous sommes différents au final. Tu as une vie, et des personnes qui t'attendent impatiemment quelque part ici, moi je n'ai personne, juste.. toi. Ce serait te mentir si je ne t'avouais pas qu'en fait, j'ai peur. Peur de tout ce qui m'arrive. Peur même de ce que je ressens pour toi. Peur d'en souffrir, peur de finir seule. Cette peur me ronge seconde par seconde, et face à elle, je me sens faible et fragile. » Une partie de sa mémoire ne pouvait qu’être compatissante face à ce regard azur perdu, le sien l’avait aussi été. Il avait aussi été amnésique sans s’en rendre compte une fois. Sans se rendre compte que ses souvenirs étaient réécris. Il n’avait pas eu cette peur, car il n’avait pas eu le temps de la ressentir. « Tu n’as pas à avoir peur. Tes souvenirs finiront par te revenir, j’en suis certain. Ils reviennent toujours, parce qu’ils sont porteurs d’heureuses mémoires. Je suis sûr que tu as, toi aussi, une vie qui t’attend là quelque part. Quelque chose que tu n’aurais jamais soupçonner, ainsi que des gens qui s’inquiètent pour toi. Tu es  une personne extraordinaire Hazel ! Je refuse de croire que tu ais été seule jusqu’à maintenant… » Secouant la tête légèrement en détournant le regard, le Brunet se sentirait presque gêné par cette dernière spontanéité. Lui qui pourtant n’écoutait que son cœur, avait encore un peu du mal à l’interpréter. Quelle ironie. « Je suis sûr qu’au fond, nous ne sommes pas si différents que ça, tu verras. Je t’aiderai à retrouver tes souvenirs autant que je peux, d’accord ? » Sora ne savait pas dans quoi il s’embarquait. Il ne savait même pas où cette histoire le mènerait. Comment pouvait-il savoir que la voie de son cœur l’emmènerait jusqu’à Kairi à nouveau ?

C’était bien ce dernier qui contrôlait finalement les mouvements du jeune homme, se penchant légèrement en avant, comme elle avait pu le faire auparavant. « En ce qui me concerne… Tu n’as pas besoin de t’inquiéter pour moi. » Ne la quittant pas du regard, le Brunet réduisait la distance qui les séparait. Ses yeux se fermèrent en même temps qu’il posa ses lèvres sur les siennes. Il la retrouvait : cette même sensation, qui avait été trop courte la première fois. Cette sensation si étrange et pourtant si douce à la fois qu’elle avait fait naître en lui. Toutes les petites particularités qu’il n’avait pas réussi à saisir jusque maintenant. Ce sentiment chaleureux qui lui tordait l’estomac, son cœur bondissant à l’intérieur de lui. Ce sentiment qu’on lui avait pourtant décrit plusieurs fois, c’était à cela qu’il devait ressembler. Depuis combien de temps enfoui à l’intérieur de lui ? Il n’en avait aucune idée. Ce serait presque à se demander comment il avait pu ignorer quelque chose d’aussi beau, aussi longtemps. Sora le naïf, l’innocent, comprenait enfin le dernier soupçon de son cœur, celui qui lui avait été égoïstement caché durant un moment. Travaillant en concert, son cœur et sa mémoire se chargeait de n’en perdre aucune miette : comme un enfant qui apprend à marcher, comme un enfant qui apprend à faire du vélo. Et il pourrait presque en sourire intérieurement Sora. Parce que si l’amour était aussi fort qu’il le ressentait, aussi fort qu’on avait pu lui décrire ; alors jamais il ne voudrait s’en séparer. Il avait déposé au creux des mains d’Hazel son propre cœur, et il ne voudrait plus le récupérer…  Ce n’était pas un simple petit baiser volé, mais qui pouvait représenter tellement plus aux yeux du Brunet. Se détachant d’elle, il ne put s’empêcher de laisser échapper un sourire. Son sourire. Peut-être parce qu’il était quelque part surpris de lui-même, surpris de son propre geste. Il se savait capable de parcourir les mondes afin d’aller la retrouver : ceci était d’un tout autre genre. Presque nouveau pour lui. Mais il y croyait déjà dur comme fer. Il l’aimait. Sora le savait.

Ce n’est pas qu’un Sora entier que la jeune Hazel avait réussi à reconstruire en lui : c’était bien plus. Elle lui avait insufflé ce nouveau sentiment, et cela dès le début. Dès le moment où il avait croisé son regard dans les couloirs du lycée. Il ne lui en avait pas fallu plus. Il n’en avait pas eu besoin de plus pour venir l’aborder, comme si un lien invisible les unissait déjà. Et cela depuis toujours. Comme s’il avait toujours été là, comme s’il avait toujours existé. Ce lien invisible qui connectait leurs cœurs, qui les avait attiré l’un vers l’autre. Cette rencontre, cette première discussion : elle paraissait déjà si loin dans l’esprit du Brunet. En peu de temps, il lui semblait qu’ils avaient déjà partagé tellement de choses.  S’ouvrant progressivement l’un à l’autre, de minutes en minutes. Il avait l’impression de la connaître depuis toujours, depuis l’Île du Destin même s’il n’en avait pas grand souvenir. Quelque part son cœur savait qu’elle avait été là. Lui savait la vérité mais son esprit n’en savait rien. Il était persuadé de lui avoir déjà tendu la main, de l’avoir déjà aidé, de l’avoir déjà protégé. Mais ses souvenirs répondaient aux abonnés absents. Et le jour où il les retrouvera, il se maudira. Il se sentira bête de n’avoir qu’une seconde porté attention à ce que sa tête pouvait lui murmurer. Mais il n’avait pas le temps d’y prêter attention. Pas le temps d’y réfléchir. Pas maintenant. Maintenant, il avait envie de garder en mémoire ce souvenir précis. Ce souvenir du jour où ils s’étaient embrassés, où Sora avait découvert cette si belle connexion dont il avait ignoré la nature jusqu’au bout. Aveugle, innocent, naïf. La seule face cachée de son cœur qu’il n’avait pas encore découvert venait de lui être révélé en partie, et grâce à elle. Il le savait : il le sentait que ce sentiment, que l’amour pouvait être aussi compliqué qu’un cœur ne l’était. Mais de l’aperçu qu’il en avait eu : il ne voulait plus le laisser s’envoler. Il ne voulait pas le laisser repartir comme il était arrivé. Son cœur battant à une allure folle, ce contact si doux entre eux : toutes ces petites particularités le frappèrent lorsqu’il écarta doucement ses lèvres des siennes. Le même sentiment qu’il avait eu alors qu’Hazel avait à peine effleuré ses lèvres auparavant. Alors qu’elle lui avait à peine volé un baiser. Son premier. « Sora.. » Son petit sourire innocent sur les lèvres, celui dont lui seul avait le secret, il serait difficile à déloger aujourd’hui. Ou bien les jours à suivre. Comme un enfant qui découvre le monde, les yeux de Sora devaient avoir une petite étincelle au fond. Ils brillaient. Indétectable pour les autres, hormis pour Hazel. Tel un message codé qu’elle seule aurait pu déchiffrer. Les yeux d’un jeune homme découvrant qu’il était amoureux.

« Tu ne pourras pas m'empêcher de m'inquiéter pour toi sauf que dorénavant, moi aussi je veux pouvoir me battre, pour toi. Pour t'aider à garder ton sourire, pour que tu parviennes à retrouver toutes les personnes que tu aimes. Si tu te bats pour mes souvenirs, je te dois bien ça je crois. » Sora aurait bien aimé empêcher les gens de s’inquiéter pour lui : lui qui savait qu’il était une tête brûlée. Lui qui fonçait là où son cœur lui disait d’aller sans pour autant analyser la situation. Sans pour autant réfléchir aux conséquences. Et lorsqu’il repensait à chaque fois aux différents moyens dont il avait usé pour s’en sortir : il n’y en avait qu’un seul qui lui revenait à chaque fois en mémoire. Riku. Au fond, son meilleur ami était essentiel à son équilibre : il était celui qui le rattrapait toujours, quoiqu’il arrive. Et Sora lui remontait toujours la tête hors de l’eau, hors des Ténèbres. L’optimisme qui manquait à Riku, parfois même sa confiance : tout était réfugié en Sora, qui aurait presque parfois voulu lui ressembler un peu plus. « Merci… » Lui avait-il soufflé. Sora avait toujours eu l’habitude de se battre pour les autres. De faire passer ses amis avant lui-même. Être capable de se reposer sur quelqu’un, parfois cela pouvait encore sonner bizarre à ses oreilles. Certes, il pouvait se reposer sur les amis qu’il avait eu avant : sur Kairi, sur Riku, sur le Roi, Donald et Dingo et encore à la fin sur Lea. Mais ici, à Game City, il n’avait pas redécouvert cette notion, qui parfois lui semblait rattaché à ce qu’il avait vécu, à sa vie d’avant. Peut-être qu’il aurait toujours une pointe de nostalgie au fond de son cœur, mais il ne voulait pas l’inquiéter plus que ça. C’était quelque chose dont il pouvait s’occuper seul.

« A deux, on peut certainement accomplir de grandes choses. N'est ce pas? Comme, retrouver Riku et Kairi. » Si son sourire avait pu s’étendre encore un peu plus, il l’aurait très certainement fait. Parce que cette combativité, son optimisme : il savait qu’il venait un peu de lui quelque part. Il découvrait une autre Hazel face à lui, celle qu’elle était réellement et non pas celle qui se cachait au lycée. Celle qu’il avait détectée derrière ses livres. Jamais il ne regrettera de l’avoir abordé. Et il voulait que tout le monde puisse la voir comme il la voyait. Il voulait que tout le monde puisse aussi profiter de ce qu’elle avait à apporter dans ce monde. Un peu de sa Lumière, qui avait déjà eu tous ses effets sur le cœur du Brunet. Hazel aussi abordait maintenant un sourire. Peut-être s’était-elle ravisée sur son envie de rencontrer Riku et Kairi et il serait toujours ravi de maintenir sa proposition, une fois qu’il les aurait retrouvés. Et il était toujours persuadé d’avoir raison sur ce sujet-là. Persuadé qu’ils s’entendraient bien tous ensemble, tous les quatre. Tous les trois. « D’accord, partons à l’aventure ensemble ! A la recherche de tes souvenirs perdus, et de Riku et Kairi : je suis sûr qu’on y arrivera ensemble. » Un petit rire s’échappa de ses lèvres, rien que d’y penser. Une nouvelle aventure. Une aventure avec Hazel : il lui semblait presque en avoir déjà vécu tellement avec elle. Comme si cela n’était pas leur première, ni leur dernière. Leur plus grande aventure inachevée pour l’instant restant celle de ce si curieux sentiment que pouvait être l’amour. Le fameux mot qu’il pouvait enfin mettre sur cette connexion si chère à son cœur. Comme si cette dernière avait attendu un nom depuis toujours, pour enfin se dévoiler aux yeux du porteur de la Keyblade. « Je le savais que tu étais fan d’aventures… » Remarqua le jeune homme à voix haute, se parlant peut-être plus à lui-même. Sa tête ne semblait parfois pas être assez grande et ouverte pour lui permettre de réfléchir correctement, ou alors c’était parce qu’il ne contrôlait pas son flux de paroles : les mots passants facilement la barrière de pensées à paroles. Alors que ses mains voulurent se poser derrière lui afin de lui donner un quelconque appui, sa main droite rippa sur la boîte de cookies qui semblait se trouver plus près de lui qu’il ne l’aurait voulu. Dans un petit bruit métallique, le couvercle ainsi que la boîte étaient allées s’entrechoquer finissant leurs courses retournées, sur le sable. Et il n’était pas difficile à deviner que le contenu, les derniers cookies restants devaient avoir subi le même sort.

Stupide maladresse. Lui qui avait mis tellement de temps à les faire, lui qui n’avait jamais mis un pied dans la cuisine hormis pour goûter et pour y manger. Il aurait pu pester contre lui-même Sora : parce qu’au fond il en était presque fier Sora. Il espérait juste que la petite qui l’avait aidé à les confectionner ne s’attendait pas à en avoir à son retour. Il aurait aimé lui en ramener pour lui faire plaisir, parce que c’était son idée à elle. Soit il arrivait peut-être à en sauver quelqu’un de la noyade, soit il était bon pour lui payer une glace à l’eau de mer, la prochaine fois. Dans un sursaut et même si le mal était déjà fait, le Brunet se rua sur la boîte métallique afin de se rendre compte du massacre qu’il venait de faire. Un petit soupir s’échappa de ses lèvres et une légère moue s’installa sur son visage l’espace d’un court instant. Exactement comme un enfant qui venait de casser l’un de ses jouets. « Oh non c’est pas possible ! ça n’arrive qu’à moi ça ! » S’était-il quelque peu écrié d’une voix assez énergique. La boîte retournée, il s’attela à rechercher les disparus de la boîte, pensant finalement avoir retrouvé le bon compte de petits gâteaux, certes maintenant recouverts de sable. Les époussetant légèrement, soufflant doucement dessus pour en retirer le plus de sable, il les reposa délicatement dans la boîte, prenant bien soin de bien fermer cette dernière. Ne voulant pas à nouveau subir le même sort. « J’ai tout gâché, hein ? » Avait soufflé, sa main venue automatiquement frotter l’arrière de son crâne, lâchant un petit rire nerveux. Il venait de l’embrasser, de découvrir ce merveilleux sentiment qu’Hazel avait fait naître en lui, et tout ce qu’il arrivait à faire, c’était à être maladroit. Encore plus que d’habitude. Mais au fond, ne serait-ce pas qu’une énième facette de la personnalité du Sora, qui le rendait si différent des autres ? Différent dans sa manière d’agir, différent dans sa personnalité, différent dans ses idées. Tout ce qui  pouvait faire son charme, inconsciemment, innocemment. Il pouvait déjà presque entendre le rire d’Hazel à ses oreilles, un rire qu’il trouverait encore plus cristallin que d’habitude. Comme son sourire qu’il semblait apprécier encore plus qu’auparavant. Encore plus maintenant, il ne voudrait plus que ce dernier quitte ses lèvres. Même si cela signifie des cookies échoués sur la plage. Même si cela signifie parcourir d’innombrables mondes pour le lui redonner. Et son cœur connaissait la réciprocité de ce sentiment qui semblait être la plus belle chose à ses yeux. Son innocence avait fait qu’il n’avait pas su quoi lui dire. Sa naïveté avait fait qu’il n’avait pas su quoi faire. Sa maladresse avait cassé cette gêne. Comment agir dans ces conditions-là, après s’être tellement ouvert à elle qu’il en était venu à l’embrasser. Cette impulsion toujours présente en lui, comme si son cœur en redemandait de ce contact avec ses lèvres douces et encore un petit peu salées. Au fond, sa maladresse n’était peut-être pas mal arrivée. Sora venait peut-être de mettre le doigt sur un sujet dont il ignorait encore beaucoup et où il avait encore tout à découvrir : son amour pour elle. Qui plus il le découvrait plus il grandissait en lui. Plus il grandissait pour elle.

Cette petite moue, ce sourire dont lui seul avait le secret : parfois Sora ressemblait tout juste à un gamin dans un corps d’un jeune homme de 17 ans. Tellement pur. Tellement innocent. Tellement naïf. Ses yeux manquaient de s’illuminer à chaque fois qu’il découvrait quelque chose de nouveau. Ce petit côté enfantin de sa personnalité, faisait certainement tout son charme. Alors qu’ici personne ne pensait comme lui : personne n’avait à la bouche les mots Lumière et Cœur. Certains se mettaient en couple pour une semaine, d’autres ne s’aimaient que pour une nuit. Eux connaissaient ce sentiment depuis longtemps, ou du moins pensaient-ils le connaître. Le jeune héros de la Keyblade le découvrait tout juste : Hazel avait réussi à mettre un nom sur cette connexion si importante à ses yeux. Ce sentiment si fort dont il venait tout juste d’apprendre le nom. Il savait que cela ne se reproduirait pas. Pas quelque chose d’aussi fort. Il ne voulait qu’il y ait une quelconque copie de ce sentiment par la suite. Au fond, ce que son cœur espérait, était de battre toujours et rien que pour elle. Pour cette personne à qui, il venait de donner son cœur pour la deuxième fois. Par deux fois il lui avait déjà donné son cœur. Aujourd’hui et lors de l’ouverture de Kingdom Hearts. Le jour où il avait retourné cette Keyblade contre lui, pour la libérer elle. Pour qu’elle puisse à nouveau sourire, rire et surtout vivre. Comme une deuxième chance. Aujourd’hui il aurait été prêt à tout recommencer s’il le fallait. A redevenir un Sans-Cœur, à se sacrifier à nouveau, à refaire le chemin à l’envers. Son cœur et sa Lumière n’appartenaient qu’à elle, au fond. Mais l’incident des cookies, ramenant le Brunet de ses divagations et tout comme son esprit l’avait prédit : le rire cristallin d’Hazel ne mit pas longtemps avant de se faire entendre. Sa maladresse ne semblait pas la gêner plus que cela, au contraire, son rire résonnait à travers toute la plage. Un rire clair et franc dont il avait été le déclencheur. « Ne dis pas de bêtises. Tu n'as rien gâché , tout est parfait, même les cookies le sont encore je pari. » Parfait ? Il n’en était plus sûr : du moins pour les petits gâteaux, pour le reste c’était tout autre chose. Il aimait tout de cette journée. Exactement comme la dernière fois. Voir même plus. Il ne voulait en perdre aucune miette. Il voulait que sa mémoire enregistre le moindre détail, même le plus insignifiant : comme la brise qui leur caressait parfois le visage. L’odeur d’eau salée qui émanait encore de ses cheveux rêches ou la douce chaleur du soleil sur sa peau. Même ces petits détails lui semblaient importants pour que cette journée reste magique…

Lâchant une petite grimace, n’étant toujours pas sûr du nouveau goût de ses gâteaux, son rire ne put s’empêcher de se déclencher à son tour, très légèrement. Comme si le rire d’Hazel était communicatif. Comme s’il était capable de rire de sa propre bêtise. Comme si sa maladresse faisait partie du décor, et qu’elle était totalement indispensable. « Même avec la plus grande volonté au monde, personne ne pourrait gâcher ce moment. » Ce regard qu’elle releva vers lui : Sora venait à peine de se rendre compte qu’il aurait pu se perdre dans ses yeux azurs qui le fixaient tendrement. Le temps aurait pu s’allonger ou défiler à tout rompre qu’il n’en aurait rien eu à faire. Au fond, il était presque heureux qu’elle riait de sa maladresse, sachant qu’il n’avait rien gâché. « Ce moment est unique Sora et je suis tellement heureuse de le partager avec toi. Tu ne t'imagines pas comme je suis heureuse. » Le sourire de Sora ne pouvait pas s’agrandir plus qu’il ne l’était déjà et pourtant un petit plus s’était retrouvé ajouté, face à ses paroles. « C’est vrai ? » La question était sortie innocemment de la bouche du Brunet. Elle était heureuse, elle avait le sourire sur les lèvres et l’instant d’avant elle riait même aux éclats. Face à cela, il était lui aussi heureux. N’était-ce pas ce qu’il lui avait promis ? Qu’il l’aiderait à profiter de ces moments précieux ? Qu’il l’aiderait à garder ce sourire sur son visage ? Quand il faisait la comparaison, avec la première fois où il l’avait rencontré, il avait l’impression de voir une toute nouvelle Hazel… Non, ce qu’il voyait enfin était la vraie Hazel. Celle qu’elle cachait avant : de peur de s’attacher aux gens, de peur de devoir les quitter tout de suite. Non, le pire dans cette histoire aurait été de ne jamais la connaître, qu’elle n’expose jamais cette véritable part d’elle qu’il aimait au fond plus que tout. Quelque part, il avait déjà tenu sa promesse et cette pensée le rendait fier. Fier de voir qu’il les tenait toujours. Que c’était quelque chose qui ne dépendait que de lui et non pas de son ancienne vie.

Son regard se détourna finalement de lui, se mordillant la lèvre, Hazel balbutia quelques mots, apparemment elle aussi gênée sur ce sujet-là. « Au sujet de .. ce baiser. » Alors finalement c’était une étape importante, quelque chose dont il fallait parler. Sa tête se penchait légèrement sur le côté, cherchant à capter à nouveau son regard. « J’ai fait quelque chose de mal ? » Mais à peine avait-il prononcé ces paroles, qu’il se maudissait d’avoir parlé aussi vite. Sans filtre. Comme d’habitude. Qu’est-ce qu’il aurait aimé pouvoir contrôler un peu plus son débit de paroles : les éviter de passer de pensées à paroles sans sa permission. Presque automatiquement, il ferma les yeux, lâchant un soupir contre lui-même. Il se serait bien détesté lui-même à l’heure actuelle. Rouvrant les yeux, il essaya de se rattraper, autant qu’il le pouvait. Autant que son cœur et son esprit voulaient bien travailler ensemble, main dans la main. « Ce que je veux dire c’est que… Je ne sais pas ce que je devrais faire, ce que je ne devrais pas faire… C’est la première fois que je ressens quelque chose comme ça pour quelqu’un, parce que tu as réussi à mettre un nom, une étiquette sur ce sentiment. Sur cette fameuse connexion. Je… » Là le filtre semblait bien être en place, alors qu’il aurait plutôt préféré qu’il ne soit pas là. Là il aurait voulu débiter comme il avait l’habitude de le faire. Avec toute l’assurance qui pouvait le caractériser. Pourtant il venait très certainement de tomber sur le sujet sur le plus délicat pour lui. Un sujet où il pourrait presque se retrouver timide. Sa main venait agripper presque par réflexe, le pendentif qu’elle lui avait donné. Ce pendentif en forme de paopou. Comme le destin qu’ils partageaient désormais.  « Mais aussi nouveau que ça puisse l’être, je sais ce que c’est. Je sens que je ne me trompe pas. Je sais que je ne peux pas me tromper sur cette connexion, Hazel. Tu es devenue beaucoup plus qu’importante à mon cœur que tu ne pourrais l’imaginer, beaucoup plus que j’aurais pu moi-même l’imaginer. Je sais très bien que c’est ce sentiment. Celui que dont tout le monde parle, dont tu m’as toi-même parlé la dernière fois, l’amour… » Le dernier mot avait à peine été soufflé de la part de Sora. Le seul sujet sur lequel il n’était apparemment pas à l’aise. Parcourir des mondes et contrecarrer les plans de l’Organisation XIII lui semblaient tout d’un coup beaucoup plus facile. Infiniment plus facile. « La question de départ, c’était quoi au fait ? » Secouant la tête, le Brunet lâcha un rire à son tour. Perdu qu’il était. Pataugeant dans la choucroute, il avait perdu le fil de leur conversation. Il avait uniquement perdu le fil, car il venait de se confier à elle, comme il ne l’avait encore jamais fait avec personne. Il n’avait jamais eu le temps de se poser, de réfléchir à tous ces sentiments qui bouillonnaient à l’intérieur de lui. Il n’avait jamais pu s’asseoir devant lui et entamer une introspection. Aujourd’hui il avait presque l’impression de le faire, face à elle. Face à Hazel. Sora ne se confiait pas simplement. Il faisait beaucoup plus. Il lui confiait ses sentiments. Avec toute la naïveté qui l’habitait, avec toute son innocence, il se confiait purement à elle sans aucun artifice. Aussi purement que son cœur le ressentait, son esprit le retranscrivait. Avec des accroches. Beaucoup d’accroches, lui qui découvrait tout juste ce sentiment si beau en lui. Il espérait qu’Hazel comprenait un tant soit peu ses paroles. Qu’elle serait capable elle, de réellement comprendre cette partie de son cœur qui lui semblait parfois encore si inaccessible. Qu’elle arrive à le déchiffrer et surtout qu’elle ressente la même chose pour lui…

« Oublie ma question. » Souffla-t-elle après s’être étendue sur le sable contemplant le ciel bleu qui s’offrait à eux. Ce n’était pas une remarque quelconque agacée ou un autre de ces sentiments néfastes. Il savait à son sourire, qu’il avait répondu à sa question, quelle qu’elle pouvait être au départ. Hazel avait compris quelque chose des paroles détachées de Sora. Elle les avait déchiffrées et sa réponse semblait être plus que satisfaisante pour la jeune femme qui ne le relança pas sur ce même sujet. Au fond, ils n’avaient pas besoin d’en parler, de s’exprimer pour savoir ce qu’ils ressentaient l’un envers l’autre. Le cœur de Sora savait qu’elle ressentait la même chose pour lui. Qu’ils partageaient cette même connexion si spéciale. Il l’avait su lorsque son cœur s’était autant emballé auparavant. Lors de ce premier échange qu’ils avaient eu. Un des souvenirs qu’il chérirait le plus en sa mémoire. Un silence agréable se déposa entre eux, et avec un sourire le Brunet détourna son regard vers l’horizon. Cela le faisait rire intérieurement : lui qui avait toujours parlé de cœurs, lui qui avait été baigné dans ce concept depuis ces dernières années. Il aurait pu penser le connaître mieux que personne, mais il n’avait jamais eu cette prétention. Il ne le connaissait pas mieux que personne, mais il y portait attention plus que quiconque. Et ce dernier au fond ne cessait de l’étonner. D’autant par ce qu’il contenait : ces connexions si importantes qu’il avait établi, ainsi que Roxas son Simili, et cette petite lumière qu’il avait recueilli par deux fois, alors qu’il n’était qu’un gamin. Mais la plus grande part de surprise se tournait dans la partie encore cachée de l’iceberg. Son esprit divaguait, se demandant même ce qu’il pouvait encore se cacher à lui-même au fond. Au fond de ce si beau sentiment. Au fond de son propre cœur même. Sora ne faisait pas attention aux gens qui l’entourait, ni aux paroles qui auraient pu être prononcées tout juste à côté de lui. Mais Hazel, elle sembla y faire attention. Même plus que cela. Du coin de l’œil, il la vit se rasseoir vivement avant de pencher légèrement en avant, afin de pouvoir lui chuchoter : « Tu as entendu ça? Sora, ils veulent faire exploser les étoiles ! » Ce dernier interpellé dû lâcher un intelligent petit « Hein ? » avant de se répéter mentalement les paroles de la jeune femme. Son visage était désolé, inquiet et triste à la fois. Elle avait vraiment entendu de telles paroles ? « Il faut les empêcher de les détruire Sora. Nôtre île fait parti de ses étoiles. Je ne veux pas qu'il la détruise ! »

C’était la première fois depuis son arrivée ici, qu’il entendait de telles paroles. Bien sûr au départ, il avait cru que son arrivée à Game City était calculée, qu’au fond ce n’était qu’un monde comme les autres qui avait besoin de lui contre les Ténèbres. Ou bien une huitième Serrure Endormie cachée. Mais il n’avait croisé aucun Sans-Cœur, aucun membre de l’Organisation, aucun Maître Xehanort. Aucun Ténèbres sous la forme qu’il leur connaissait. Il avait donc abandonné cette théorie depuis, ainsi que les hypothèses qu’il aurait pu formuler sur son arrivée. Mais si ce qu’elle lui disait été vrai, cela voudrait signifier qu’on avait toujours besoin de lui. Même sans Keyblade. Hazel, elle semblait bel et bien déterminée. Elle s’était déjà relevée, avait renfilé ses vêtements, alors que le Brunet n’avait pas encore bougé. Une aventure. Il pouvait presque voir l’excitation qui flottait dans ses yeux alors qu’elle lui tendait déjà la main, l’invitant à la suivre. « Je veux en savoir plus ! Pas toi? » Face à sa détermination si grande, Sora lâcha un petit rire, retrouvant lui aussi son désir d’aventure. Retrouvant une de ses meilleures amies : son adrénaline. « Allons-y ! » Avait-il déclaré en saisissant cette main tendue, se relevant à son tour. A son tour, il enfila à nouveau son T-Shirt et son bermuda et jetant son sac sur son épaule, il la suivit dans ce mystérieux périple. Ce mystérieux périple à la recherche des étoiles. Une large allée commerçante s’offrait à eux, en bordure de la plage et qui serait d’un commun accord silencieux, leur point de départ. Des épiceries, des magasins réfrigérés, des magasins en tous genres ou encore même des restaurants s’alignaient devant eux et savoir par lequel commencer aurait presque pu être leur plus gros dilemme. De la plus simple des manières, Sora décida finalement de commencer par le plus proche de leur position et qui accessoirement se trouvait aussi être le premier établissement de l’allée. Ce premier établissement se révéla être un restaurant totalement vide de clients : certes la soirée venait tout juste de commencer, même si le ciel encore si bleu ne le laissait pas présager, mais certains serveurs couraient déjà dans tous les sens pour la mise en place. La petite clochette annonçant l’entrée d’un client, semblait capter l’attention de toute l’équipe, ainsi que leur panique. « Hum excusez-moi, mais est-ce que vous savez quelque chose à propos de l’explosion des étoiles ? » Futur question qu’il posera encore longtemps après leur visite dans ce restaurant. Comme un soufflé, leur soudaine panique et pression sembla retomber et un rire s’éleva dans la salle, résonnant grâce aux grandes baies vitrées qui entouraient l’établissement. Un rire qui aurait presque pu sonner moqueur ou machiavélique à ses oreilles. S’il y avait bien une chose sur laquelle il ne fallait pas plaisanter, c’était sur la pseudo-destruction des étoiles. La pseudo-destruction des mondes. Là où il s’était tellement battu pour les protéger. Les mettre hors de portée des Ténèbres. Ils auraient pu leur hurler dessus à cet instant précis, mais il se contenta juste de froncer les sourcils, la mâchoire crispée. Il attrapa les épaules de celle qui l’accompagnait avant de la pousser doucement vers la sortie en lui soufflant : « Viens, on s’en va. »

L’établissement suivant, les deux aventuriers tombèrent sur un vendeur ici pour un job étudiant : à la simple prononciation de la question de Sora, il partit dans des explications de trous noirs, de planètes en dévorant une autre, auxquelles le Brunet finit par lâcher un bâillement. Un étudiant en physique, ou en astrophysique ; quelque chose du genre. Cela lui rappelait tellement ses cours qu’il aurait presque pu s’endormir sur place, s’il écoutait encore une parole de plus. Ce n’était définitivement pas ce qu’ils cherchaient. L’Elu n’avait jamais eu besoin de maîtriser aussi bien la physique pour pouvoir sauver ces mondes. Sinon la Keyblade aurait définitivement choisi quelqu’un d’autre que lui. Quelques autres établissements et autres spécimens passèrent avant qu’ils ne se retrouvent dans une épicerie. Une épicerie tenue par une vieille femme, certainement depuis sa création. La même question lui fut également posée avec enfin la réponse tant attendue. L’explosion des étoiles : est-ce que c’est une nouvelle expression jeune pour parler du feu d’artifice ? Un petit garçon parlait de la même chose que vous, il y a une heure avec sa mère. Vous savez les jeunes, il y a un feu d’artifice ce soir que vous pourrez voir de la plage : mais ce sont juste des artifices colorés qui explosent, rassurez-vous aucunes étoiles n’explosera ce soir !. Un feu d’artifice… En avait-il déjà vu un ? Si c’était le cas, il n’avait pas dû savoir son nom en le voyant. Il la remerciait-il avec un sourire. Cette dernière passa à côté du Brunet et lui ébouriffa les cheveux comme elle aurait pu le faire à un petit gamin, avant d’aller s’occuper d’autres clients à la caisse du magasin. « Un feu d’artifice, donc pas d’étoiles qui explosent, c’est ça ? Tu veux rester et voir à quoi ça ressemble, Hazel ? » Sora s’était finalement retourné vers elle pour le lui proposer. Après tout, il ne rentrait jamais à l’heure à l’orphelinat, ce ne serait qu’une réprimande de plus à rajouter à son interminable liste. Et puis cette histoire avait attisée sa curiosité, il voulait voir à quoi cela pouvait ressembler. Alors que lui n’y voyait qu’une simple demande, d’autres auraient presque pu y voir l’annonciation d’un rendez-vous. Différenciation que l’esprit de Sora ne savait encore faire. Au final, les étoiles n’avaient pas besoin de lui. Au contraire, elles se donneraient presque en spectacle, rien que pour eux deux…

Les étoiles : il aurait presque pu les considérer comme ses amis au vu du temps qu’il avait passé à les parcourir. A les découvrir. A les sauver. Auraient-elles encore besoin d’aide alors qu’ici, il n’avait définitivement plus les mêmes pouvoirs qu’auparavant. Sans Keyblade, pourrait-il faire encore quelque chose ? En se relevant, Sora avait pris sa décision : si cette dernière l’avait choisie c’était pour la pureté de son cœur. Avec ou sans elle, s’il était persuadé de pouvoir faire quelque chose, alors rien ne pourrait l’arrêter. Cela lui était déjà arrivé, au fond. Il s’était déjà retrouvé sans elle. Certes durant un laps de temps beaucoup plus court, mais il avait déjà eu cette sensation. Celle qu’il pouvait ressentir s’il se concentrait suffisamment. Elle avait toujours hésité entre les deux meilleurs amis, avant d’adopter définitivement le Brunet. Ce jour-là, à la Forteresse Oubliée, elle lui avait glissé des mains pour aller chez un Riku déjà posséder par Ansem. Ce jour où il s’était retrouvé sans défense. Sans défense jusqu’à ce qu’il réalise que son véritable pouvoir venait de son cœur : la Keyblade n’avait été qu’attirée par ce dernier. En se relevant avec l’aide Hazel, il retrouvait cette même confiance que lui avait redonné à l’époque Donald et Dingo, qui au final avaient préféré suivre leurs amis plutôt que celui qui portait la Keyblade. Mais finalement les étoiles n’avaient pas besoin d’eux ce soir-là. Elles n’étaient pas en danger. Un simple malentendu, les avaient mené à faire le tour de tous les magasins. Et quelque part Sora en était rassuré. Que ses amies n’aient rien. Qu’elles n’étaient pas menacées. Non, ce danger n’était qu’un fameux feu d’artifice : un étrange rituel où le ciel obscur se coloraient, de il ne savait trop quelle manière, de milles et une couleur.  Cette vieille dame leur avait finalement apporté la réponse tant attendue : et un léger soupir de soulagement s’échappa des lèvres du jeune homme. « Je veux voir toutes ses couleurs. » Répondit-elle à l’invitation de Sora de regarder ce feu d’artifice ensemble. Son sourire était tout aussi radieux que le sien, comme si leurs angoisses étaient déjà lointaines, rassurés par ces sages paroles. Le tirant par la main à l’extérieur de la boutique, Hazel laissa éclater son excitation. « On va voir un feu d'artifice. On va voir un feu d'artifice ! » Elle finit même par attraper la deuxième main de Sora qui laissa échapper un rire. Cette excitation soudaine était presque communicative. Il avait l’impression de voir son propre sentiment, sa propre joie soudaine au fond de ses yeux.

« On a le temps de manger quelque chose avant que le feu d'artifice commence. Je t'invite ! Dis moi ce qui te ferais plaisir, après tout, je te dois bien ça. En revanche, je refuses de retourner au restaurant de toute à l'heure, on pourraient juste prendre quelque chose à grignoter et repartir sur la plage pour attendre le feu d'artifice. Il m'a semblait avoir vu de bonnes choses dans l'épicerie de la vieille dame. Retournons-y ! » Le Brunet n’eut même pas le temps de dire quelque chose. De lui dire qu’elle ne devait pas se sentir obligée, qu’elle le tirait déjà, voir même à nouveau ; à l’intérieur de l’épicerie qu’ils venaient de quitter sur un coup de tête. La clochette sonna plus vigoureusement cette fois-ci, transmettant toute la nouvelle impatience des deux jeunes gens. Cette épicerie était de loin la plus sympathique, qu’ils avaient exploré depuis le début, et il était hors de question pour lui aussi de retourner au restaurant de tout à l’heure. Jamais de la vie, il ne retournerait là-bas. Il serait trop irritable s’il retournait là-bas. La moindre petite parole, le moindre petit geste de plus aurait pu le faire sortir de ses gongs. C’était eux les idiots, en ne faisant pas attention aux étoiles. Les pauvres qui ne connaissaient pas tous les mondes qu’elles pouvaient cacher, ainsi que la Lumière dans laquelle ils baignaient.  « Aucunement négociable d’y retourner plutôt ! » Lâcha-t-il avec un rire. Son regard finalement se posa sur le décor qui l’entourait, sur toutes ces étagères et ces rayons remplis et son estomac laissa entendre un petit gargouillement. Sora était un vrai estomac sur pattes : il aurait pu manger à n’importe quelle heure, n’importe quoi, sans pour autant prendre un gramme. Sans pour autant endommager, la condition physique qu’il avait acquiert au fur et à mesure de ses aventures.  Avec un petit rire, il porta sa main libre jusqu’à son ventre, certainement dans l’espoir d’atténuer le bruit. Il savait très bien qu’il ne s’arrêterait que lorsqu’il serait en dehors de l’établissement. « Et si je te laissais choisir, t’en penses quoi ? Tu es certainement plus calée que moi dans ce domaine. Tu n’auras qu’à choisir ce que tu veux, je… Je mange tout ! » Lui proposa-t-il avec un rire. Au cas où si elle ne l’avait pas encore compris. Mais il était sûr qu’elle avait déjà compris la nature du Brunet. Sa nature et son estomac par la même occasion.  « Moi je vais aller nous trouver un endroit pour attendre et regarder le feu d’artifice, d’accord ? » Avoir le Brunet faire les courses avec elle, lui ferait littéralement exploser ses maigres économies, et il ne le voulait pas. Il avait compris que ce geste devait certainement être pour les cookies qu’il avait rapportés. Si elle l’avait laissé parler, il lui aurait dit que ce n’était pas la peine. Mais quelque chose dans son regard, l’avait défendu de refuser. Lui serrant la main un peu plus, il la lâcha finalement avant de sortir du magasin et de faire tinter une nouvelle fois la petite clochette.

Non pour le bien de l’humanité, il valait mieux qu’il sorte. Face à la plage, il riait tout seul en repensant à la raison qui les avait amenés jusqu’ici. Il suffisait de parler d’étoiles pour que les deux soient partis à l’aventure, quittent à s’attirer les rires et les moqueries des autres commerçants. C’était eux les pauvres, qui ne pouvaient pas rêver comme Sora et Hazel étaient capable de le faire. Traversant les quelques mètres qui le séparait de la plage, il remarqua qu’il y avait déjà un peu plus de monde qu’auparavant. Comme si c’était quelque chose dont tout le monde connaissait l’existence, et qu’eux aussi n’attendaient que cela. Le jeune héros retrouva rapidement l’endroit où ils avaient établi leur campement auparavant et il décida de s’installer à nouveau ici. Un peu plus en retrait qu’auparavant, afin de pouvoir et regarder l’horizon de plus loin, et de regarder ce qu’il se passait juste au-dessus de leurs têtes. Il savait qu’il y aurait un feu d’artifice, mais d’où les artifices seraient tirés, il n’en avait aucune idée. Et puis cet endroit serait plus facile à retrouver pour Hazel, lui qui était finalement parti sans lui indiquer par où il s’installerait. Cet endroit lui avait semblé logique, car elle devrait commencer ces recherches par ici. Même si sa logique n’était pas la meilleure. Posant son sac sur le sable, Sora s’allongea se servant de ce dernier comme un coussin, ses deux mains derrière la tête. Sa serviette n’était certainement pas sèche et puis un petit peu de sable n’avait jamais tué personne. Au pire, il en mettrait plein sa chambre. Il ferma doucement les yeux. Profitant des rayons du soleil qui commençait petit à petit à décliner légèrement, de la brise qui soufflait doucement. Il se serait presque cru à la maison. Lui qui n’avait pas mis les pieds à la plage de Game City, il savait que cet endroit deviendrait maintenant son préféré. Après leur petit endroit de verdure caché. A lui et à Hazel. La simple énonciation de son prénom faisait reprendre à son cœur, sa folle course. Elle n’était pas loin. Il ne l’avait quitté que depuis quelques instants mais sa présence lui manquait déjà. Il ne s’était juste pas rendu compte à quel point, il avait besoin de sa Lumière… Son esprit somnolait déjà à moitié, lui qui avait tellement l’habitude de faire la sieste sur la plage, au-lieu de construire le radeau avec Riku. Sa respiration se calmait. Ses traits semblaient être encore plus enfantins lorsqu’il dormait. Il pensait pouvoir l’entendre lorsqu’elle reviendrait, mais peut-être serait-elle obligée de le réveiller quand même. De lui faire peur, comme il l’avait fait cet après-midi, lorsqu’il avait posé ses mains sur ses yeux, lui demandant qui pouvait bien être à l’heure pour une fois. Il n’attendait qu’elle pour se réveiller. Elle et le feu d’artifice, qui était leur programme pour la soirée…

Sans s’en rendre compte, le Brunet avait choisi ce lieu : l’endroit où il avait campé auparavant, non pas seulement à cause de la logique très simpliste. Pas uniquement. Pas uniquement parce qu’ils étaient éloignés des enfants aussi surexcités qu’eux deux. Pas uniquement parce qu’ils étaient éloignés des parasols et donc de la raison des adultes qui pourrait leur faire perdre la magie de ce feu d’artifice. Non, cet endroit précis semblait maintenant avoir une réelle signification pour le cœur de Sora. L’endroit où ils s’étaient embrassés pour la première fois : la réelle signification qui se cachait derrière ce nouveau campement, à cet endroit précisément. Un souvenir qui sera égoïstement gardé par son cœur. Allongé sur le sable, se servant de son sac comme d’un oreiller, il ne lui fallut pas beaucoup de temps avant de somnoler légèrement. Avant de laisser partir son esprit. De l’abandonner et de se laisser plonger dans un sommeil léger. Avec sa respiration légère, ses traits devenaient encore plus enfantins : on aurait dit que son sourire ne le quittait jamais. Un vrai visage paisible. Autour de lui, n’importe quoi aurait pu se passer que son visage resterait impassible. Comme si lorsqu’il dormait, plus rien ne comptait. Tout ne pouvait être que rêve. Il avait déjà entendu cela Sora. Le jour où lui-même s’était endormi, le jour où son meilleur ami avait dû combattre les Ténèbres à l’intérieur de son propre cœur qui menaçaient de prendre possession de ce dernier, retranché derrière une forteresse ; derrière une armure pour se protéger. Même après cela, il n’avait jamais eu peur de dormir à nouveau. Il n'avait jamais eu peur de fermer les yeux à nouveau. Au fond, tous les deux n’avaient qu’essayer de le protéger. Chacun à sa manière. Et finalement, il n’avait retenu que cela, le jeune héros. Même si cette armure, il n’avait jamais su d’où elle venait. Il avait juste senti les efforts d’une autre personne pour le protéger. Les efforts d’une autre Lumière à l’intérieur de son cœur, voulant les sauver tous les deux. Perdant la notion du temps, il ne saurait dire depuis combien de temps il avait quitté Hazel. Depuis combien de temps, il était sorti de l’épicerie. Depuis combien de temps, il somnolait déjà sur la plage. Mais aucun bruit d’explosion, aucun bruit d’artifice explosant n’était parvenu jusqu’à ses oreilles. Il n’était donc pas encore en retard. Pour une fois. Et cela suffit à son esprit pour replonger dans son sommeil, laissant son ouïe en stand-by ; espérant qu’elle serait prête à l’avertir du moindre changement…

Il n’avait pas entendu ses pas atténués par le sable. Le Brunet avait juste senti un souffle chaud sur son visage, avant d’entendre une voix s’élever. Une voix qu’il aurait reconnue entre milles et cela même s’il dormait à moitié. « Je savais que je te trouverais la en train de dormir. Espèce de fainéant. » Sortir de l’inconscience semblait être l’étape la plus difficile pour lui. Comme d’habitude. Son rire cristallin et proche de lui, lui arrivait jusqu’aux oreilles. Il aurait certainement rit à son tour, s’il avait été un peu mieux réveillé que cela. « Si tu ne te réveilles pas tu n'auras pas le droit à ma surprise. Dommage.. » Lâchant un bâillement discret et silencieux, il garda les yeux fermés, même s’il était bien réveillé maintenant. Presque piqué gentiment au vif d'être qualifier de fainéant. « Je ne suis pas un fainéant, j’ai travaillé dur ! J’ai quand même dû chercher cet endroit ! » Il pouvait presque déjà entendre les futures taquineries d’Hazel, sur le fait qu’il avait choisi le même emplacement que tout à l’heure et qu’au fond, c’était presque de la triche. C’est de la triche Sora ! C’est exactement le même endroit qu’avant ! Si ça c’est pas de la fainéantise ! Comment peux-tu dire que tu as travaillé dur ? Elle n’avait même pas besoin de les énoncer qu’il les entendait déjà. Ses taquineries. Qu’il entendait presque déjà son rire qui allait avec. Et justement avec un rire, il continua : « D’accord, certes, c’est le même endroit que tout à l’heure, je te l’accorde. Mais c’est le meilleur endroit : loin des autres, des adultes et de leurs enfants et des parasols, qui nous gâcheraient la vue ! Et puis, c’est ici qu’il y a les plus jolies lumières. » Il les avait remarqués ces lumières. Comme des guirlandes accrochées à un bâton et planté dans le sable. Des kilomètres de guirlandes qui s’étendaient tout le long de la plage.  C’était ceux qui s’occupaient du feu d’artifice qui avait dû faire cela. Histoire d’apporter un peu de lumière aux gens, le temps d’attendre la nuit noire et de pouvoir commencer cette explosion de couleurs. Presque comme pour répondre à l’affirmation de Sora, il sentit les lumières décoratives de la plage s’allumer juste au-dessus de leurs têtes. Même les yeux fermés, il put remarquer le changement de luminosité.

Voulant lui aussi profiter de ce spectacle, le Brunet ouvrit enfin les yeux. Il lâcha un hoquet de surprise, sa main se portant automatiquement à son cœur, en voyant le visage de la jeune femme tout juste au-dessus du sien qui finit de le réveiller totalement. Son visage semblait encore plus radieux sous ce nouvel éclairage. En effet, les reflets orangés du ciel qu’il avait encore pu observer avant de s’endormir avaient maintenant laissé place à une couleur plus foncée. Du moins pas encore assez pour que le feu d’artifice puisse commencer. Derrière elle, il voyait les lumières. Certaines de différentes couleurs mais des couleurs douces et chaleureuses. Elles brillaient presque comme des lucioles. Et même Sora finit par se convaincre lui-même, que ce n’était pas la logique même qui l’avait menée jusqu’ici mais peut-être plutôt ces lanternes. Ces belles lanternes. Si un feu d’artifice était capable de créer d’aussi jolies couleurs qu’il avait sous les yeux, il ne pourrait qu’être émerveillé. Face à cette tradition qu’il ne connaissait pas. Cette vision presque idyllique, fit rater un battement à son cœur. Reportant rapidement son attention sur celle qui l’accompagnait, il ne put s’empêcher de lâcher un sourire face à elle. Ces yeux qui découvraient la même chose que lui, étaient tout aussi pétillants. Ou du moins, c’était ce qu’il pouvait imaginer. Il aimait ces yeux-là. Ces yeux et ce sourire. « Je suis réveillé ! Et maintenant que tu as vu ma surprise, dis-moi c’est quoi la tienne ? » Insistant légèrement sur le mot « tienne », les yeux de Sora pétillaient eux aussi, mais de curiosité maintenant. Un ton un peu plus aigüe. Un sourire innocent sur les lèvres. Presque une petite bouille enfantine que ses traits avaient gardés. Tel un grand gamin, il aimait les surprises. Et même si la sienne était totalement improvisée, il voulait voir ce qu’Hazel avait derrière la tête. Ce qu’elle avait bien pu faire pendant qu’il n’était pas. Pendant le petit temps où ils s’étaient séparés tous les deux. Penchant sa tête encore un peu plus en arrière, glissant doucement sur son oreiller de fortune, il put apercevoir le petit panier qu’elle souhaitait cacher dans son dos. Ce petit panier qui avait été la raison de leur brève séparation. Sora ne se redressait pas. Du moins pas encore. Il savait qu’en passant trop près de son visage, son cœur raterait un nouveau battement, et sous l’impulsion qui le caractérisait il l’aurait embrassé à nouveau. Et pour une fois quelque chose dans sa tête lui disait de contrôler son impulsivité. Et pour une fois, pour peut-être la première fois de sa vie, il l’écoutait. Reportant une énième fois son attention sur la jeune femme, un large sourire vint étirer ses lèvres ; lui montrant qu’elle ne pouvait plus cacher sa trouvaille de l’épicerie. Qu'il avait démasqué ce panier. Qu’elle allait devoir lui avouer sa surprise à son tour. Avec encore un petit peu de temps devant eux, avant que le ciel ne s’illumine.

De simples petites lumières, un simple éclairage quelque peu coloré. D’autres personnes n’auraient pas appelé cela une sortie pour le Brunet, cela en méritait le qualificatif. Ces lumières en méritaient le qualificatif, car il pouvait sans l’avoir sous les yeux, voir déjà les yeux de la Brunette pétiller face à cela. Elle n’était pas comme la plupart de leurs camarades, comme la plupart des filles qu’il avait déjà pu croiser au lycée. Elle n’en avait que faire de toutes ces choses superficielles, sa vie ne se résumait pas à un écran interposé, à rester enfermer derrière celui-ci. Parfois il avait presque l’impression que toutes ces personnes au fond n’étaient que prisonnières de la Grille tout comme Tron, son ami numérique l’avait été. Mais contrairement à lui qui aurait voulu explorer le monde extérieur, le monde d’où le jeune héros dont il avait croisé la route venait, eux semblaient ne pas être retenus contre leur gré. Comme s’ils voulaient être ici. Hazel était différent, elle était tout aussi innocente et pure que lui, s’émerveillant encore de tout et de rien. D’un coucher de soleil, d’un éclairage soudain pleins de couleurs ou encore d’un feu d’artifice. Les deux jeunes gens se ressemblaient sur beaucoup de choses et cela n’était pas uniquement dû au fait qu’ils partageaient des souvenirs en commun. Plus que cela, il partageait la même vision : elle avait été la première ici à croire en sa Lumière. A croire toutes ses histoires sur les cœurs et leurs connexions, sur la Lumière qu’ils pouvaient en dégager. Tous ces concepts qui semblaient tellement manquer aux gens d’ici. Peut-être ne s’en rendraient-ils jamais compte. Peut-être qu’on ne pouvait réellement se rendre compte de la puissance d’un cœur, seulement lorsque ce dernier était menacé. Menacé par des Sans-Cœurs, menacé par la maladie. Et la première avec qui il partageait à présent ses souvenirs de l’Île du Destin : les vrais souvenirs, la véritable histoire. Pas juste la tempête mais les Ténèbres qui l’avaient engloutis. Et pour couronner le tout, il avait été jusqu’à lui confier son propre pendentif, sa propre Keyblade. Quand il y repensait, quand tous ces souvenirs lui revenaient en tête, il n’avait pas l’impression de ne la connaître que depuis quelques semaines. Son cœur lui disait qu’ils se connaissaient depuis toujours. Comme si son cœur la connaissait depuis toujours. Comme si cette place si précieuse auprès de lui, lui avait toujours été réservée. Rien qu’à elle. Rien qu’à Hazel.

Sa remarque et son anticipation semblait la faire rire à son tour et les yeux pétillants elle semblait à son tour observer ces différentes lumières. Sa petite surprise totalement improvisée semblait avoir l’effet escompté et cela le fit sourire un petit peu plus encore. Le petit panier caché derrière Hazel n’échappa pas finalement au regard de Sora qui lui demandait déjà à voix haute et silencieusement ce qu’elle avait pu préparer. Lâchant d’une main le dit panier, elle le fit passer devant elle, le plaçant juste au-dessus des yeux du Brunet. « Taaada ! Bon pour ce qui est du panier j'y suis pas pour grand chose, en revanche pour le reste. » Il n’aurait su dire combien de temps ils s’étaient séparés. Depuis combien de temps il était parti de l’épicerie. Mais il remarqua qu’elle s’était donné du mal durant ce petit laps de temps. Rien qu’à la vue de ce dernier, il sentait la menace de son estomac l’avertir pendant que la jeune femme retira ses sandales, venant s’installer à ses côtés. Ce dernier se redressa, époussetant rapidement les quelques grains de sable qui auraient pu s’installer sur ses vêtements, lui qui s’était couché à même le sable. Certains semblaient avoir déplié une serviette pour ne pas salir : le sable était décidément la dernière des préoccupations de Sora. Ouvrant délicatement le panier, dépliant les serviettes qui avaient pu protéger le repas durant son petit voyage, une agréable odeur s’en échappait déjà. Une odeur qui ne manqua pas de venir réveiller l’estomac grognon du Brunet. « Je crois que ça sera suffisant en attendant les feux d'artifices non? » Avec un petit rire, il lui fit signe d’un hochement de tête que cela serait amplement suffisant. Hazel lui tendit un des sandwichs qu’elle avait préparé, il le saisit délicatement lui laissant le temps de s’en sortir un pour elle-même avant de mordre dans le sien. Sans se faire prier. Un sandwich : certains pourraient dire qu’un sandwich reste un sandwich mais le Brunet sentait toute la différence. Peut-être parce qu’il avait l’habitude de goûter des choses maintenant : Lara lui avait d’innombrables gâteaux. D’innombrables sucreries auxquelles il avait toutes goûtées, sans craindre la crise de foie. Dans tous ses gâteaux, malgré le goût qui différait, il y avait toujours un ingrédient unique. Un ingrédient qui revenait à chaque fois. Celui de vouloir faire plaisir. Et il retrouvait la même chose actuellement : cette même envie qui venait de la part d’Hazel.

Les jambes repliées presque contre lui, presque contre son torse, pendant qu’il mangeait il ne cessait d’observer l’horizon, d’observer les premières étoiles apparaître. Ce ciel qui s’offrait à eux, lui semblait encore plus beau que les autres jours. Que les autres jours où il avait pu le voir de sa chambre. Que les autres jours où il avait pu le voir du parc. Conscient que la jeune femme attendait certainement un verdict du jeune homme, tout comme plus tôt il avait voulu savoir s’il s’était bien débrouillé avec ses cookies, il reporta son attention sur elle : « C’est super bon, Hazel ! Merci à toi ! J’ai déjà hâte de goûter à ce que tu vas faire, la prochaine fois ! » Il ne se ferait pas prier avec elle, pour goûter tout ce qu’elle aurait à lui proposer la prochaine fois. Son estomac ne craignait pas l’indigestion. Lorsqu’il porta à nouveau son regard sur ce qu’il se passait autour d’eux. Parce qu’au fond, beaucoup de personnes semblaient les avoir imités. Beaucoup de personnes sur la plage avaient eux aussi choisi de pique-niquer. Armés de grandes couvertures pour ne pas avoir du sable partout. Armés de grandes glacières, de gobelets et de bouteilles en plastiques en tout genre. Mais la simple et presque rusticité du leur : de leur pique-nique à eux deux, était ce qu’il aimait le plus. Ce qui semblait également les démarquer des autres. Mais d’autres ne semblaient pas apprécier leurs présences ici, le visage fermé, renfermé ; aucune émotion hormis de l’ennui ne semblait transparaître chez eux. Ce qui eut au moins le mérite de faire décrocher un petit rire au Brunet. « Si un jour je deviens comme ça, par pitié donne-moi un coup sur la tête. » D’un petit coup de tête, il indiqua la direction à la jeune femme, de la fameuse personne concernée. Même si cela ne lui arriverait probablement jamais, il voulait être sûr que quelqu’un soit là pour lui remettre les idées en place. Rien qu’à cette pensée son rire reprit de plus belle. Apparemment leur patience allait être très vite récompensée, ils avaient tout juste eu le temps de terminer leurs sandwichs que les lumières s’éteignirent à nouveau, annonciatrice de la bonne nouvelle. Celle du moment où le feu d’artifice allait commencer. Posant ses mains dans son dos, il avait une parfaite vision sur l’horizon et sur le ciel. Sa main tout proche de celle d’Hazel, il tourna la tête une dernière fois vers cette dernière avant qu’un sourire ne s’étire sur son visage. Il était plus qu’heureux de partager ce moment avec elle. Avec elle et personne d’autre.

Dans un murmure à peine audible, son ouïe capta le remerciement timide de la Brunette à son côté. Un sourire étira ses lèvres à son tour : elle semblait beaucoup plus douée que lui, lui ne maîtrisant que ces simples cookies qui avaient fini par la même occasion dans le sable cet après-midi. Maladresse incontrôlée. Et encore serait-il capable de les refaire sans l’assistance de la demoiselle en chef ? Pour éviter d’empoisonner tout le monde, il évitera de tenter cette expérience dans les jours qui suivent. Ou pour le bien de l’Humanité, il éviterait de tenter cette expérience, seul. Un petit rire s’échappa finalement des lèvres d’Hazel lorsque ce dernier lui fit une remarque concernant une personne au caractère exécrable à portée de vision. Sora et sa répartie. Sora et son sens de l’humour. Sora et son sens de la parole. Presque pire qu’une fille : on aurait dit que ce dernier ne supportait pas les silences. « Ne dis pas de bêtises Sora ! Tu ne deviendras jamais comme ça. » Le rire du Brunet vint répondre en écho au sien, il s’était presque attendu à recevoir une petite tape sur l’épaule mais rien ne vint finalement. Ça ne l’aurait presque pas étonné un tel geste. Pourtant ce n’était pas faute d’avoir essayé : d’avoir essayé d’engloutir le cœur du Brunet. D’avoir essayé de le noircir. D’avoir essayé de le faire changer : de le faire devenir une vraie petite marionnette. D’avoir essayé de le faire devenir le Treizième vaisseau de l’Organisation. Mais à chaque fois quelque chose s’était révolté en lui. A chaque fois, quelqu’un était là pour le protéger. Pour l’en empêcher. Roxas, Riku, Ventus. Et derrière cette remarque si anodine, qui pour d’autres semblaient n’avoir ni queue ni tête, Sora connaissait le cheminement de ces pensées. Par cette simple remarque, il lui montrait qu’elle avait, elle aussi rejoint cette place si spéciale. Une énième place si spéciale qu’elle ne connaissait pas : celle où il la croyait capable de se défendre tout aussi bien des Ténèbres. Celle où il la croyait capable de défendre la Lumière. Et pourquoi pas aussi, la Lumière de son cœur à lui s’il en avait réellement besoin. Au fond, Hazel ne pouvait pas comprendre cette signification particulière et peut-être qu’au fond, ce même cœur gardait égoïstement ce message pour lui-même. Après un dernier regard dans sa direction et un dernier sourire, les lampions s’éteignirent les uns après les autres, plongeant doucement la plage dans l’obscurité. La meilleure des conditions pour observer le spectacle qui les attendaient. Personne autour d’eux ne semblait paniquer, et Sora s’en remit à leurs jugements, dirigeant son regard vers le ciel.

Il la sentit se rapprocher un peu plus de lui, se rappelant soudainement qu’elle avait une sainte horreur de l’obscurité. Leur retour de la dernière fois résonnait dans sa tête. Le bruit de la lampe de poche, sa blague : celle où il lui avait dit qu’elle avait marché sur un truc visqueux. Son cri perçant qui suivit en réaction. Ainsi que le rire qui suivit presque automatiquement en se rendant compte de la bêtise de Sora. Au fond ce soir serait un énième soir où elle devrait combattre sa peur, en faire abstraction l’espace d’un instant pour pouvoir voir toutes ces belles choses. Un bruit strident et presque assourdissant vint résonner dans ses oreilles. Uniquement assourdissant car c’était la première fois qu’il l’entendait. Quelque chose sembla décoller par la même occasion d’un lointain point dont il n’aurait su identifier l’emplacement. Le jeune héros suivit du regard autant qu’il le pouvait ce nouveau projectile, très vite suivit par un autre. Deux autres. Plusieurs autres. Qui tous perdirent leurs traînées lumineuses au bout de quelques instants, les rendant indétectables. « Qu'est-ce que.. » Hazel à ses côtés eut à peine le temps d’ouvrir la bouche, que ces projectiles explosèrent et colorèrent le ciel, exactement comme la vieille dame de l’épicerie leur avait dit. De belles couleurs éclairaient maintenant le ciel : des couleurs pétantes, vives et joyeuses. Ce mélange de couleurs, il n’aurait su dire quel projectile avait créé quelle couleur mais le mariage était juste parfait. Sora ne put s’empêcher de lâcher un petit « Waouh… » Il n’avait jamais rien vu d’aussi beau. Ses yeux brillaient face à ce spectacle, encore plus que ceux des enfants environnants. Encore plus que n’importe quelle personne. Un énième sourire vint s’accrocher à ses lèvres, pendant que d’autres projectiles illuminaient le ciel, changeant de formes et de couleurs comparés aux précédents. Au fond c’était quelque chose qu’il n’avait jamais vraiment vu dans un autre monde. Ou alors il n’en avait pas un aussi beau souvenir que ce soir. Un souvenir unique, gravé dans sa mémoire, comme il serait gravé dans l’esprit de celle qui l’accompagnait.

Sa main, plus petite que la sienne, quelque peu froide vint se poser sur celle de Sora et inconsciemment, son admiration laissait place à un petit sourire face à son geste. Toujours absorbé par ce spectacle, le Brunet n’avait pas remarqué qu’Hazel s’était désintéressée l’espace d’un instant de ce feu d’artifice pour se retourner vers lui. « Merci Sora. » Ses paroles lui parvinrent jusqu’aux oreilles, il tourna immédiatement la tête vers cette dernière : « Qu’est-ce que… » Malgré la faible luminosité, la simple lumière des feux d’artifice lui permettaient de voir son visage, certes coloré dû aux reflets de certaines couleurs mais il pouvait tout de même la voir. Ses yeux semblaient humides et la larme perlant sur sa joue ne passa pas inaperçu aux yeux de Sora. « Hé mais tu pleures ? » Mais pourtant quelque chose au fond de lui savait que ce n’était pas de la tristesse. Cette larme n’était pas une larme de tristesse. Ses yeux exprimaient bien plus que cela. Moi Sora, je n’ai que toi. Son cœur avait bel et bien enregistré les paroles de la jeune demoiselle plus tôt et son cœur comprenait son discours  silencieux. Celui qu’il aurait dû lire entre les lignes. Celui qui le remercier de la faire revivre. Celui qui le remercier d’être à ses côtés et d’avoir partagé sa Lumière avec elle. Le remercier de ne pas avoir baissé les bras, d’être passé au travers de chacune de ces barrières, sans réprimer les coups qu’il pouvait prendre au passage. Sora avait foncé tête baissée comme d’habitude. Ou peut-être pas. Sans réfléchir ni à la situation, ni à un pseudo-embarassement, la main du jeune Elu vint se poser sur la joue d’Hazel afin du bout de pouce d’effacer cette petite perle d’eau salée. Son visage était trop proche du sien. Beaucoup trop proche. La douceur de son visage sous sa main. Son cœur ne résista pas longtemps, son mouvement dicté par ce dernier : il ne put s’empêcher de déposer ses lèvres contre les siennes. Un sentiment indescriptible affolait son cœur à chaque fois. S’embrasser sous ce feu d’artifice, cela semblait être un tout autre moment magique. Comme si ce petit geste de Sora en était un à part entière en plus du spectacle se déroulant sous leurs yeux. Un moment qui était pourtant à ses yeux tout aussi magique que le premier. Aussi magique que la première fois où il l’avait embrassé. Avec ce même sentiment si beau qu’il venait de découvrir. Le petit plus résidait peut-être dans les lumières, qu’il ne fallait après tout rater sous aucun prétexte. Les lumières telles des flashs continuaient d’illuminer le ciel, mais il avait la sensation que ce genre de spectacle ne pouvait pas durer indéfiniment. « Tu auras tout le temps de me remercier plus tard, si tu veux. Mais tu m’en voudrais si on ratait le final, non ? » Lui avait-il soufflé après s’être séparé d’elle, avec un petit rire, comme s’ils étaient seuls sur cette plage. Comme si personne ne les entouraient. Comme si c’était leur moment à eux, et à personne d’autres.  Bien sûr qu’il voulait voir le final : et il savait qu’elle ne lui en voudrait pas. Mais c’était Sora. Sora et sa manière de voir les choses.  Puis après tout, le final était le plus beau moment du feu d’artifice. Le moyen de faire pétiller leurs yeux encore un peu plus. Ecartant son bras qui se trouvait du côté d’Hazel, il lui offrit de venir un peu plus près de lui, afin de pouvoir admirer la fin de cette explosion de couleurs. Une explosion de couleurs dans le ciel. Une explosion de couleurs dans leurs yeux.

Peut-être la perspicacité n’était pas le fort du jeune Brunet, mais lorsque cela touchait à son cœur, on pourrait presque croire que cette dernière se cachant au fond de lui, se réveillait. Ne voulant pas se dévoiler aux yeux du monde dans les autres situations, préférant laisser l’insouciance de Sora et sa naïveté sur le devant de la scène. Ce soir-là, sous l’explosion de couleurs du feu d’artifice, il savait que ses larmes n’étaient pas des larmes de tristesses. Elles étaient heureuses et, elle regardait le jeune homme avec un nouvel éclat dans les yeux. Il y avait quelque chose d’heureux, quelque chose de beau qu’il aurait été incapable de décrire mais qui avait capté son attention l’espace d’un instant. Qui lui avait fait comprendre qu’il n’avait pas à s’inquiéter : elle n’était pas triste, loin de là. Voir même tout le contraire. Sous la pulsion de son cœur, il lui avait volé un autre baiser avant de changer totalement de sujet, revenant sur la raison de leur présence ici, le fameux feu d’artifice. L’élocution de Sora sur ce qu’il ressentait à son égard était plus que mauvaise : Hazel avait pu le remarquer quelques heures plus tôt, lorsqu’ils avaient abordé le sujet de leur premier baiser échangé. Il apprenait à écouter ce nouveau sentiment, comme il avait appris à écouter son cœur la première fois. Lorsque leur île avait sombré dans les Ténèbres. Lorsqu’il avait été choisi par la Keyblade comme porteur de sa Lumière. Lui qui ignorait cela à l’époque. Lui qui à l’époque n’était pas plus avancé que les habitants de cette ville, avait bien grandi grâce à ces différents mondes traversés. Cette clef avait sa part de responsabilité dans la personnalité du Brunet, tout comme Kairi et Riku avait la leur également. Lui qui aurait parfois tellement voulu ressembler à son meilleur ami : la personne qu’il admirait le plus. Se séparant d’elle, il lui fit remarquer qu’il ne valait mieux pas rater le final, qui par déduction devait être la plus belle partie de ce spectacle. Les yeux fermés, elle souriait face à lui. Ce sourire qu’il lui avait demandé de toujours garder. Celui qu’il lui avait demandé de toujours afficher, car c’était la belle chose au monde. Rien qu’un petit sourire. « Tu as raison. Le final doit être magnifique. » Il approcha d’un vif hochement de tête. Il en était persuadé, oui.

Les yeux de la demoiselle s’ouvrirent à nouveau, le bruit du feu d’artifice dont ils avaient détournés les yeux, grondait encore. Il n’avait donc pas encore raté ce qu’ils étaient venus voir. Lui offrant de se rapprocher un peu plus de lui, elle accepta venant se blottir contre Sora. Le bras de ce dernier se posa sur la taille de la jeune femme, pendant que cette dernière posait la tête contre lui. Leurs regards à nouveau captés par cette explosion de couleurs. Une explosion dont le Brunet ne se lasserait pas. Il les avait à peine quitté des yeux l’espace d’un instant, et il lui semblait presque les redécouvrir. Ces couleurs. Ces formes. Ces bruits. C’était comme si, tout avait pris une autre dimension. Comme si rien n’était la même chose comparé à avant. Comme si c’était encore plus beau. Encore plus magique que la première fois. Son ouïe s’était habitué au bruit, il ne sursautait plus comme la première fois, mais sa vue elle ne s’habituerait pas à toutes ces couleurs. Tout comme sa logique était incapable de comprendre le fonctionnement de ce spectacle. Mais il n’en avait que faire finalement : que c’était une prouesse pyrotechnique ou autre, il n’y réfléchissait même pas. Tout cela resterait à ses yeux, de la magie. Une autre chose qui manquait terriblement aux habitants de cette ville. « Fais un vœu. » Baissant légèrement la tête, il croisa le regard d’Hazel quelques secondes et lui sourit en hochant légèrement la tête avant de reporter son attention vers les étoiles. Un feu d’artifice. Une occasion aussi importante qu’une étoile filante pour faire un vœu. Des étoiles filantes, il avait eu l’habitude d’en voir sur la plage, le soir lorsque lui et Kairi étaient allongés dans le sable ou bien assis sur le ponton. C’est d’ailleurs en regardant ces simples lumières dans le ciel, ces simples étoiles qu’ils s’étaient tous les trois mis à rêver. A rêver d’aventures. A rêver d’autres mondes que le leur. Jusqu’au jour où l’aventure leur est tombée dessus sans prévenir. Elle leur est tombée dessus, le même jour où ils voulaient s’élancer à bord de leur radeau. Exactement le même jour…

La petite main froide de la jeune femme vint attraper la sienne, entremêlant leurs doigts, frissonnant légèrement à ce contact face à cette si douce fraîcheur. Son vœu était déjà prêt dans sa tête : lui qui souhaitait plus que tout retrouver Kairi et Riku. Il voulait les présenter à Hazel par la même occasion, lui qui voulait tellement l’aider dans la recherche de ses souvenirs. Lui qui au fond avait des souvenirs de la jeune femme que sous un autre visage. Sous un autre nom. Mais il savait qu’importe son vœu, la force qui les liait tous les trois, la force de leurs cœurs connectés les ramèneraient toujours les uns vers les autres. Qu’importe le temps que cela prendra. Son vœu en valait presque pour trois : la dernière partie étant celle concernant la jeune femme qu’il tenait dans les bras. Elle aussi s’était connectée à son cœur, et elle aussi méritait une partie de son vœu. Celle de rester toujours à ses côtés. De lui tenir la main jusqu’au bout. D’honorer ses promesses : de lui faire découvrir ce qu’elle ne connaissait pas, de lui faire découvrir tous ces mondes qu’il avait déjà pu parcourir. Toujours rester auprès d’elle Auprès d’Hazel. Auprès de l’inconsciente Kairi… « J’espère que tu as fait le tien. » Lui souffla-t-il. L’instant d’après, les espacements entre les différents projectiles se firent plus rapprochés. Ils lui semblaient venir de partout. De tous les côtés. Les explosions s’accentuèrent, ainsi que les formes et les couleurs. Formant un panachée des plus formidable. Les formes s’entremêlaient, les couleurs se combinaient entre elles, jusqu’à la dernière explosion. Le final encore plus magnifique que ce qu’ils avaient pu voir auparavant. Jusqu’à ce que le ciel redevienne noir. Seule la légère traînée de fumée semblait être le témoin de ce qui venait de se produire sous leurs yeux. Les lampions semblèrent se rallumer derrière eux petit à petit, histoire de ne pas agresser la rétine des spectateurs. La vie sembla reprendre petit à petit ses droits sur la plage, comme si ce spectacle avait tenu en haleine tous les spectateurs. Sora avait découvert ce soir, une des choses les plus magiques qu’il avait pu apercevoir. « Je suis sûr que tu m’en aurais voulu si on avait raté ça ! C’était magique. » Plaisanta-t-il avec un rire. Il s’attendait déjà presque à recevoir une petite tape amicale de sa part. Malgré tout son regard ne parvenait pas à se détacher du ciel, dans son regard vivait encore le feu d’artifice. Il se rejouait sous ses prunelles, comme un enfant à qui on venait de lui faire découvrir cet événement pour la première fois. « Magique, comme une pluie d’étoiles filantes. » Avait-il laissé échapper sans y réfléchir : elle devait en avoir l’habitude maintenant, de la non-présence de ce fameux filtre. Et des quelques phrases sans queue, ni tête qu’il pouvait sortir d’un instant à l’autre. « ça te dit de recommencer ça la prochaine fois ? La prochaine fois qu’il y en aura un, bien entendu. A ce même endroit, sous ces mêmes lumières : un peu comme notre deuxième endroit… Sauf que celui-ci est face à la mer et plein de sable ; non pas un petit coin de nature perdu. Tu en dis quoi ? » Un nouveau sourire éclairait son visage. Sa main n’avait pas lâchée la sienne durant tout ce temps, habitué à ce contact proche, à cette proximité qu’il pouvait partager avec la jeune femme. Sa main vint même un peu plus serrer la sienne afin d’accentuer ses propos. Sans s’en rendre compte Sora recréait les mêmes événements, presque les mêmes souvenirs avec exactement la même personne. Avec celle qui s’était emparée de son cœur par deux fois : Hazel et Kairi…

« C'était magique. » Son sourire s’étirait un peu plus sur son visage, le regard plongé dans l’obscurité du ciel, où le feu d’artifice s’était déroulé sous leurs yeux ébahis. Il n’en restait maintenant plus aucune trace. Rien qu’une légère traînée blanche persistait dans le ciel. C’était de la magie à ses yeux aussi. Lui qui ne trouvait pas d’autre explication à ce qui venait de se produire. De la magie pour le jeune adolescent. Presque de la magie comme il l’avait connu. Comme il avait pu la côtoyer dans d’autres mondes que celui-ci. Personne ne pourrait le convaincre que ce n’était que des artifices. Personne ne pourrait lui expliquer le procédé pyrotechnique qui résidait derrière ce tour de force : il ne voudrait pas le comprendre. Son cœur préférait sa propre version. Sa version à lui. Au fond, la magie subsiste toujours quelque part. Et le jeune héros n’avait qu’une seule envie, c’était de recommencer l’expérience le plus vite possible. Avec elle, bien entendu. Finalement l’expérience la plus magique qu’il avait vécu aujourd’hui, c’était avec elle, avec Hazel ; le feu d’artifice ne rajoutant qu’une touche idyllique au cadre qu’ils avaient posés au préalablement. La véritable magie aujourd’hui pour lui, résidait dans cette connexion qui les unissait par deux fois tous les deux. Elle résidait dans le nom que lui avait donné la jeune femme. Nom qui lui avait permis de comprendre enfin l’une des dernières parties de son cœur restées inaccessible jusqu’à maintenant. Jusqu’à ce qu’elle décidé d’entrer la vie du jeune Brunet. Au fond, la véritable magie était là pour lui. Une magie dont il voudrait qu’elle dure éternellement. Sans jamais s’arrêter. Sans jamais s’estomper comme la légère fumée qu’ils pouvaient encore apercevoir du feu d’artifice. Il voulait qu’elle continue à les éclairer, exactement comme ce feu d’artifice. Sa main enserrant un peu plus la sienne ne semblait que pouvoir approuver les pensées silencieuses et inconscientes du jeune homme. « On reviendra oui ,et cette fois je n'aurais plus peur d'aller nager, je n'aurais plus peur de voir nos étoiles disparaître une par une, je veux pouvoir revivre cette journée éternellement! » Croisant son regard aussi brillant que le sien au même moment, son sourire resta inévitablement planté sur ses lèvres. « Alors c’est décidé ! » Après tout il le lui avait promis. Lui faire découvrir de nouvelles choses. L’aider à profiter de tous ces moments si précieux qu’elle chérissait. La plage n’était que la première chose qu’il lui avait fait découvrir, après toutes ses histoires déguisées de ses aventures passées auprès des étoiles. Les glaces à l’eau de mer, la mer, et le feu d’artifice n’étaient qu’un début, il en était certain. Il lui avait promis de toujours sourire et de lui tendre la main jusqu’au bout. A chaque fois qu’elle en aurait besoin. Et ce n’était pas le genre de Sora de briser une promesse.

Parfois son esprit avait même l’impression d’avoir déjà tenu cette main tellement de fois, et bien avant son arrivée à Game City. Comme si au fond, il aurait dû avoir des souvenirs d’Hazel alors qu’ils n’étaient encore que sur l’île du Destin. Alors qu’il n’était encore qu’un enfant qui construisait un radeau sur la plage, qui faisait des courses contre son meilleur ami, et qui somnolait finalement les trois quarts du temps. La main de la jeune femme quitta subitement la sienne, ce qui le ramena à son tour à la réalité : mais il eut à peine le temps d’y réfléchir. Presque autant de temps pour analyser la situation. Encore moins pour la comprendre : temps insuffisant pour lui. Finalement et certainement désireuse de changer de sujet par la même occasion, Hazel ne lui laissa nullement le temps de placer une quelconque remarque. « Je t'entendrais presque me dire qu'il est temps de rentrer et tu sais par avance ce que je vais te répondre, pas vrai Sora? » Ce qui eut l’effet escompté, un léger et unique rire s’échappant des lèvres du Brunet. La plage semblait être déserte maintenant, seule substituée encore la lumière des lampions. Les autres spectateurs avaient déjà pliés bagages et étaient certainement déjà retournés dans leurs petits cocons familiaux. Il commençaient à se faire tard en effet, mais comme s’il pouvait lire dans ses pensées, il savait qu’elle avait tout envie de rentrer que lui. Partir pour mieux se retrouver : c’était l’expression parfaite. Après tout, il lui avait également promis de toujours revenir auprès d’elle. Sora n’avait pas peur. Au fond, elle ne le quittait jamais réellement. Hazel habitait toujours ses pensées et à chaque fois qu’il posait le regard sur le pendentif qu’elle lui avait offert la dernière fois, une tonne de souvenirs lui revenait déjà en mémoire. Récupérant alors à son tour sa propre main, il les posa toutes les deux derrière son dos, se penchant légèrement en arrière avec un petit sourire taquin, lui répondit : « Hum, je ne sais pas : laisse-moi y réfléchir… » Le rire du Brunet ne se fit pas attendre : il n’avait aucune crédibilité apparente ce coup-ci. Même si quelque part elle avait raison : leur journée toucherait bientôt à sa fin pour leur plus grand malheur. Mais aussi pour leur plus grand bonheur de se retrouver la prochaine fois.

A nouveau perdu dans ses pensées, Sora était à des lieux d’imaginer ce que sa camarade avait en tête. Ce n’est que lorsqu’il sentit ses deux mains exercer une certaine pression contre lui qu’il se rendit compte qu’elle le poussait. Elle le poussait dans le sable. Déséquilibré, le Brunet perdit rapidement ses repères et finit par s’allonger brutalement, voir même tomber sur le dos, directement dans le sable. « Hé Hazel, mais qu’est-ce que… » Le reste de sa question mourut finalement dans sa gorge lorsque la jeune femme se mettait à califourchon sur lui, l’empêchant de bouger. Le sang lui montait jusqu’à la tête et avec une certaine attention, on aurait presque pu remarquer grâce au faible éclairage, la légère teinte rosée qu’avait pris le visage du porteur de la Keyblade face à son geste et face à son sourire en coin. C’était bien la première fois que Sora rougissait, et il ne serait pas prêt d’oublier cette sensation, ni son cœur s’affolant une énième fois dans sa poitrine. Heureusement, la jeune femme le ramena sur un terrain connu. Sur un sujet dont il maitrisait tous les détails. « Ok Sora. Je te laisses toute la nuit pour réfléchir au monde que pourrait abriter cette étoile. » Suivant du regard son index, il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour la trouver. Pour la trouver elle et le monde qui pouvait se cacher derrière elle. Après les aventures dans des châteaux ou encore avec des princesses comme Aurore ou Blanche-Neige ; après le monde sous-marin de son amie Ariel qu’il avait pu lui présenter aujourd’hui, Sora savait exactement quelle serait la prochaine aventure. Quel serait le nouveau monde. Un monde où Halloween se déroule toute l’année : où les squelettes, zombies, fantômes ou autres créations robotiques pouvaient se côtoyer. Tout ce qui pouvait effrayer les jeunes enfants. Ainsi que son reflet : une ville où Noël est présent toute l’année. Une ville où le Père Noël existe pour de vrai, avec sa longue barbe blanche et son manteau rouge. Le Brunet avait déjà trouvé son étoile et il ne cèderait pas avant demain matin, pour pouvoir lui révéler tout ce dont il avait en tête. Ses deux mains vinrent naturellement se poser derrière sa tête, faisant rouler légèrement sa tête sur le côté, il ne quitta pas sa nouvelle étoile des yeux, avant de reporter son attention sur le visage de la demoiselle au-dessus de lui. « Je sais déjà ce qu’il se cache derrière cette étoile. Le genre de monde que tu pourrais y trouver. J’en ai déjà une idée. Tu veux l’entendre maintenant ? » Il le savait. Il savait que si elle en avait l’occasion, elle voudrait l’entendre tout de suite. Il n’avait jamais trouvé de meilleur public qu’Hazel : peut-être qu’un jour il ne serait même plus obligé de masquer le moindre détail de ses aventures.

« En fait, je le vois même plutôt bien ce monde, ses paysages, et… » Laissant sa phrase en suspens, comme pour faire durer son attente, un petit sourire narquois se dessina à son tour sur les lèvres du jeune homme. « Non, on a dit que c’était pour demain, n’est-ce pas ? Alors je vais garder mon idée pour moi jusqu’à demain ! Et n’essaies pas de me soutirer des informations, ni de me chatouiller, ça ne marchera pas ! » Finalement pour terminer de la narguer gentiment,  Sora lui tira la langue avant de rire à nouveau. N’importe qui connaissant un tant soit peu le Brunet, comprenait très vite que les chatouilles étaient un point sensible du jeune homme. Le point qui pouvait le faire rire à en pleurer. Le point qui pouvait le tordre de rire. Comme tellement de gens au fond. Certes il n’était pas en position de force, et quelque part son esprit s’attendait déjà à ses représailles. Il avait trop attisé sa curiosité pour qu’elle en reste là. Il savait qu’Hazel voulait savoir ce qu’il se tramait dans son esprit. Ce qu’il aurait pu inventer. Ce qu’il avait encore été aller chercher. Mais la jeune femme savait qu’il répliquerait lui aussi. Quitte à rouler dans ce sable et à en être couvert. A emplir cette plage vide de l’écho de leurs rires. Juste pour repousser encore un peu l’échéance. Juste pour ne pas rentrer tout de suite. Juste pour gagner encore un peu de temps avec elle. Juste pour ne pas la quitter. Son regard la mettait au défi d’essayer.

Il savait que son petit sourire narquois ne passerait pas inaperçu. Et que sa plaisanterie aurait elle aussi un certain retentissement. Qui ne se fit pas attendre. Face au refus de Sora de lui expliquer ce qu’il avait en tête pour cette étoile : le monde qui se cachait derrière cette dernière, Hazel détourna la tête et le regard par la même occasion, bras croisés sur sa poitrine, tout en soupirant. Ce soupire, celui qui voulait tout dire. A la fois t’es pas drôle, ou encore c’est pas marrant Sora, arrête maintenant. Ce même soupir qui traduisait l’impatience de la jeune femme. Elle qui semblait tout aussi passionnée que lui par les étoiles, et qui voulait tout savoir sur les mondes qu’elles pouvaient renfermer. Cette attitude, cette moue, presque de petite fille : de petite fille capricieuse, déclencha un léger rire chez le Brunet. Il la connaissait cette petite moue. Elle était aussi capable de s’inscrire sur ses traits, parce qu’au fond de lui-même, le jeune lycéen était resté un grand enfant. Un grand gamin comme pourrait le dire d’autres. A sa place, il aurait réagi exactement de la même façon face à son propre refus. C’était peut-être ce qui lui faisait le plus rire. Il avait presque l’impression de se voir : comme dans un miroir. Comme s’ils étaient encore plus proches qu’il ne le pensait. Qu’il ne pouvait même l’imaginer. Le genre de mimiques que deux personnes étaient capables de partager lorsqu’ils avaient passé un temps inconsidérable ensemble. L’un sachant imiter l’autre à la perfection. Les deux sachant presque exactement quelle sera la réaction de l’autre. Tout à fait le genre de choses que deux meilleurs amis d’enfance auraient pu partager entre eux. « Très bien. J'attendrais. » Son esprit aurait dû lui dire de se méfier de cette acceptation si prompte mais la méfiance était un vocabulaire que le jeune homme n’avait pas appris et ce malgré toutes ses précédentes aventures. Reportant vivement son attention sur lui, la jeune femme se pencha un peu plus en avant, venant capturer ses lèvres dans un doux baiser, finit par faire tomber la garde de Sora. Un énième battement plus prompt, plus rapide et plus fort que les précédents : jamais il n’arriverait à s’habituer à cette toute nouvelle sensation que son cœur pouvait éprouver à chaque fois qu’elle posait ses lèvres sur les siennes. A chaque fois qu’elle était un peu plus proche de lui. « Tu veux toujours pas me le dire ? » Le jeune homme ne répondit rien, traduisant en réalité une certaine négation de sa part. Il ne voulait pas flancher. Ou alors était-il gêné par la si soudaine proximité qu’il y avait encore entre leurs deux visages. Non, quelque part au fond de lui, son cœur avait presque l’habitude d’être aussi proche d’elle.

Jusqu’à ce qu’il comprenne ce qu’elle s’apprêtait à faire. A le défier. Le rire lui montait déjà aux lèvres, explosant dans un écho sur la plage déserte, alors qu’il comprenait seulement ce qu’elle était en train de faire. Hazel était en train de le chatouiller. De le chatouiller pour le faire avouer. Les larmes lui montaient déjà aux yeux, pendant qu’il l’entendait encore lui demandait s’il ne voulait toujours rien dire. Il percevait également son rire se mélanger au sien, alors qu’il se tordait dans tous les sens, telle une vraie larve, afin d’essayer d’y échapper. Le jeune héros aurait pu combattre n’importe qui, n’importe quoi mais un de ses points faibles résidait là-dedans. Le Brunet était terriblement chatouilleux et terriblement sensible aux chatouilles. « Arrête… Hazel… S’il te plaît ! » Ces trois mots tournaient en boucle dans la bouche du jeune homme et cela même s’il savait qu’il n’y avait qu’un seul moyen de la faire s’arrêter. De lui avouer tout ce qu’il avait en tête. De lui faire découvrir Halloween Town & Christmas Town. Il devait faire un boucan à lui tout seul : son rire entrecoupé des mots qu’il espérait pouvoir la ramener à la raison. Mais il n’en avait que faire. Certes plus personne ne semblait être sur la plage, les spectateurs ayant décidé de lever le camp dès que les lumières avaient arrêtés d’éclairer le ciel ; mais même si quelques personnes restaient, il n’en avait que faire de leur regard. Il n’en avait que faire du regard et du jugement des autres. « Ok ok, si tu arrêtes, je te dirais ce que j’ai en tête ! » Arriva-t-il à articuler entre deux rires. Ses côtes et ses zygomatiques étaient mises à rudes épreuves. Et il sentait déjà toutes les crispations qui s’en suivraient. Finalement la jeune femme cessa doucement sa torture, ne laissant que la respiration de Sora se faire entendre. Celle-là même qui essayait de reprendre un rythme normal. Les yeux fermés, il se concentra légèrement quelques instants jusqu’à ce que cette dernière se calme. Retrouvant un doux rythme.

« Que dirais-tu d’Halloween et de Noël ? » Il venait de la mettre sur la piste. Sur la piste du monde se cachant derrière cette étoile, mais beaucoup trop vaguement pour que cela soit suffisant pour Hazel. Il était prêt à parier que son imagination de mèche avec son cerveau s’étaient déjà mis en marche, cherchant désespérément un scénario correspondant à ses paroles. Mais il n’attendait pas de réponse spéciale à sa question. Il n’attendait même de réponse. Ni de nouvelles interrogations. Ce n’était qu’une diversion, qu’un simple moment pour détourner son attention. A son tour maintenant. Ouvrant les yeux, le jeune homme lui attrapa rapidement les poignets et profitant de l’effet de surprise, il bascula sur le côté. Les faisant rouler tous les deux dans le sable comme deux enfants. Inversant finalement leurs rôles et leurs places par la même occasion. Un nouveau petit sourire narquois naquit sur les lèvres du Brunet, son visage maintenant au-dessus de celui d’Hazel, elle qui se retrouvait maintenant à son tour allongée dans le sable. « Chercheriez-vous la guerre mademoiselle Aster ? » Lui souffla-t-il avec une petite voix un peu trop perchée qui ne lui ressemblait pas. Et malgré tout le mal que ses abdos pouvaient lui faire, un énième rire s’échappa tout de même de ses lèvres. Il ne tarderait pas à lui rendre la pareille. A découvrir par exemple si elle était elle aussi chatouilleuse. « C’était pas ton idée d’attendre demain pour connaître ce monde par hasard ? » La taquina-t-il. Une idée qui semblait se retourner contre elle à présent et qui semblait mieux servir le jeune Brunet. « Halloween et Noël, ce seront tes seuls indices de la soirée, très chère. » Un énième rire le secoua, ce dernier ignora totalement ses abdos qui le rappelait à l’ordre. Mais cela valait la peine d’attendre demain, Halloween Town et Christmas Town était de loin, les deux villes les plus spéciales qu’il avait pu visiter. Et bien sûr qu’il avait envie de partager cette expérience avec elle. Il voulait qu’elle puisse en rêver tout autant que lui. Il voulait que chaque soir, elle puisse s’endormir avec la tête dans les étoiles. Ce soir, elle pourrait repenser au monde sous-marin, celui qu’il lui avait décrit dans l’eau cet après-midi. Ce monde qui lui avait donné le courage de s’aventurer dans la mer. Il garderait ces deux villes jumelles afin de la faire rêver demain soir. De la faire rêver de ces fêtes. Du Père Noël par la même occasion et de son grand ami Monsieur Jack, son ami squelette. L’essence même de la fête d’Halloween.

Deux mots. Deux simples mots et Sora savait qu’il avait capté la moindre parcelle d’imagination qui pouvait se trouver dans la tête de la jeune femme. Il n’en fallait pas grand-chose pour activer le processus, mais le faire marcher, l’emmener jusqu’à la même étoile que la sienne ; cela était une autre histoire. De celle où elle avait besoin de ses nouveaux talents de conteur. Ceux qui expliqueront à la perfection toute la beauté que pouvait renfermer la ville de Noël recouverte d’un manteau blanc toute l’année. Du carrousel qui se tenait au milieu de la grande place. De toute la douceur que pouvait cacher la ville d’Halloween, certainement pas aussi effrayante que tout le monde le pensait. Lui retransmettre toutes ses idées afin qu’elles soient aussi intactes que ses souvenirs à lui. Ses souvenirs des mondes qu’il avait déjà parcourus, lors de sa quête de la Keyblade. Lui le protecteur des différents mondes.  Il avait apprécié cette aventure, tout autant que les autres : même si celle-ci avait eu un goût différent. Le Brunet avait pu réaliser un de ses plus vieux rêves. Le genre qui le faisait rêver tous les vingt-quatre décembre au soir : celui de rencontrer le Père Noël. Pas celui qui a une boîte mail en Laponie. Pas celui que les enfants ici pouvaient joindre au téléphone durant tout le mois de décembre. Pas celui qui se déguisait exceptionnellement ce soir-là, rien que pour faire plaisir à ses neveux et nièces. Non Sora parlait du vrai Père Noël en chair et en os. Les yeux clos d’Hazel qu’il observait à quelques millimètres des siens lui montraient qu’il n’avait pas tort. Ces simples mots avaient capté toute son attention. Elle était déjà en train de rêver. « Tu l'as trouvé c'est ça? L'antre de l'épouvantail qui sème la terreur. L'antre de ce vieil homme tout vêtu de rouge qui parsème sa joie et sa bonne humeur dans toute la ville à l'aide d'un traîneau volant. Dis moi juste si j'ai raison, de mon côté je m'engage à ne plus t'embêter. » Un épouvantail. A l’évocation de ce mot, les lèvres du jeune homme laissèrent échapper un nouveau rire. Monsieur Jack, le maître d’Halloween n’avait rien d’un épouvantail ! Pas le moins du monde. « Un épouvantail ? Tu crois que le maître d’Halloween n’est qu’un épouvantail ? Je dirais que Monsieur Jack est bien plus que ça : imaginons plutôt un squelette avec un smooking rayé classe. Mais pour le reste tu as raison, le Père Noël existe vraiment dans ce monde. » Même si le Brunet ne s'était promis que de lui révéler ces deux mots en tant qu’indice, il n’avait pas pu résister au fait de lui souffler une nouvelle piste. De la remettre dans le droit chemin. Juste pour ce soir. Juste pour la faire patienter jusqu’à demain.

Ne lâchant pas du regard l’étoile au-dessus de leurs têtes, un léger sourire naquit sur le visage du jeune homme, lui qui pouvait presque voir le cheminement que ses paroles prenaient dans l’imagination de la demoiselle dos au sable. « Monsieur King, je suis outrée que vous puissiez traiter une demoiselle de cette façon. Regardez moi, j'ai du sable plein les cheveux, il va falloir vous rattraper. » Tout comme lui auparavant, son accent était aussi plus qu’exagéré. Les yeux fermés, le menton légèrement relevé, cette attitude ne manqua pas de déclencher le rire de Sora. Il devait bien s’avouer vaincu sur ce coup-là : elle semblait bien meilleure que lui. Et pourtant il ne lâcha pas l’affaire. « Ne serait-ce pas vous qui avait lancé la première offensive ? » Cette dernière remarque acheva de le faire rire. Il garderait son désir de vengeance pour plus tard. Pour un jour où elle ne s’y attendrait pas. Pour découvrir si Hazel était comme lui : chatouilleuse ou non. Malgré la tête en l’air que Sora pouvait être, cette énième promesse silencieuse était une autre chose qu’il ne pourrait pas oublier. Reprenant une voix décemment normale, son sourire sur ses lèvres, il reprit pourtant la parole. « Te raccompagner afin d’éviter que tu ne rencontres malencontreusement une pauvre grenouille comme la dernière fois : est-ce un rattrapage suffisant ? » Le soir même où il était rentrée de leur petit coin de verdure à l’extérieur de la ville. Le soir même où le jeune héros lui avait fait croire qu’elle avait marché sur une grenouille alors que ce n’était qu’un vulgaire caillou. Un énième soir qui avait porté l’écho de leurs rires avant qu’ils ne se séparent. Une nouvelle sensation qui naissaient à l’intérieur de lui. Ces au revoir sonnaient plus déchirants que les précédents. Comme si ce nouveau sentiment qu’il avait découvert pour elle, cet amour qu’il lui portait, lui criait de ne pas quitter sa main. De ne pas la laisser partir à nouveau. Malgré les retrouvailles qui ne semblaient finalement pas aussi loin qu’il ne le pensait…

Délicatement et en faisant attention, le Brunet reprit ses appuis et se releva d’un geste, n’hésitant pas à tendre sa main à la jolie Brunette par la suite, pour l’aider à se relever. Exactement le même soutien qu’elle lui avait offert auparavant. Il s’épousseta d’une main rapidement, désireux de ramener le moins de sable avec lui possible. Redécorer l’intérieur de l’orphelinat ou de sa chambre n’était pas encore dans les plans du jeune homme. Et puis il préférait laisser le moins d’indices possibles concernant sa petite escapade de la soirée. Même s’ils avaient déjà dû remarquer son absence. Mais comme d’habitude, ils l’attendraient au petit-déjeuner afin d’avoir une énième explication floue de sa part. J’étais sorti voir les étoiles, c’est plus beau de les de dehors. Mais où ça ? Oh, je ne sais plus trop, quelque part. Où ça ? Nouvel haussement d’épaules. Sora en avait l’habitude. Un énième grain de sable tombait de la chevelure du jeune homme. « Je vous raccompagne mademoiselle ? » Certes, il n’avait pas encore laissé tomber le ‘’mademoiselle’’ mais son sourire ne pouvait pas être confondu. Le Brunet ne jouait plus à ce jeu : au contraire, il voulait profiter autant qu’il le pouvait de ses derniers instants pour ce soir avec elle. Cette nouvelle sensation : ce déchirement dû à la séparation proche, son cœur en était tout à fait conscient. Conscient de ce qui allait arriver. Alors la main tendue vers elle, l’invitant à la suivre, le cœur de Sora se chargeait de ne pas en perdre une seule miette. De cette journée. De ces premiers échanges. Du joli visage d’Hazel. De son sourire. De son rire cristallin. De cet amour qu’il pouvait lui porter. De sa Lumière qui l’avait déjà atteint. Touché en plein cœur…

« Hum? Hé ! Il n'y a pas eu de grenouilles ce soir la , c'est toi qui a tout inventé,  je te rappelles ! » Le petit sourire narquois de Sora se transforma rapidement en un léger rire. Au fond c’était exactement l’attitude, voire même les paroles qu’il attendait de la part de la Brunette. Cette soirée il s’en souvenait comme si c’était hier. Comme si leur rencontre ne remontait qu’à quelques jours. Comme s’ils s’étaient rencontrés hier. Et pourtant, le Brunet avait déjà l’impression d’avoir vécu une vie entière avec Hazel. Comme s’ils se connaissaient depuis toujours. Comme s’ils avaient déjà vécu pleins d’aventures ensemble. Comme s’ils avaient déjà visité les étoiles ensemble. Comme s’ils se connaissaient depuis l’enfance. Son cœur en était persuadé : leur connexion si forte en était la preuve. Cette blague sur les grenouilles, il pourrait presque en rire encore maintenant. C’était surtout le cri de la jeune femme qui l’avait marqué : ce petit cri strident qu’elle n’avait pas manqué de lâcher. Elle qui l’avait prévenu que ceci pourrait arriver, elle qui détestait l’obscurité et les Ténèbres. Cela n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd et au fond cela lui servait également de raisons, si jamais quelqu’un venait à lui demander quelque chose. Attrapant sa main, elle se releva à son tour, ce dernier lui proposant finalement ce qu’il avait sur le cœur : lui proposant de la raccompagner. C’était presque une question rhétorique. Une question qu’il n’aurait pas été obligé de poser. Une question à laquelle il connaissait déjà la réponse. « J'accepte que tu deviennes une fois de plus ma lumière ce soir. » Observant la jeune femme à son côté attraper son petit panier d’osier, elle attrapa finalement le bras du jeune homme. Ce dernier attrapa à son tour son sac à dos et le lança sur son épaule libre, un léger petit tintement de métal se fit entendre. Les fameux cookies rebondissant dans la boîte de métal, ceux qui rappelaient la mésaventure de tout à l’heure, la mésaventure de sa maladresse, ce qui fit sourire discrètement le jeune héros.

« Je serais toi, je ferais attention. C'est pas des grenouilles qu'on peut trouver sur le sable mais des crabes. Des crabes chantant? » Son sourire ne mit pas beaucoup de temps à rejoindre le sien : elle ne croyait pas si bien dire. Dans ce monde aquatique qu’il lui avait décrit, les sirènes et les tritons n’en étaient pas les seuls habitants. Il avait eu un ami crabe, Sébastien qui dirigeait le spectacle. Le fameux spectacle dans lequel il avait accepté de participer. Afin de sauver ce dernier et d’aider son amie sirène, Ariel. Etre transformé en triton, voguer à travers les océans, respirer sous l’eau : cela avait certainement été l’une de ses expériences les plus singulières. Les plus marquantes. Même si chacune de ses aventures, chacun des mondes qu’il avait visité, restaient marquants chacun à leurs manières. Et sans s’en rendre compte, Sora fredonnait déjà cet air. Cet air si caractéristique qu’il avait répété maintes et maintes fois afin que tout soit parfait. Exactement comme le metteur en scène, ce crabe parlant, l’entendant. « Sous l'océan y'a pas d'hameçon . On déambule, on fait des bulles : sous l'océan. Tulututu. Sous l'océan ! » Ses fredonnements reprenaient les paroles ainsi que la musique si entraînante qu’il avait pu entendre si souvent. Sa tête battait le rythme de la mélodie silencieuse qui résonnait dans sa tête, de gauche à droite. S’arrêtant sur leur chemin, il attrapa même une des mains d’Hazel avant d’entreprendre de la faire tourner sur elle. Juste l’espace d’un instant. Juste l’espace d’un petit tour. Avant finalement d’en rire. De rire de ce qu’il venait de faire. « Des crabes chantants, c’est plutôt cool, tu as raison. J’aime l’idée ! » Sora qui ne cessait jamais de lui raconter ses différentes aventures et cela même si la jeune femme ne pouvait réellement saisir totalement cette dimension. Peut-être ne saurait-elle jamais, peut-être ne comprendrait-elle jamais que toutes ses histoires à lui ne sortent pas de son imagination. Que toutes ses histoires qu’il lui racontait, étaient bel et bien réelles. Au fond, il n’avait pas besoin de cela. Il savait déjà quelque part qu’Hazel le croyait. Ses yeux pétillants étaient la seul preuve dont le Brunet avait besoin. Pas plus, ni moins.

Ce soir-là, il n’eut pas l’occasion de lui refaire la même farce : certainement parce que ce dernier avait la tête ailleurs. Cette séparation qui semblait se profiler de plus en plus à l’horizon, celle qui se profilait au fur et à mesure que leurs pas les conduisaient jusqu’à la maison d’Hazel : cette séparation le ramenait à la réalité. La réalité qui s’étendait devant leurs yeux. Eux qui avaient profités de cette journée comme suspendue dans le temps. Il n’avait pas envie de rentrer. Encore moins que la dernière fois. Et cela même s’il savait qu’il la reverrait très vite. Son cœur ne supportant désormais plus le fait d’être aussi longtemps éloigné d’elle. D’être éloigné d’une nouvelle Lumière, encore plus brillante que les autres. Malgré lui, ses pas les conduisirent jusqu’à cette maison, jusqu’à ce petit perron qu’il connaissait maintenant, celui qui était caractéristique de la fin du voyage. De la fin de sa mission : rentrée saine et sauve à la maison. A nouveau, il l’accompagna jusque devant sa porte d’entrée : comme s’il revivait la même fin de soirée. Mais ce soir-là, il n’avait pas de nouvelle Keyblade à lui confier. « Merci pour cette journée Hazel. Je savais que tu aimerais la plage, je te l’avais dit. » Face à elle, la tête légèrement penchée en avant, il lui avait soufflé ces paroles avec un léger petit rire. Malgré sa peur première de l’eau et de son immense profondeur : tout cela avait été très vite balayé. Certainement n’en retiendraient-ils que la proximité naissante qui s’était installée entre eux. Celle qui avait fait naître ces premiers échanges : ces premières taquineries, ces premiers sourires narquois, ces premiers baisers. « Je… Euh… Je vais filer, ok ? De toute façon, on se revoit demain : je dois bien te raconter cette fameuse histoire de Noël et d’Halloween, non ? » Plus il attendrait, plus il lui serait difficile de se séparer de la demoiselle. Et même si l’envie n’était pas là, il le devait tout de même. Partir pour mieux se retrouver. Finalement le jeune homme ne résista pas à déposer une dernière fois ses lèvres sur celle de la Brunette, imprimant ce dernier moment de la soirée dans sa mémoire. Lui qui était prêt à courir pour rentrer à l’orphelinat et qui dès le lendemain serait capable de venir tout aussi vite vers elle. Voir même encore plus vite. A la vitesse de l’éclair…