✽ « Maintenant j’ai peur, mais pas de toi, seulement de te perdre.» Feat Sora.

Un sourire pour effacer ses peines. Un rire pour relever la tête. Une parole pour rassurer les autres. Sora ne voulait embêter personne avec ses propres problèmes. Ses propres soucis. Ses propres états d’âmes. Il préférait les garder verrouiller à l’intérieur de lui-même. Son cœur était une forteresse. Aussi imprenable qu’Hollow Bastion, le Brunet y avait enfermé toutes ses craintes, ses doutes et autres pensées négatives qui auraient pu lui barrer la route. Qui auraient pu le faire trébucher. L’empêcher de continuer. De mener à bien sa mission. Sa promesse. Celle de trouver la retrouver, qu’importe l’endroit. Comme un scénario sans fin qui se répète à chaque fois. Sur leur île, ils ont déjà été séparés une première fois, oubliant par la suite presque à propos de l’autre, jusqu’à leurs propres prénoms. Avant de se retrouver par deux fois. D’abord le temps d’une simple promesse, ensuite pour de bon. A nouveau sur la même plage. A nouveau sous le même ciel. Espérant à chaque fois que leurs retrouvailles se feraient le plus tôt possible. Ne cessant jamais d’y croire. Son cœur voulait y croire, mais sa raison était plus sceptique. La seule chose qui maintenait son cœur à flot étant la Lumière. Cette petite Lumière qui émanait de son médaillon, celui qu’elle lui avait offert. Un rappel pour lui-même. Celui d’y croire. Alors Sora souriait, riait, pensait à autre chose lorsqu’il était en présence de ses amis, lorsqu’il n’était pas seul. Une fois la solitude obtenue, il vagabondait. A droite. A gauche. A travers des rues qu’il avait déjà emprunté des milliers de fois. A travers les impasses. Scrutant les moindres recoins de la ville, il cherchait. Il la cherchait. Essayant d’élever le moins de soupçons possibles, posant le moins de questions. Laissant échapper un petit soupir à chaque fois qu’il rentrait bredouille à la maison. A la maison où il avait retrouvé Riku, son meilleur ami d’enfance, mais à quel prix ? Au prix de perdre Hazel ? Au prix de ne jamais pouvoir les avoir tous les deux auprès de lui ? L’argenté savait que quelque chose clochait avec son cadet, mais pour une fois ce dernier était resté muet. Une peine de cœur, ça va passer. C’était bien plus que cela pour lui. Une peur sourde et profonde qu’il lui soit arrivé quelque chose de grave. Son cœur, ses sentiments laissés à l’abandon par la jeune Brunette, il n’en avait que faire. Il voulait au moins être sûr qu’elle allait bien. Une réponse à un de ses simples appels aurait suffi. Même si rapidement, il aurait eu besoin de plus. Pourquoi ? Des tas de questions et pourtant aucune réponse ne lui était donné. Et pourtant le regard de Sora semblait vide sans la présence d’Hazel pour l’illuminer…

Son rire emplissait l’air face à sa meilleure amie Ashling. Ils avaient encore passé leur cours de maths à rêver. A rêver de leurs mondes respectifs. De leurs histoires respectives. Un échappatoire pour le Brunet en ce ciel gris d’automne qui sentait presque déjà bon la pluie. Ils avaient même prévu d’aller s’entraîner ensemble maintenant qu’elle faisait également parti du club d’escrime. Mais en relevant la tête son regard capta quelque chose. Son regard rencontra celui qu’il avait tant observé sur cette plage cet été. Ce même regard azure. Aussi bleu que l’océan. Aussi bleu que le ciel. Le jeune porteur de la Keyblade ne pouvait pas se tromper. Jamais. Son cœur ne fit que confirmer sa supposition : ce dernier bondissait déjà à l’intérieur de lui. Heureux de retrouver sa moitié. De retrouver celle qui lui avait volé son cœur. Un clignement plus tard et la jeune femme semblait déjà prête à tourner les talons. A s’enfuir en courant. Sora ne pouvait pas manquer cette occasion. Pas lui qui avait tant cherché. Il ne lui fallut pas même une seconde pour enclencher sa course tout en criant à son amie « Hum Ash’ je suis désolé, je dois y aller. Dis-leur que je ne viendrai pas ce soir ! » Il ne lui avait même pas laissé le temps de répliquer. Il ne lui avait même pas laissé le temps de comprendre. Il ne voulait pas perdre une seconde de plus. Il ne voulait pas la perdre de vue et s’élança finalement à sa poursuite malgré le retard qu’il avait déjà pu cumuler. Mais aujourd’hui il ne la laisserait pas partir. Il ne la laisserait plus partir comme ça. Son sens de l’orientation était resté au vestiaire : il n’aurait su dire à quel angle de rue il tournait, ou encore où il pouvait bien se trouver à l’heure actuelle. Plus rien de cela ne l’importait. Juste la petite chevelure brune bondissante au-devant de lui. Il lâchait des petits « désolé » alors qu’il percutait malencontreusement quelqu’un avec son bras. Alors qu’il entendait un petit râle venant de derrière lui. Son rythme ne ralentissait pas.

Jusqu’à ce qu’elle glisse dans un atterrissage plus ou moins contrôlé sur le trottoir : une voiture seulement à la hauteur de Sora klaxonnait déjà à son encontre alors qu’il lui restait encore ces quelques mètres à parcourir. Assisse sur le trottoir. Le Brunet savait que c’était le moment dont il avait besoin pour la rattraper. Pour jeter ses derrières forces physiques dans la bataille. Intimer une dernière fois à ses jambes d’accélérer le mouvement. Certes la jeune femme venait de se lever, mais Sora y était arrivé. Il était tout juste derrière elle. Il la revoyait pour la première fois depuis la plage. Pour la première fois depuis ce baiser échangé. Pourquoi ? « Hazel… » Les mains sur les genoux, le souffle saccadé de sa course entrecoupait chaque syllabes de son prénom. Un nom qu’il ne semblait pas avoir prononcé depuis très longtemps. Son esprit avait d’abord cru au départ qu’il rêvait. Que cette jeune femme qui se tenait dans l’ombre ne pouvait être elle. Celle qu’il cherchait depuis des mois. Et pourtant, il en était sûr à présent. Il en avait été sûr dès le départ. Alors qu’il ne lui en fallait pas plus pour retrouver une partie de son souffle, la main du Brunet hésitante s’approcha finalement pour se poser doucement sur l’avant-bras de la jeune femme. Un simple contact qui lui avait suffi. Qui avait suffi à son cœur pour finir de le rassurer. Contact qui dura à peine une seconde. A peine le temps de s’effleurer. Un contact qu’il n’avait pas osé prolonger. « C’est bien toi… Je savais que tu étais quelque part… Je savais que je te trouverais un jour… » Avait-il soufflé d’une voix à peine audible. Il avait eu besoin de l’exprimer pourtant. Comme pour rendre ceci plus réel. Un petit sourire était venu se loger sur ses lèvres. Un de ceux qu’on pouvait entendre à sa voix. « Est-ce que ça va ? Ton genou ? » Aussi rassuré qu’il puisse être, aussi heureux qu’il puisse être de l’avoir en face de lui, il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour elle. Gardant égoïstement un bonheur à l’intérieur de lui-même qu’il laisserait éclater plus tard. Inconsciemment prêt du combat qu’il allait devoir livrer. Le même. Celui qui était propre au cœur de la belle demoiselle.

Son cœur oscillait. Sa raison ne savait plus où donner de la tête. Sora était plus qu’heureux de la revoir à nouveau face à lui. De voir qu’elle était toujours en vie, lui qui dans ses heures les plus sombres avait pu envisager les scénarios les plus sombres. Et d’un autre côté, les questions se bousculaient dans sa tête. Il aurait voulu savoir pourquoi. Comment. Avait-il fait quelque chose de mal lors de leur journée à la plage ? Quelque chose d’aussi important pour qu’il ne s’en rende pas compte ? Quelque chose qu’il aurait pu rater ? Toutes ses questions devraient trouver leurs réponses aujourd’hui. Lui qui n’avait cessé de s’inquiéter pour elle. Lui qui n’avait cessé de la chercher, alors même qu’il savait que ses talents de traceur étaient moindres comparés à ceux de son aîné argenté. Il avait pourtant voulu y croire. Croire que sa Lumière, la mènerait droit à elle. Alors même que le Brunet avait imaginé cette scène de retrouvaille des centaines de fois dans sa tête, aucune ne semblait pourtant ressembler à ce qu’il se passait. Déboussolé mais rassuré de l’avoir enfin retrouvé, les mots restaient coincés dans sa gorge. Mal assurés. Tout à fait hésitants. Deux mois lui semblaient avoir pris la forme d’une éternité. Une éternité dans laquelle il n’aurait pas voulu vivre si elle n’en faisait pas partie. Deux mois où il n’avait pas cherché un moyen de rentrer sur son île, sur l’île du Destin. Hazel n’avait qu’accaparée ses pensées durant ces deux mois. Pourquoi ? Sa maladresse plus que grandissante, le Brunet avait à peine osé ce contact mais il en avait eu besoin. Pour donner plus de sens à sa propre réalité. Pour être persuadé que ce n’était pas un énième rêve. Qu’elle se tenait bien face à lui. Sa première inquiétude restant toujours et encore le jeune Brunette et il préféra s’assurer qu’elle aille bien avant de pouvoir s’exprimer plus librement. Avant de pouvoir enfin libérer son cœur. Et finalement la réaction de la jeune femme ne fit pas attendre, elle lâcha ses paroles dans une voix forte, stridente et pleine de reproches. « Comme ci ça t’intéressais ! » D’un demi-tour contrôlé, elle se retourna enfin, lui faisant face pour la première fois depuis qu’ils s’étaient quittés. Sora ne pouvait pas rater les deux yeux brillants qui lui faisaient face. Et il sentait son cœur se serrait au fil des secondes, face à ces reproches qu’il ne pouvait comprendre. Face à ces yeux qui ne devaient qu’à déverser  toutes les larmes emmagasinées. « Comme si ça m’intéressais ? » Répéta-t-il d’une voix à peine audible. D’une voix qui flanchait sur la fin. D’un cœur qui se brisait.

« Comme ci je t’intéressais.. Toi qui semble définitivement avoir tourné la page. » Au fond, on aurait pu le traiter de tous les noms, le rabaisser plus bas que terre, Sora n’en aurait eu que faire. Mais cette remarque était la plus blessante de toute pour lui. Lui qui s’était verrouillé pour les autres. Pour ne pas faire souffrir les autres. Pour ne pas les inquiéter. Pour ne pas les alarmer, le Brunet avait mis un sourire sur son visage, sachant pertinemment que ses propres amis avaient plus besoin de son aide que lui des autres. Lui qui faisait toujours passer les autres en premier. Aujourd’hui cela s’était transformé en reproche dans la bouche de la jeune femme. Il était persuadé qu’elle n’aurait pas aimé le voir s’abattre sur son sort toute la journée. Le voir pleurer. Mais il ne l’avait jamais oublié. Comme il n’avait jamais oublié personne. Pas même Naminé. Pas même Roxas. Pas même la petite Lumière inconnue qu’il avait sauvé par deux fois, celui dont il ne connaissait ni le nom ni le visage, mais dont il ne pourrait jamais oublier la voix. Hazel avait touché son cœur, comme tous les autres. Il n’aurait jamais pu tourner la page. Il n’aurait jamais pu l’oublier. Jamais. Elle éclatait finalement en sanglots sous ses paroles. Persuadée de la véracité de ses propos. Et Sora mit du temps à l’encaisser. A réaliser qu’une partie du cœur de la jeune femme ne lui faisait peut-être pas aussi confiance qu’il le pensait. Lui qui avait refusé de croire que Riku avait raison… « Et bien tu sais quoi? Je vais bien, ne te fais pas de soucis pour moi, tu as certainement mieux à faire. » Son cœur se déchirait petit à petit sous sa poitrine au fur et à mesure qu’elle déversait ses paroles. Ne fais confiance à personne, les gens ont tendance à te planter un couteau dans le dos dès qu'ils en ont l'occasion dans les parages. Non non non. Sora refusait toujours d’y croire. Riku ne pouvait pas avoir raison, il en était persuadé. Baissant la tête l’espace d’un instant, ce fut à son tour de repousser les larmes qui pointaient le bout de leur nez. Sa respiration était à nouveau saccadée mais non plus à cause de la course. A cause du hoquet de tristesse qui le menaçait. Dangereusement. « Comment peux-tu dire ça ? » Arriva-t-il finalement à articuler. Comme par réflexe, sa main vint trouver le pendentif qui se cachait sous son T-Shirt. Ce médaillon qui venait d’elle. Ce médaillon qu’elle lui avait offert ce soir-là. Il cherchait un courage caché au fond ce dernier.

Relevant vivement la tête, la forteresse de son cœur éclata. En mille morceaux. Le flot qu’il avait pu contenir jusqu’à présent, était prêt à se déverser maintenant. « On devait se voir : tu n’es jamais venue. Tu ne répondais plus à mes messages. A mes appels. Bien sûr que j’étais inquiet pour toi ! Je t’ai cherché partout, j’ai cru t’avoir perdu ! J’ai arpenté toutes ces rues, tous ces endroits dans l’espoir de t’apercevoir à un coin de rue. Juste dans l’espoir de savoir que tu allais bien ! Et maintenant, tu me dis que j’avais mieux à faire ? » Une seule larme perla finalement sur sa joue. La seule qu’il n’avait pas pu arrêter. Celle qui témoignait de toute la peine qu’il avait pu emmagasiner à l’intérieur de lui-même. « J’ai mis un sourire sur mon visage tous les jours pour n’inquiéter personne. Parce que d’autres avaient besoin de mon aide. De ma Lumière. Et j’ai jugé qu’ils étaient bien plus importants que ma propre peine. J’ai jugé qu’il fallait que je les aide et ma tristesse ne leur apportait rien de bon. Alors j’ai essayé de me débrouiller tout seul. De ne demander de l’aide à personne et je… » Ce n’était plus une, ni deux larmes qui coulaient sur ses joues à présent mais un véritable flot. Exactement dans le même état que la jeune femme face à lui, il ne pouvait plus se retenir. Son cœur avait trop longtemps fait taire cette tristesse. Aujourd’hui elle se déversait. Aujourd’hui il confiait sa peine à la seule personne qu’il savait capable de le comprendre. « Je ne t’ai jamais oublié durant tout ce temps. Ni toi, ni tous nos souvenirs… » Oh grand damne il n’aurait jamais pu. Son cœur ne battait que pour elle. Elle était la seule à avoir le droit à ce sentiment. Réservé. Exclusif. Ce dernier avait eu le temps de mûrir durant son absence et rien n’avait bougé d’un iota. Au contraire. Il savait maintenant mettre un nom sur ce sentiment. Sur son cœur qui lui appartenait…

I can see your face. I could hear your voice. Cette Forteresse si bien gardée qu’était devenue son cœur venait d’exploser en mille morceaux face à Hazel. Face à cette moitié retrouvée tous ses doutes et craintes s’étaient écoulés tel un torrent qu’il ne pouvait plus arrêter. Tout ce qu’il avait pu garder au fond de lui-même. Lui qui avait l’habitude de faire passer les autres avant lui-même. De s’occuper des autres, de leur redonner espoir. Qui s’occupait de lui au fond ? Riku. Le premier et seul nom qui lui venait toujours à l’esprit, mais même face à lui il n’avait pas voulu. Il n’avait pas osé déballer ce torrent qui le rongeait petit à petit. Ce torrent qui l’avait fait parcourir la ville maintes et maintes fois à sa recherche. Passant par tous les lieux qu’il connaissait, même les plus petites ruelles, son expédition se terminant toujours par l’un de leurs deux lieux emblématiques. Soit par la plage. Où il s’asseyait à l’exact même endroit où ils s’étaient tenu tous les deux lors de cette journée mémorable. Une journée que son cœur n’aurait de cesse de se remémorer. Les yeux plantés dans l’horizon, il y cherchait une solution. Un quelconque indice qu’il aurait pu rater. Quelque chose qui aurait pu le ramener jusqu’à elle. Soit, son expédition se terminait par ce petit coin de verdure qu’eux seuls connaissaient. Allongés dans l’herbe, les yeux rivés sur les étoiles, il se rappelait de cette première journée. De celle qui avait démarré leur amitié. Leur amour. Leur connexion. La main posée sur le pendentif qu’elle lui avait offert, il fermait doucement les yeux. Retrouvant le courage oublié, il se relevait à chaque fois, prêt à recommencer ce rituel autant de fois qu’il le faudrait pour la retrouver. Il avait bien trop de fois vécu ce destin : celui d’être séparé de ceux qui comptaient le plus à ses yeux. La jeune Brunette en faisait partie. Son cœur se déchirait à la réminiscence de ces souvenirs si doux mais il les chérissait par la même occasion. Un dernier regard vers les étoiles et il articulait silencieusement : je reviendrai vers toi, je te le promets. La même promesse qu’il avait pu à Kairi pour une même connexion. Et le vent se soulevait toujours à ce même instant, comme porteur d’un message. Et un nouveau sourire apparaissait sur le visage du jeune homme. Il savait qu’il y arriverait, il avait toujours réussit… Entre ses sifflements, il pouvait presque entendre deux voix. Deux voix qui se superposaient mais qui pourtant exprimer la même chose. Le même sentiment. La même phrase. Je sais que tu le feras. La voix d’Hazel et de Kairi semblaient se superposer dans la fraîcheur de cette nuit d’automne…

Entendre la jeune femme lui balancer sèchement au visage qu’il l’avait oublié, qu’elle ne l’intéressait plus, l’avait fait sortir de ses gongs. Son cœur pleurait, ses larmes finirent par dégouliner sur ses joues. « Je pouvais pas.. Je pouvais pas te répondre. J'étais malade. » Bien sûr qu’il ne l’avait pas oublié. Sa raison avait mille fois envisagé le pire des scénarios. La pire des catastrophes face à cette disparition. Mais lorsqu’il fermait les yeux, Sora la sentait toujours. Il sentait toujours cette connexion qu’il avait avec la jeune femme alors il s’y était raccroché. Persuadé qu’elle était toujours en vie. Cachée, quelque part. Et le Brunet s’y était rattaché dur comme fer, faisant taire toute sa raison qui ne cessait de vouloir reprendre le dessus à chaque fois. Croisant le regard de la Brunette face à lui, il remarqua qu’à son tour aussi, elle était au bord des larmes. Une peine partagée dont Sora ne comprenait toujours pas le commencement. Aurait-il fait quelque chose de mal ?. « Je n'ais pas voulu te faire souffrir Sora, ce n'était pas mon but, j'ai juste pensé qu'il serait préférable pour nous deux de prendre des chemins différents. » Pourquoi ? Une question qui n’avait de cesse de revenir dans son esprit. Pourquoi leurs chemins devaient-ils obligatoirement se séparer ? Pourquoi est-ce arrivé alors qu’elle ne voulait pas le faire souffrir. Son cœur sous l’incompréhension de ses yeux azurs, se comprima un peu plus sous son torse, menaçant l’implosion pure et simple. Le jeune porteur de la Lumière avait retrouvé en Hazel quelque chose qu’il avait perdu. Une importance. De la Lumière. Il était persuadé que son cœur en était plein. Plein d’une Lumière pure. Digne d’une véritable Princesse de cœur. Digne d’illuminer tout le ciel étoilé. Et pourtant on le lui avait arraché et cela lui faisait mal. Aussi mal que lorsqu’il avait perdu Riku et Kairi. Voir même encore plus. Ces mois de séparation avaient au moins était utiles sur un point. Un unique point. Il avait tout autant besoin d’elle qu’elle n’avait besoin de lui…

« Au final je n'ais pas su t'oublier. Je me suis torturé l'esprit matin et soir en priant que quelqu'un m'aide à chasser ton image de ma tête mais personne ne m'a aidé et même si quelqu'un se serait porté volontaire pour le faire, je n'aurais pas pus le faire. Parce que..je n'ais pas la force de t'oublier. » Les larmes gagnèrent finalement le visage d’Hazel à son tour. Un haut le cœur qui ne tarda pas à déclencher une nouvelle salve de perles salées sur le visage du jeune homme. Sora n’en avait que faire de pleurer, de la signification que les autres pouvaient y donner. Du stéréotype sur les hommes pleurant à chaudes larmes. Son cœur s’exprimait par cet intermédiaire et il lui avait trop longtemps interdit de le faire. « On ne peut pas, Hazel. Je te l’ai déjà dit un million de fois, nous sommes connectés l’un à l’autre. On ne peut pas séparer nos chemins. Jamais. » Leurs chemins étaient entremêlés. Enlacés. Impossible de les séparer pour quiconque. Personne ne pourrait couper leur Destin. Pas même eux-mêmes. Une fois que deux cœurs sont touchés, leur chemin est gravé dans le marbre. Comme une promesse. Comme partager un Paopou ensemble. Calmant sa respiration, arrivant à stopper pour quelques instants le flot de ses larmes, il se devait de poser la question qui lui tourmentait depuis toujours. Celle qui l’avait maintenue éveillée durant de nombreuses nuits. Celle à laquelle il avait toujours cherché une réponse sans pour autant parvenir à une satisfaisante. Pourquoi ? « J’ai besoin de savoir, Hazel. J’ai besoin de savoir pourquoi. Pourquoi tu ne voulais plus qu’on se revoie ? Pourquoi tu voulais que nos chemins se séparent ? Est-ce… Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal ? » Sa voix flanchait à nouveau sur la fin de sa phrase. Savoir qu’il pouvait être l’auteur de cette soudaine fuite le faisait souffrir plus qu’autre chose. Une parole, un acte déplacé. Son cœur se déchirait rien qu’à cette hypothèse et il ne le supporterait pas si cela était bel et bien le cas. Alors que ses larmes se battaient à nouveau pour faire la barrière qu’il avait mise en place, Sora se tourna dos à elle, ne voulant pas plus longtemps lui communiquer sa propre peine. Comment pourrait-il sécher ses larmes s’il n’arrivait pas à faire taire les siennes ? La voix légèrement tremblante, il continua pourtant. « Si tu voulais juste t’éloigner, j’aurais pu le comprendre. Je n’aurais rien dit à personne, tu aurais pu me faire confiance. J’aurais gardé ton secret mais je voulais juste savoir que tu allais bien. Je n’ai pas oublié que tu étais malade : et je voulais m’assurer que mon cœur avait raison. Que cette connexion était toujours belle et bien réelle. Elle qui me criait que tu n’étais pas partie, car sinon je l’aurais senti. Parce que moi je… » Les mots se bousculaient dans sa gorge. Incapable de les prononcer. Incapable de les laisser s’échapper. Sa voix se fit à peine plus audible, tel un murmure. Un murmure emporté par le vent qu’on ne pouvait entendre uniquement si on tendait l’oreille. Qu’on ne pouvait entendre uniquement d’en écoutant l’air du vent. « Parce je t’aime, moi. »

Impuissant petit Sora. Le jeune Brunet se sentait totalement démuni face à la jeune femme. Jamais il n’avait ressenti de pareilles émotions. Son cœur semblait faire les montagnes russes depuis que ce dernier avait découvert ce nouveau sentiment qu’était l’amour. Lui qui avait inlassablement besoin de sa moitié à présent. Au fond, certes sa raison attendait des explications mais son cœur ne demandait qu’une chose. Qu’elle franchisse cette barrière invisible. Ces trois pas qui les séparaient pour qu’elle vienne se jeter dans ses bras à nouveau et lui voler un énième baiser. Afin qu’il puisse la sentir contre lui et la serrer fort. La serrer fort contre son cœur, de peur qu’elle ne lui échappe à nouveau…

Parce que je t’aime, moi… Son cœur beaucoup trop enfermé dans cette Forteresse avait fini par reprendre ses droits. Ses pleins droits. Ces quelques mots étaient sortis par eux-mêmes uniquement guidés par cette arme. La plus puissante que le jeune homme possédait. Ce cœur pur qu’abritait son corps. Il avait ressenti le besoin de laisser échapper ces petits mots qui pourtant semblait représenté énormément de choses dans sa bouche. Tout ce qu’il avait pu apprendre sur cette plage grâce à elle. Cette joie immense, ce rythme de cœur s’affolant à l’intérieur de lui-même qu’il connaissait déjà par cœur mais qu’il aimait entendre plus que tout, ses douces lèvres salées. Tout ce qu’il avait pu apprendre en son absence, grâce à elle. Cette peine. Une peine aussi grande qu’il avait pu ressentir en perdant Riku. En perdant Kairi. Il semblait passer par tous les états durant ces derniers et il n’attendait qu’une seule chose : que cette histoire se termine comme elle avait l’habitude de le faire. Se séparer pour mieux se retrouver. Pour mieux se comprendre soi-même. Pour mieux comprendre l’importance de l’autre dans son cœur. Pour mieux comprendre sa Lumière… Au fond même si le Brunet n’obtenait pas de réponses à ses questions, il n’en avait que faire maintenant. Maintenant le seul message qu’il voulait lui faire passer était son inquiétude. L’inquiétude qu’il avait eue à son égard en la voyant disparaître du jour au lendemain. L’inquiétude qui l’avait fait parcourir plusieurs fois la ville à sa recherche. L’inquiétude qui avait été caché aux yeux de tous. L’inquiétude de perdre quelqu’un de cher à son cœur. Il n’avait rien oublié. Il ne l’avait pas oublié. Et les larmes maintenant sèches sur ses joues avaient eu raison de lui. Avait eu raison de sa sensibilité croissante. Mais Sora n’eut pas le temps réfléchir plus longtemps. Son fil de pensées fut brisé lorsqu’il sentit deux bras passer autour de sa taille. Hazel l’attirait contre elle dans une étreinte. Une étreinte qui scellait enfin leurs retrouvailles. Des retrouvailles qu’il avait espérées durant de nombreux jours. Durant des mois. Pris de court, le jeune homme surpris mit quelque temps avant de l’enlacer à son tour. C’était réel. Pour de vrai. Elle était bien de nouveau-là. Dans ses bras. A nouveau. Exactement comme ce jour à Illusipolis où il avait enfin retrouvé Kairi. Une même étreinte : pleine de nostalgie. Pleine de souvenirs mais également d’espoir. D’espoir pour le futur. Un petit sourire vint doucement étirer les lèvres du jeune homme. Un sourire qu’elle avait réussi à faire revenir… « Ce n'est pas un rêve. » A ces paroles, Sora resserra légèrement son étreinte autour des épaules d’Hazel. « Je t’ai promis de toujours te retrouver, non ? » Il n’aurait pas besoin de lui répondre, il le savait.  Mais ses mots étaient sortis tous seuls. De par leur propre volonté. Mais il avait surtout besoin de la sentir contre lui, dans ses bras pour être à son tour sûr que ce n’était pas un rêve. Si c’en était un, il était beaucoup plus doux que n’importe lequel…

Se séparant légèrement de lui, Sora put croiser le regard encore larmoyant de la jeune femme. Et il comprit alors. Il comprit qu’importe les raisons de la Brunette de s’éloigner de lui, elle en avait souffert. Elle avait souffert de cette séparation tout autant que lui. Leurs deux cœurs avaient crié à la réunion depuis bien longtemps et il comprit que sa peine n’était plus importante maintenant. Il pouvait la laisser partir, la laisser s’envoler pour aller chasser celle de la jeune femme. Allez chasser la peine qu’il pouvait encore lire au fond de ses yeux azurs. Un simple sourire se dessinait sur ses lèvres en guise de réconfort. Un sourire lumineux. Un sourire dont seul Sora avait le secret. Un petit sourire niais et innocent. Un véritable sourire qu’il avait maintenant retrouvé. « Pardonne moi Sora. » De nouveaux sanglots apparaissaient sur le visage de la demoiselle, elle qui regrettait. Elle qui ne supportait pas ne serait-ce qu’une seconde, penser au mal qu’elle avait pu faire au jeune homme. Mais son cœur avait déjà une réponse. Une réponse toute faite parce qu’elle avait été mûrie durant longtemps. Durant toute cette absence. Son cœur lui avait déjà pardonné. A partir du moment où il lui avait parlé, son cœur s’était reconstruit. Exactement comme celui de Ventus. En partant une partie de son cœur avait été arraché, mais le simple fait de la retrouver ici. D’avoir capté son regard en sortant du lycée. Tout cela lui avait suffi. Toute sa Lumière lui avait été rendu. Encore plus rayonnante qu’auparavant. Déposant sa tête sur le thorax du jeune homme, il sentit dans son dos, son doigt tapoter en rythme. Au rythme de son propre cœur qui semblait s’emballer à nouveau. Exactement comme à la plage. Un rythme rapide et effréné. Comme si ce dernier était prêt à bondir hors de sa cage thoracique. Ce dernier qui semblait à nouveau battre à l’unisson avec sa moitié. Passant à nouveau ses bras autour de la demoiselle, il la serra une nouvelle fois contre lui, de peur de la voir s’envoler. De peur que tout ceci ne soit qu’un rêve. De peur de la perdre à nouveau. Il ne le supporterait pas… « Tu es déjà toute pardonnée… » Murmura-t-il finalement au creux de son oreille afin de la rassurer. Afin de calmer ses sanglots.

Fermant les yeux, le jeune homme profita de ce moment en compagnie des nombreux souvenirs qui lui revinrent en mémoire. Tous ces souvenirs depuis le premier jour. Lui qui avait l’impression de la connaître depuis tellement longtemps. Comme si ses souvenirs de l’Île du Destin ainsi que ceux du Brunet étaient finalement connectés. Comme s’ils menaient à la même histoire. Aux mêmes personnes. Interrompant à son tour cette étreinte, il se sépara légèrement d’elle, gardant une main sur son épaule, l’autre venait déjà effacer les dernières traces de larmes séchées sur la joue d’Hazel. Comme il avait pu le faire sur la plage lorsqu’une unique larme y avait coulé sans raison apparente. « Je t’ai déjà pardonné. Je ne t’en ai jamais voulu, Hazel. Mon cœur ne t’en a jamais voulu. Jamais. » Jamais cette pensée ne lui avait traversé l’esprit. Jamais il ne l’aurait tenu pour responsable de quoi que ce soit. « Ne t’inquiètes pas pour moi, d’accord ? Je vais bien. Tant que toi tu vas bien, c’est l’essentiel. » Sora pensait très rarement à lui. Beaucoup plus tourné vers les autres, toujours soucieux du bonheur des autres, de pouvoir les aider, de leur apporter un peu de sa Lumière pour illuminer leurs chemins. Et rien ne faisait exception pour Hazel. Au contraire même. Penchant légèrement la tête vers l’avant, il posa son front contre le sien, désireux de ne pas briser leur contact. De le maintenir encore un petit peu. Fermant à nouveau les yeux, il respirait doucement, il voyait les yeux azurs de la demoiselle danser devant lui alors même qu’il était plongé dans le noir le plus total. « Mais promets-moi une chose, même si tu n’aimes pas les promesses. Promets-moi de ne plus refaire ça. De ne plus refaire ça sans un appel au moins avant… » Souffla-t-il avant de lâcher un petit rire. Un petit rire traduisant la décontraction qu’il voulait y mettre. Et pourtant il traduisait également sa libération. Celle d’être libéré de ces soucis. De son inquiétude grandissante et envahissante. Il l’avait finalement retrouvé. Il avait tenu sa promesse. Cela n’avait pas été des paroles en l’air. Il l’avait retrouvé. Et même si parfois sa raison avait encore du mal à y croire, le souffle chaud de la jeune femme contre son visage le lui rappelait. Elle était bien là. De nouveau là. Celle qu’il avait tant cherchée. Hazel. Kairi.

Explosée. Détruite en mille morceaux. C’était comme si la Forteresse Oubliée n’existait plus, libérant son cœur à nouveau des doutes et des craintes. De toutes ces pensées qui avait pu le tourmenter depuis quelques mois. Pour ne laisser place qu’à la Lumière. Une Lumière rayonnante et retrouvée. La Lumière qui émanait de Sora. Et cette dernière semblait encore plus lumineuse. Plus brillante d’une moitié retrouvée. Aussi brillante qu’elle pourrait à nouveau éclairer le chemin d’un pauvre cœur perdu. Exactement comme il l’avait par deux fois pour Ventus. Aujourd’hui il recommençait à nouveau. Lui qui entre les lignes avait finalement promis d’être le gardien de son cœur aussi. Le gardien du cœur de la jeune femme. Alors qu’elle en échange lui avait promis de prendre soin du sien. Et malgré sa soudaine disparition, son cœur ne pouvait pas lui en vouloir. Lui-même n’aurait pas voulu lui en vouloir. Il n’en était pas capable. Il n’en avait pas la force. Il avait compris qu’il avait tout autant besoin d’Hzael, qu’elle avait besoin de lui à présent. Connecter. Comme il n’avait eu de cesse de le répéter. Comme une évidence qui avait toujours parut si simple à ses yeux. Il avait promis de la retrouver. De toujours la retrouver, qu’importe où elle pouvait être. De ne jamais l’oublier. Le Brunet était heureux d’avoir pu honorer une partie de sa promesse. Lui qui était une vraie personne à promesses. De celles qu’il était capable de tenir sans jamais faillir. Sans jamais oublier, même si sa raison avait perdu la tête, son cœur était sa plus grande arme. Celui en qui il avait le plus confiance. Celui en qui sa propre Keyblade avait placé ses espoirs. Alors quelque part, au fond de lui, il savait qu’il lui demandait l’impossible. Que cette promesse qu’il lui demandait, le Brunette ne voudrait pas l’énoncer. De peur de ne pas la respecter. De peur de devoir l’abandonner abruptement. La peur tout simplement. Mais sous ces paroles silencieuses, Sora faisait passer un message en filagramme. Pour lui. Pour elle. Pour ceux capable de l’entendre. Malgré la peur que j’ai eu, si c’était à refaire, je le referais. Je te rechercherai suivant cette connexion à la trace. Je ne t’abandonnerai pas. Pas maintenant. Ni jamais. Une promesse qui semblait résonner dans son esprit. Un message qu’il avait déjà fait passer à la jeune Hazel. Un message qu’il avait déjà fait passer à Kairi. Une connexion si forte qui mène à une porte. Une porte de Lumière faite rien que pour se retrouver. Pour leur permettre d’être à nouveau unis sous le même ciel. Sous les mêmes étoiles. One Sky, one Destiny…

Il s’attendait à ce que sa question reste en suspens, les yeux clos, il sentit légèrement ses lèvres se poser sur les siennes. Furtivement. Léger. Il aurait presque pu croire qu’il venait de rêver mais son cœur affolé le ramenait à la réalité. Il avait perdu ce rythme si bien rôdé que la jeune femme jouait dans son dos auparavant. Maintenant il était tout à fait archaïque, accélérant à sa guise, toujours et encore comme si son point de limite n’existait pas. Un véritable écho à cette journée à la plage, celle où ils avaient échangés leurs premiers baisers. Exactement la même sensation. Le même sentiment. « Je peux pas te le promettre Sora. » Murmura-t-elle timidement. Et pourtant cela ne suffit pas faire disparaître le léger sourire qui avait pris place sur les lèvres du jeune homme. Personne ne le pourrait. Aucune parole ne le pourrait. Il était bien trop heureux de ces retrouvailles pour se soucier d’autres choses. Après tout, il les avait tant espéré, qu’aucun n’autre événement ne semblait avoir la même saveur. Il avait bataillé contre les gens, contre lui-même, persuadé de pouvoir la retrouver. Et aujourd’hui, il n’avait pas perdu… Sora savait que tout le monde n’avait pas la même manie que lui. Lui et ses promesses. Il ne pouvait la blâmer pour cela. Au contraire. « Je tâcherais juste de ne plus te faire souffrir. » Il la croyait, Sora. Il lui avait donné son cœur, il avait toujours su qu’elle en prendrait soin. Après tout, elle venait tout juste de le réparer. Tout juste de lui redonner sa Lumière d’antan… « Très bien, alors j’attendrai. J’attendrai que tu me fasses cette promesse, quand tu te sentiras presque. Je sais que tu le feras. » Le jeune Elu en était persuadé. Il était persuadé qu’un jour, elle reviendrait sur cette phrase. Sur ces mots. Parce qu’il lui faisait confiance le Brunet. Parce qu’il l’aimait le Brunet…

« Je t'aime Sora. » Un murmure assuré, une révélation dont il n’aurait pas pu passer à côté. Elle le surprendrait toujours. Exactement comme sur la plage. Et cela finit de faire chavirer son cœur. Cette attente qui s’était installée depuis bien trop longtemps, était maintenant brisée par le jeune homme. Ses lèvres brûlaient elles aussi d’impatience de retrouver celle de son âme sœur trop longtemps éloignées. Ces dernières se posèrent délicatement sur celles d’Hazel sans une parole de plus. Il n’y en avait pas besoin. Tout avait été dit. Mais pourtant ce simple baiser semblait représenter encore plus de choses aux yeux du Brunet. Un amour enfin exprimé et des retrouvailles certes, mais également quelque chose de plus profond. Comme si ces retrouvailles n’étaient pas aussi simples. Comme si elles étaient encore plus anciennes qu’il ne le pensait. Des retrouvailles avec une jeune rousse qui l’attendait également. Il ne se sépara de la jeune femme que lorsque l’air venait à lui manquer, reprenant doucement son souffle, les joues du jeune home rosirent quelque peu. Et non pas sous la fraîcheur automnale. Son innocence l’empêchait de savoir comment réagir à ce moment précis, face à cette révélation si pure de sa part. Certes, le Brunet avait déjà prononcé ces mêmes mots emprunts d’un grand pouvoir auparavant, mais il ne savait presque pas quoi faire. Un comble pour lui. Et finalement la seule chose que trouva le jeune lycéen fut de casser son propre malaise fut quelque chose sorti de nulle part. Exactement comme sa maladresse avec la boîte de cookie à la plage. Se souvenant qu’elle avait auparavant goûté au bitume par sa faute, Sora ôtait son gilet, se retrouva à son tour en simple T-Shirt, avant de le poser sur les épaules de la Brunette. Il ne voudrait pas qu’elle attrape froid à cause de lui. A cause de la flaque dans laquelle elle était tombée. « Ça c’est pour que tu n’attrapes pas froid à cause de moi, tout à l’heure. » Encore des excuses. Elle devait très certainement avoir l’habitude maintenant. Peut-être qu’elle ne le relèverait même pas. « Je sais que ce n’est pas très original, mais j’avais préparé une liste de choses à te dire. Des trucs à te raconter. Si tu veux bien l’entendre, je peux toujours te la raconter si tu veux. » Un sourire vint étirer les lèvres du jeune homme. Bien sûr qu’Hazel en avait manqué des choses dans sa vie. Plusieurs. Et puis il avait aussi promis de parler de lui parler de deux étoiles bien spécifiques. Sa propre façon naïve et innocente de rebondir sur autre chose. Une manie, une gêne qui faisait tout le charme de Sora…

Un sentiment de renaissance semblait s’être emparé de son cœur alors que le Brunet reprenait son souffle. Comme si ce dernier retrouvait sa moitié. Comme s’il retrouvait quelque chose qui lui avait manqué. Quelque chose de vital. Un sentiment qui sur certains bords pouvait lui rappeler ce qu’il avait pu éprouver lorsque son regard avait croisé enfin celui de Kairi à Illusiopolis. Et tant de points pourtant semblaient rapprocher Kairi et Hazel. Et pourtant ce lien ne paraissait pas si évident à ses yeux. Rien ne paraissait évident aux yeux de Sora. Mais il savait au moins une chose, maintenant qu’il l’avait retrouvé il se sentait à nouveau entier. Sentir ce cœur affolant et affolé à l’intérieur de lui en était sa meilleure preuve. Sa preuve qu’il était toujours là. Qu’il était toujours en vie. Qu’il ne battait finalement que pour elle. Uniquement pour elle. Un retour à la réalité, comme si ces quelques semaines qu’il venait de vivre, n’étaient finalement qu’un simple rêve. Une simple illusion. Comme s’il avait, à nouveau, été plongé dans un sommeil profond. Un sommeil profond pour préserver ses souvenirs. Un sommeil profond pour rétablir la vérité. Un sommeil profond pour lui montrer qu’elle ne l’avait jamais réellement quitté. Au fond, Hazel, son souvenir et sa présence ne le quitterait plus jamais. Cette  dernière avait élu domicile dans le cœur du jeune homme, leur connexion devenant de plus en plus solide. De plus en plus réelle. De plus en plus lumineuse. Une légère pluie continuait de s’abattre sur la ville, un détail presque insignifiant jusqu’à maintenant aux yeux du jeune héros. Lui et sa maladresse, lui qui quelque part détestait les silences. Les silences qui lui rappelaient les Ténèbres. Les Ténèbres que son esprit rejeté avait côtoyées au plus profond de son cœur. Désireux du bien-être de la Brunette, il n’hésita pas à lui prêter son gilet afin qu’elle n’attrape pas froid. Alors que la persistante pluie décidait maintenant de dégouliner sur son T-Shirt. Ses cheveux commençaient à se gorger d’eau, quelques gouttes perlant déjà au bout de quelques-unes de ses mèches de cheveux. « Idiot.C'est toi qui avoir froid pas moi. » Un petit rire franchit ses lèvres face au sourire et à la remarque de la jeune femme. La pluie pouvait bien être le dernier de ses soucis, il avait d’autres choses à penser. D’autres choses à raconter. Une liste. Des points qu’il s’était promis de garder pour lui et de les lui énoncer dès qu’il la retrouverait. Du changement de sa vie. Finalement, il balbutia quelques mots à ce propos, essayant tant bien que mal d’aligner quelques pensées lui qui au fond de lui-même, avait peur que ce cauchemar puisse ressurgir. Peur de la voir disparaître à nouveau s’il détournait le regard. Peur de voir sa chevelure d’ébène déjà au loin. Parce qu’au fond, Sora avait toujours le droit au même scénario, non ?

« Je serais plus que heureuse d'entendre tout ce que tu as à me dire, mais.. pas ici. La bas c'est chez moi. Enfin provisoirement.. On sera plus à l'aise pour parler non? Je ne te force pas la main, juste que de mon côté je n'ais pas non plus envie que tu sois malade, je m'en voudrais terriblement si ça viendrait à être le cas. » La Brunette avait su lire entre les lignes du jeune homme, elle qui avait l’espace d’un instant tourné la tête vers leur futur lieu d’asile. Ce n’est seulement que face à son comportement, que le sens de l’orientation de Sora se reconnecta avec la réalité. Ce dernier s’étant mis en veille afin que le Brunet puisse mieux la rattraper. Afin qu’il ne se fasse pas distancer durant sa folle course poursuite. Il ne remarquait seulement que maintenant que ce quartier fait de maisons et dont l’intérieur de chacune semblait être plus que chaleureux par ce temps, était le quartier résidentiel. Mais son cœur ne manqua pas non plus de remarquer qu’elle s’inquiétait pour lui. Même si la pluie ne lui semblait pas être l’ennemi le plus mortel qu’il avait rencontré. Sora ne pouvait refuser une telle invitation, après tout ils seraient mieux au chaud pour discuter, et il ne voudrait pas non plus qu’elle attrape froid par mégarde. Par sa faute. Un petit sourire vint s’accrocher à ses lèvres. Un sourire retrouvé. « Je n’ai pas peur de la pluie, ça ira pour moi ne t’en fais pas ! » Et comme pour le faire mentir, l’instant d’après, un léger éternuement passa ses lèvres. Comme pour montrer qu’il ne pouvait refuser son invitation. Face à cela, Sora ne put s’empêcher de rire. De rire face à un simple éternuement. Face à un simple contexte. D’un rire qu’on n’avait plus entendu depuis longtemps. Un vrai rire. Un vrai rire face à sa propre bêtise.

« Très bien, je te suis ! » La Brunette attrapait déjà sa main et ce dernier se laissa guider par elle. Il se laissa guider sur les quelques pas qui leur restaient à faire avant d’arriver face à cette porte d’entrée. Face à cette nouvelle porte d’entrée. Sora qui connaissait maintenant le chemin pour la raccompagner jusqu’à sa grand-mère, devrait certainement apprendre ce nouveau chemin s’il voulait à nouveau la revoir. S’ils voulaient à nouveau rire dans le noir, une lampe de poche à la main, essayant d’éviter les pauvres grenouilles égarées sur le chemin. Ces souvenirs. Il les chérissait. Tout autant que tous ceux qu’ils pouvaient avoir avec Kairi et Riku. Tous ceux qu’il pouvait avoir construit dans les autres mondes, avec d’autres personnes. Game City en faisait maintenant partie intégrante. Une nouvelle entrée dans le journal de Jiminy. Un autre monde dans lequel il aurait envie de revenir pour revoir des personnes chères à son cœur. Hazel s’occupa de déverrouiller la porte, donnant finalement sur l’entrée du domicile. Ses chaussures couinaient à l’intérieur, quelques petits bruits sourds annonçaient les premières gouttes qui dégoulinaient de ses cheveux sur le sol lorsqu’il secouait légèrement la tête. D’ailleurs certaines gouttelettes avaient déjà dû finir sur la jeune femme à son côté. Mauvaise habitude qu’il avait prise à l’époque. Lorsqu’il sortait de l’eau à la plage. Sur l’Île du Destin. « Désolé, j’ai plus l’habitude d’être trempé par l’eau de mer que par l’eau de pluie. » Finit-il par lâcher avec un rire. Sora ne connaissait pas réellement la pluie. Il ne connaissait pas vraiment le fait de courir ou de traîner sous la pluie. De sentir l’eau douce couler sur son visage. Cette pluie, lui, l’admirait derrière sa fenêtre lorsqu’il était enfant. Trop dangereuse cette pluie, ce déluge. Jusqu’à ce qu’il se retrouve en son cœur. Jusqu’au jour où son île avait été avalée par ce déluge de Ténèbres. « Tu aurais quelque chose afin que je n’inonde pas ta maison ? » Une simple serviette ferait l’affaire. Il ne voulait juste pas être plus maladroit qu’il ne l’était déjà. Il ne voulait pas gâcher ces retrouvailles qu’il avait tant espérées. Il ne voulait pas en perdre une seule miette, pas un seul instant. Un petit sourire niais se formait sur son visage. Scotché à ses lèvres. Décidé à ne plus jamais le quitter…

Sora pris conscience de l’état dans lequel il devait se trouver face au léger rire de sa Brunette. Gardes ton sourire car c’est la plus belle des choses. Il se souvenait lui avoir dit cela au tout début lors d’une de leurs premières après-midi passées dans ce petit coin de verdure qu’eux seuls connaissaient à l’extérieur de la ville. Un temps où il était encore loin de se douter de tout ce que le futur lui réservait. Mais face à ce sourire retrouvé de la demoiselle, ces paroles ne purent que faire écho dans son esprit avant de lui arracher un léger sourire. Un énième souvenir qu’il chérissait plus que tout. Un énième souvenir qu’il partageait avec elle. Elle qui semblait maintenant prendre autant de place dans son cœur que si elle avait été là depuis le départ. Comme si elle l’avait toujours accompagnée. Depuis le tout début. Depuis l’Île du Destin et ses mystérieux souvenirs. Comme s’il était capable de sentir sa présence dans ses souvenirs. Comme si ses propres souvenirs continuaient à se réparer. A l’énonciation du jeune Brunet, Hazel était déjà partie dans les méandres de ce nouveau foyer qu’elle avait, à la recherche de sa requête pour ne pas inonder l’endroit en lui-même. Lui qui était légèrement trempé par la pluie. Presque comme lorsqu’il sortait de l’océan, à l’exception près que ce n’était tout de même pas la même sensation. Heureusement pour lui, elle revint rapidement avec entre les mains une large couverture polaire qui lui semblait encore plus rassurante que la simple serviette dont il avait fait la supposition. Elle passa cette dernière sur les épaules du Brunet alors qu’elle lui offrait un léger baiser sur la joue. « Va t'installer la bas, je reviens. » Avec un léger sourire, Sora acquiesça de la tête avant de tourner les talons afin de se diriger dans la pièce qui semblait être le cœur de toute maison, le salon. Ses chaussures couinaient légèrement sur le sol. Gêné, il essayait de faire le moins de bruit possible avant de s’installer sur le canapé. Prenant bien soin de ne rien salir. Essayant de ne pas laisser d’énormes gouttelettes d’eau sur son passage. Soupirant et repoussant une mèche de cheveux qui lui tombait sur le visage par la même occasion, il serrait la couverture enveloppée autour de lui afin de retrouver un semblant de chaleur. Afin de pouvoir sécher un peu plus rapidement. Courir sous la pluie. Combien de fois lui avait-on dit que c’était une mauvaise idée et combien de fois continuait-il à le faire ? Il n’en avait aucune idée. Mais un léger rire passa ses lèvres lorsqu’il repensait à la personne qui lui disait cela. La voix de sa mère parvenant jusqu’à ses oreilles. Une voix inquiète par l’inconscience de son fils mais rassurante lorsqu’elle finissait par revenir une tasse fumante à la main.

« Je crois que j'ai encore quelques progrès à faire, surtout au niveau de la température. » Le rire de la jeune femme ainsi que le bruit d’une tasse posée sur la table ramena Sora à la réalité. « Je te conseil de ne pas tenter de le boire maintenant si tu veux éviter de te brûler les lèvres. » Afin de ne pas être un idiot à nouveau. Il lâcha à son tour un petit rire. « Merci Hazel. » Cette dernière finit par s’installer à son côté. Se penchant légèrement en avant, Sora vint attraper la tasse à deux mains, malgré la chaleur qui s’en dégageait et qui contrastait avec la froideur de ses mains. Mais c’était agréable et supportable malgré tout ce qu’on pouvait penser. Il avait la sainte habitude de toujours attraper sa tasse à pleine main sans se soucier du reste. Un petit silence semblait s’être installé entre eux. Un silence que Sora ne savait briser, lui qui ne savait pas ce qu’il voulait signifier, alors que pourtant il était capable de sentir toutes les questions retenues par la Brunette à son côté. « Cette fille.. La fille qui était avec toi toute à l'heure, est-ce que c'est elle.. » Se retournant vers elle, il aperçut ce sentiment, ce sentiment d’inquiétude qui semblait la ronger. Ce sentiment qu’il avait déjà pu voir passer dans ses yeux auparavant alors qu’elle lui disait être persuadée qu’il l’avait totalement oublié. Lorsqu’elle lui avait crié au visage qu’elle ne voulait plus le revoir. Une expression qu’il ne voulait plus revoir sur son visage. « C’était Ash’. Ashling, une amie à moi. On est ensemble en cours de maths comme ça on est deux, à ne rien comprendre. Et au club d’escrime aussi. D’ailleurs on était censé y aller ensemble cet après-midi, c’est là que tu nous as vu. » Un nouveau rire s’échappa de ses lèvres face à la situation. Qui aurait pu prédire qu’il lui suffisait de traîner quelque peu pour rejoindre l’entraînement afin de pouvoir retrouver la jeune demoiselle qu’il avait pourtant cherché désespérément partout. Cette histoire lui semblait presque déjà lointaine maintenant que son cœur lui avait pardonné, même si une partie de son esprit espérait pouvoir avoir des réponses un jour. « Ce n’était pas Kairi, non. » Et pourtant son cœur le savait. Son cœur l’avait compris. Il avait compris tout cette mascarade. Il avait deviné où était Kairi. Il l’avait même déjà retrouvé, au nez et à la barbe de Sora. Riant égoïstement à l’innocence aveuglante du jeune homme. Cette même connexion qu’il chérissait tant l’avait ramené jusqu’à elle. Exactement comme ils se l’étaient promis. Je reviendrai vers toi, je te le promets.

« Mais j’ai retrouvé Riku ! » Son ton était tout de suite beaucoup plus enjoué, moins nostalgique qu’il n’était lorsqu’il pouvait aborder le sujet de Kairi. Il lâcha la tasse quelques instants afin de se tourner totalement faisant face à la jeune femme. « Mon meilleur ami d’enfance, Riku tu te souviens de lui ? Lui je l’ai retrouvé ici. Enfin c’est plutôt lui qui m’a retrouvé, mais ça j’ai l’habitude, disons que c’est lui qui a toujours eu le don pour me retrouver… Enfin tu pourras venir à la maison la prochaine fois, je te le présenterai, je te l’avais promis pas vrai ? Je suis sûr que vous vous entendrez très bien tous les deux et qu’il pourra t’aider. » Embellir quelque peu la réalité. Sora finalement ne savait pas réellement ce que l’argenté pouvait en penser, mais cette décision était la sienne. Après tout, il lui avait promis de lui présenter Kairi et Riku afin de l’aider dans ses souvenirs perdus, mystérieux et confus. Il était persuadé que si quelqu’un pouvait bien avoir une idée, ce serait son ami. Peut-être que lui serait capable de lever le voile de mystères. De plus ses paroles innocentes cachaient une invitation déguisée, une invitation à le revoir. Une invitation pour ne plus s’enfuir. Une invitation pour ne plus être séparés comme ils l’avaient été.

Sora ne voulait pas l’avouer. Il ne voulait pas l’exprimer à voix haute, mais son regard avait capté le message. Il avait capté le message discret que le visage de la Brunette venait de lui faire passer. Un sentiment qu’il avait appris à décrypter grâce aux conseils d’Ashley lors de leur soirée au parc. Lorsqu’il avait bien essayé de lui faire croire que toutes ses questions sur les sentiments étaient destinées à aider un ami, alors qu’elles n’étaient là que pour lui. Une pointe de jalousie. Être rassurée en apprenant que la jeune fille avec qui il était auparavant, n’était pas Kairi. Certes il avait appris à le décrypter, mais il n’était certainement pas encore en mesure de le comprendre. Pourquoi serait-elle jalouse de Kairi ? Peut-être à cause de cette connexion qui était aussi proche mais qui pourtant avait une petite pointe de différence ? Kairi ne pourrait jamais quitter son cœur. Kairi avait pris une trop grande importance dans sa vie. C’était son amie d’enfance. Mais Hazel. Cette dernière semblait s’être également frayé un chemin dans le cœur du Brunet. Avec une forte connexion. Une connexion dont elle n’avait rien à envier de celle qu’il pouvait partager avec son amie d’enfance. Au contraire. Hazel y avait toute sa place. Son esprit ayant presque déjà du mal à se souvenir de comment cela pouvait être avant qu’elle n’entre dans sa vie. Avant qu’il ne passe ces agréables journées avec elle à s’envoler au travers des étoiles. Avant qu’elle ne lui ouvre les yeux sur la dernière partie de son cœur. Avant. Il avait presque l’impression que la Brunette à son côté l’avait accompagné depuis le début. Depuis le début de son périple avec la Keyblade. Depuis le jour où son Île avait été engloutie par les Ténèbres. Un souvenir qui leur était étrangement commun. Alors face à son soulagement quelque peu dissimulé alors qu’elle détournait la tête, Sora ne put s’empêcher de lâcher un léger sourire. A peine visible. Discret. Qui ne resta que quelques instants avant que sa mémoire ne le rattrape et qu’il ne lui explique sa nouvelle situation. Celle où il avait rencontré Riku pendant son absence. Son meilleur ami, son aîné. Celui qu’il lui avait promis de lui présenter. « Je suis tellement contente pour toi Sora ! C'est super.. Je serais plus que ravie de faire sa connaissance.. » Ce regard aussi il avait appris à le connaître. A le reconnaître même. A le comprendre. Elle fuyait son regard, détournant son attention, ne voulant pas croiser ses yeux. Face à ce mensonge aussi bien dissimulé que les siens, Sora lâcha un petit rire nerveux avant de venir lui donner une légère pichenette sur la joue. « Je connais ce regard Hazel. Je ne te force en rien mais j’aimerai juste que tu le rencontres, parce que vous êtes tous les deux très importants pour moi. Juste une rencontre. Juste une seule. Je serais là. Et tu verras qu’il n’est pas aussi froid que tu le penses. » Ce n’était qu’une façade, Sora connaissait le vrai Riku. Ce meilleur ami qui l’avait sauvé à maintes et maintes reprises. Celui qui n’a pas hésité à plonger dans les Ténèbres afin de venir le chercher. Juste une rencontre. Cela semblait plus qu’important à son cœur de la présenter à l’argenté. Juste de lui présenter au moins une fois, la personne qui avait réussi à atteindre sa Lumière.

Ils avaient déjà eu cette conversation sur la plage. Là-bas déjà, ils s’étaient battus, tenus tête sur ce sujet. Aujourd’hui, il lui demandait juste une rencontre rien de plus. La jeune femme à son côté attrapa maladroitement sa tasse encore fumante, manquant de faire renverser le liquide hors de sa tasse et manquant de faire sursauter le jeune homme. Plongeant ces lèvres à l’intérieur de cette dernière, une grimace s’en suivit aussitôt qui reposa dans son élan la tasse par la même occasion. Suivit de très près par un rire que Sora essayait de cacher. Sa mignonne petite moue maladroite lui rappelait quelque part la sienne. Ses yeux vinrent finalement s’accrocher aux siens et un seul petit mot sortit de ses lèvres, un simple petit « Aie.. » qui finit par déclencher le rire du Brunet résonnant à travers toute la pièce. Pour une fois que ce n’était pas lui. Peut-être commençait-il à déteindre réellement sur elle ? Lui aurait-il donné un peu de sa maladresse en retour ? Son rire calmé, ce dernier se transforma en sourire, alors qu’il venait effacer la trace de chocolat chaud qui lui restait au coin des lèvres d’un geste de main. « Peut-être que tu as déjà passé trop de temps avec moi, je commence déjà à déteindre sur toi. Même si je ne suis pas sûr que ma maladresse soit le meilleur exemple à suivre. » Il avait pu le lui démontrer déjà des dizaines de fois. De par son innocence et ses paroles parfois naïves et prononcées aussi brutes qu’elles apparaissaient dans son esprit, parfois sans faire attention à la gêne qu’elles pouvaient occasionner. Ainsi que la boîte de gâteaux qu’il avait malencontreusement fait tomber dans le sable, juste après leur premier baiser. Ainsi que le gilet qu’il avait posé sur ses épaules juste après leurs fraîches retrouvailles. Sora et sa maladresse. Sora et son innocence. Attrapant à son tour la tasse, il l’imita et en but à son tour une gorgée, malgré le fait qu’il savait qu’elle était encore brûlante. Juste histoire de le confirmer. Juste histoire de faire une maladresse à deux. « Effectivement c’est bien brûlant. » Mais Sora les aimait comme cela. Brûlant, histoire de se brûler la langue, mais avec cette saveur si réconfortante du chocolat chaud. Une saveur capable de réconforter n’importe qui. Même l’enfant qui sommeillait en chacun. Il finit par se caler un peu plus dans le canapé, gardant la tasse entre ses mains, cette dernière terminait de réchauffer ses doigts, ramenant un peu de chaleur à son corps. Il s’installait un peu plus confortablement, histoire d’être prêt. Il était temps pour lui de se taire, de la laisser parler. Il avait le don pour ne faire que monopoliser la parole, mais aujourd’hui il savait qu’elle avait besoin de parler. Et lui avait besoin de l’entendre. De l’entendre déblatérer sur n’importe quel sujet, mais bel et bien sur un sujet. Il n’était pas le seul à qui il était arrivé des choses durant ces semaines d’absences. Sora n’avait toujours pas eu sa réponse auparavant : pourquoi ? Où étais-tu ? Que s’est-il passé ? Face au silence qui semblait inhabituel et au regard de sa belle, il lâcha un énième petit sourire « Promis je me tais. Tu peux y aller. » Remontant légèrement la tasse jusqu’à son visage, soufflant légèrement à l’intérieur, c’était à son tour à elle de se transformer en conteur d’histoire. Avec un public à l’écoute. Un public tout attitré qu’était Sora.

Ses gestes. Sora ne réfléchissait pas avant d’agir. Il ne réfléchissait pas à comment ses gestes pourraient être interprété. Être interprété par les autres. Être interprété par elle. Exactement comme à chacun de ses rapprochements. Lorsqu’il avait séché ses larmes du bout du pouce sur la plage ou encore quand il avait posé son front contre le sien juste auparavant, il réitérait ses actes en effaçant le reste de chocolat chaud qui était venu se loger au coin des lèvres de la Brunette. Lui qui ne ressentait aucune gêne suite à ce geste. Lui qui avait toujours eu l’impression de la connaître depuis toujours. Comme si elle avait toujours été là, présente dans ses souvenirs. Comme si un quatrième visage, une quatrième personne courrait avec eux le long de la plage. Ou plutôt comme si les traits de la jeune rouquine qui l’avait toujours accompagné se fondaient avec ceux de la Brunette. Il l’avait remarqué. Son cœur l’avait compris dès le début. Pas comme lorsque Naminé avait remodelé ses souvenirs. Malgré le fait qu’il était persuadé à cette époque que la Blonde était son amie d’enfance, son cœur lui avait détecté la faille. Mais aujourd’hui ce dernier ne détectait pas la moindre chose.  Le visage d’Hazel et de Kairi semblait parfois se confondre dans son esprit. Elle le remercia doucement, alors qu’il remarquait qu’il déteindrait presque sur elle. Cette même maladresse. Ce même sourire. Après tout il lui avait bel et bien promis qu’elle n’aurait de cesse de le garder tant qu’elle serait en sa présence. Mais ce qu’Hazel semblait ignorer, c’est qu’elle était à l’origine de ce sourire. De ce sourire retrouvé. Il se souvenait encore comme si c’était hier de son arrivée à Game City. Désemparé. Perdu. Nostalgique. Son sourire n’était pas le même, lui qui aurait voulu trouver un moyen de repartir rapidement chez lui. Là où l’on avait encore besoin de lui. Là où son Destin l’attendait. Mais c’était bien suite à sa rencontre que tout avait changé. Que son sourire s’était retrouvé. Son rire. Ainsi que sa joyeuse personnalité enfantine. Game City. Un monde qu’il avait fini par apprécier grâce à elle. Pour elle. Un monde où finalement il voudrait revenir par tous les moyens le jour où sa Keyblade retrouverait ses pleins pouvoirs. Un monde d’où il ne voudrait peut-être plus partir finalement… S’installait un peu plus confortablement dans le canapé, il était prêt à entendre ce qu’elle pouvait lui raconter. Ce qu’elle voulait bien lui dire à propos de sa disparition. De ce qu’il lui était arrivé durant tout ce temps. Son emprise sur la tasse le réchauffa petit à petit, lui faisant presque oublier la pluie qui battait encore à l’extérieur et qui avait fini par le tremper. Soufflant doucement sur sa tasse, il finit par faire un deuxième essai en portant cette dernière à ses lèvres.

« Je..Je me suis fait de nouveaux amis. » Le jeune homme lâcha un petit sourire : il savait qu’à son contraire, la jolie demoiselle avait plus de mal à s’ouvrir aux autres. Lui-même se souvenait de la surprise qu’il avait croisée dans ses yeux lorsqu’il l’avait abordé la toute première fois dans les couloirs du lycée. La surprise de voir quelqu’un se diriger vers elle. La surprise de voir quelqu’un lui tende la main. La surprise de voir quelqu’un s’intéresser à elle. « C'est eux.. Enfin, lui ,qui m'a convaincue de te retrouver.. parce qu'il savait que je n'étais pas heureuse et il avait raison. » Eux qui avaient réussi à faire ce que tous les appels manqués de Sora avaient raté : avoir au moins une petite nouvelle d’elle. « Eh bien je devrais les remercier alors à l’occasion pour leur coup de main. Ou bien tu pourrais le faire pour moi ? Raconte-moi comment ils sont ! » Curieux, désireux de savoir comment était ses nouveaux amis car s’ils méritaient de porter le nom d’ami dans la bouche de la Brunette, c’était qu’ils devaient être importants pour elle. Très important.  Comme Riku ou Kairi pour lui. Ou encore Donald ou Dingo. « Je n'ais pas cessé de penser à toi. Ou que je sois.. Tu hantais mes pensées sans arrêt. Toi et nôtre île. » Hazel après avoir tant fuit son regard, retourna finalement la tête vers lui où il put lire la sincérité de ses propos dans ses yeux azurs. Le jeune homme avait encore du mal à comprendre. A percevoir l’importance qu’il pouvait avoir à ses yeux. Pour lui tout lui semblait presque normal. Instinctif.

« Moi non plus je n’ai pas arrêté de penser à toi, mais je… Enfin je ne voulais inquiéter personne, je voulais régler cela tout seul pour une fois, et je… Je suis désolé si tu as pu mal interpréter mes gestes. » Surtout son sourire. Le Brunet s’était relevé, fuyant à son tour quelque peu son regard. Son sourire : il n’avait été qu’une façade pour ne pas traduire sa peine, pour que personne ne s’inquiète pour lui, pour qu’il continue à faire ce qu’il savait le mieux faire. Aider les autres. Leur apporter le courage dont ils avaient besoin dans leurs heures les plus sombres. Leur apporter une petite Lumière dans cet océan de Ténèbres. Et presque comme une habitude Sora s’était excusé à nouveau. Mais cette fois-ci ce dernier le remarqua, ne pouvant s’empêcher de lâcher un petit rire. Combien de fois lui avait-elle de ne pas s’excuser auprès d’elle ? Pas avec elle. Qu’il ne faisait rien de mal ? Dans ce petit coin de verdure, à la plage : elle n’avait eu de cesse de le lui répéter. « Et voilà que je m’excuse encore une fois, n’est-ce pas ? Je crois que je ne changerais jamais ! » Croisant à nouveau son regard, un petit sourire naquit sur ses lèvres rien qu’à la future réflexion ou rire de la jeune femme. Il pouvait déjà presque l’entendre, lui qui commençait si bien à la connaître. Mais elle non plus ne devait pas se sentir coupable, ni s’excuser. Il ne voulait pas que cela devienne une peine trop grande pour son cœur. Sora comprendrait toujours. Que ce soit les raisons de sa soudaine disparition ou bien encore de sa non-réponse à tous ses appels, lui aussi serait compréhensif si elle voulait bien le lui raconter un jour. Il  avait cette capacité à pardonner si spéciale, si grande. Une capacité à comprendre les raisons, les motivations des personnes. Parce qu’il ne pouvait pas être rancunier. Pas avec elle.

Sora avait laissé son imagination s'occuper de la fameuse rencontre qu'il pourrait avoir avec les nouveaux amis de la jeune Brunette. Il n'avait aucun doute qu'ils devaient être maintenant important pour elle. Qu'ils avaient dû être là pour elle quand lui n'avait pas pu l'être. Lui qui n'avait pas eu les moyens d'être à ses côtés. Lui qui finalement avait été retrouvé par Hazel. Exactement comme d'habitude. Exactement comme avec Riku. Comme si cette histoire, ce même scénario semblait se répéter à chaque fois. Malgré tous les efforts que le jeune porteur de la Lumière pouvait fournir, il était toujours en retard. Il avait toujours un coup en retard. L'argenté avait toujours eu deux longueurs d'avance sur lui, venant même à l'aider sans que ce dernier sache pourtant que son meilleur ami se cachait derrière ces traits ennemis, derrière cette capuche noire. Hazel semblait être dotée de la même faculté à ses yeux. Alors que pourtant il avait essayé de la retrouver, il n'y était pas arrivé, alors qu'elle elle semblait avoir un œil sur lui. Elle qui semblait savoir où le trouver et comment le trouver. Au fond, si elle ne s'était pas attardée l'espace d'un instant. L'espace d'une seconde de plus Sora aurait pu la rater. Il aurait pu ne jamais la voir, cachée par les feuillages. Il aurait pu ne jamais être là, enveloppé dans ce plaid. Il aurait pu ne jamais la revoir à nouveau. Et à cette pensée, son cœur lui faisait mal. Ne pourrait-il pas pour une fois y arriver sans l'aide des autres ? Tu n'es rien sans tes amis. Peut-être qu'ils avaient raison finalement. « Ils sont formidables. J'aimerais beaucoup te les présenter, je suis persuadée que tu les adorerais. » Avec un petit sourire, il hocha la tête. Eux aussi étaient à prendre en compte dans cette équation. Il devrait les remercier. Eux qui l'avaient aidé une deuxième fois à retrouver Kairi. A retrouver Hazel. Le même trio, celui de la ville de Twilight qu'elle soit réelle ou numérique, ils faisaient parti intégrante du paysage. Ce trio qui avait déjà aidé le Brunet par le passé. Ce même trio qui avait été l'ami de son jumeau. Du Blondinet durant tout son séjour là-bas. Ce même trio face à qui il avait versé une unique larme en les quittant. En embarquant à l'intérieur de ce train. Hayner, Pence et Olette. Le Brunet perdu dans ses pensées, était à des lieux d'imaginer qui se cachaient derrière les nouveaux amis de la jeune femme.

Remarquant à nouveau sa maladresse et ses excuses presque parfois automatiques, il ne put s'empêcher de les lui faire remarquer, de prédire son futur comportement presque à voix haute, avec un rire. Le rire de la Brunette était plus léger, finissant par installer un certain silence qui devait être lui-même alimenter quelque part par le jeune homme. La perspicacité n'était pas le trait de caractère principal du jeune héros, mais il avait saisit la tension, le non-dit qui semblait se promener dans l'air. Etait-ce un non-dit de la part de la jeune femme ou bien quelque chose de sa part ? Il y avait pourtant encore tellement de choses qui lui semblait rester en suspend, que lui-même n'aurait su par quoi commencer. Pourtant tout lui avait manqué lors de la disparition de la jeune femme : son visage, son sourire qu'il ne voulait pas qu'elle perde, sa douce voix, ses paroles et ses gestes, ainsi que son regard. Il n'avait rien oublié de tout cela, ni même de tous les moindres moments qu'ils avaient pu partager ensemble. De la moindre petite seconde. Et cela dès la première fois où son regard avait croisé le sien dans les couloirs du lycée. Ce simple regard qui avait réveillé son cœur. Ce simple regard qui lui avait fait comprendre que tous les deux étaient connectés. Que leurs cœurs l'étaient. Et pourtant il savait que quelque chose n'allait pas. Il savait que ce silence n'avait rien d'habituel entre eux. Que ce silence ne devait pas être là, entre eux. Que quelque chose devait être dit. Qu'un voile, que les Ténèbres devaient être levés afin de pouvoir parler à cœur ouvert. Afin de lui rappeler à quel point le sien y était raccroché. « Je vais devoir me faire opérer Sora.. » Ce fut elle qui brisa le silence en première, même si ce dernier semblait pleinement reprendre ses droits : la fin de sa phrase mourant presque au fond de sa propre gorge. Le Brunet eut à peine le temps d'esquisser le moindre geste, la moindre parole qu'elle le prit de court afin de pouvoir continuer dans sa lancée. Afin de ne pas être interrompue. « Plus les jours passent et plus mon cœur souffre..Malgré la lutte pour le protéger des ténèbres, celles ci sont parvenues à le maîtriser, à l'engloutir, à le détruire à feu doux. Si je ne fais rien, il risque de mourir et moi avec. » Sora le savait, il n'était pas dupe. Sora n'avait jamais oublié qu'elle était malade, mais il avait voulu lui faire voir un autre monde. Un autre monde qu'elle n'aurait pas été capable d'entrapercevoir. Il avait voulu l'aider à sa manière, sans pour autant être médecin, chirurgien ou docteur. Il avait voulu l'aider grâce à la Lumière de son cœur, comme il avait déjà pu le faire avec tant d'autres. Et ce même s'il était seul sans Keyblade.

Le Brunet se savait au bord de la rupture : certainement au bord de pleurer à nouveau, mais face aux yeux brillants d'Hazel, il savait qu'il ne pouvait pas. Qu'il ne devait pas. S'il y avait bien une chose qui savait faire, qu'il savait bien faire, c'était d'alléger les autres. D'alléger le fardeau des autres. D'en porter une partie à son tour. « Je voulais t'épargner tout ça. Je ne voulais pas paraître égoïste et te faire souffrir Sora. J'avais besoin de temps pour réfléchir, pour imaginer le pire, pour voir l'avenir. J'avais peur que tu ne supportes pas et que tu t'enfuis en me laissant derrière toi. J'avais tellement peur que tu disparaisses par toi même Sora.. » Secouant légèrement la tête pourtant il ne put s'empêcher de lâcher un petit rire plus nerveux qu'autre chose. Relevant la tête, il se tourna vers la jeune demoiselle, lui attrapant l'une de ses mains. Il voulait sentir la froideur de sa peau contre la sienne. Il voulait savoir qu'elle était bien là avec lui. Là face à lui. Il voulait savoir qu'il avait toute son attention, plongeant son regard azuré dans le sien. « Ne dis pas ça, tu n'es pas égoïste, au contraire tu te soucies des autres bien plus que tu ne le penses, moi je le vois. Moi je le sais. » Sora était persuadé du contraire. Rien que par cet acte, elle n'avait fait de renforcer ce trait de personnalité. « Alors je ne suis peut-être pas ni doué en sciences, ni en médecine mais tu n'as pas à m'épargner quoique ce soit, au contraire. Je t'ai dis une fois que tu pouvais me laisser t'aider à porter tout ça, je t'ai promis de ne jamais t'abandonner. Je suis tombé amoureux de toi, Hazel. De toi tout entier. Et je te fais confiance et te ferais toujours confiance. A toi, à ton instinct et à ta Lumière. » Dis-lui ce que tu as sur le cœur, elle te comprendra c'est sûr. S'il pouvait s'exprimer à l'heure actuelle c'était uniquement grâce aux conseils de son amie qu'il ne remerciera jamais assez. « Je n'ai jamais oublié que tu étais malade, tu sais. Je t'ai juste promis de toujours t'aider à sourire. Mais sache que quelque soit la décision que tu prendras, si tu veux bien me laisser t'accompagner, je resterai avec toi jusqu'au bout. Si tu sens, si tu sais que tu dois le faire, que tu dois te faire opérer ; alors fais-le, pour que tu puisses arrêter de souffrir à ton tour. Pour que tu puisses enfin souffler. Pour que tu puisses nous faire voir ta brillante Lumière encore un peu plus chaque jour. Et ne t'inquiètes pas pour moi, je serais toujours à côté de toi lorsque tu tourneras la tête vers moi. » Il était persuadé qu'elle prendrait la bonne décision, la décision la plus juste afin qu'elle-même puisse arrêter de souffrir. Afin qu'elle-même puisse rayonner à son tour. Au fond Sora savait déjà ce que c'était, lui qui n'avait pas hésité à se sacrifier pour réveiller Kairi. Lui qui n'avait pas hésité à sacrifier son propre coeur. Finalement, il était là aussi en train de l'aider. En train de faire la même chose que ce qu'il avait fait pour Kairi, mais d'une toute autre manière.

Sing with hope and the fear will be gone. Sora n'avait pas oublié. Sora avait la faculté de ne jamais oublier : tel un hypermnésique. Ne jamais oublier ses propres souvenirs. Ne jamais oublier ceux des autres. Ne jamais oublier les souvenirs qu'il avait partagé avec ceux qui lui ressemblait. Ou plutôt ceux à qui il semblait ressembler. Et la jeune Brunette face à lui ne faisait pas exception à la règle : il n'avait rien oublié de la fragilité de son cœur, mais il lui avait promis : promis de vivre au jour le jour. Promis de lui faire découvrir mille et une choses. Promis de toujours sourire à ses côtés. Et alors qu'elle lui annonçait qu'elle allait devoir se faire opérer, le Brunet sentit qu'il se devait encore plus qu'à n'importe quel autre moment, de respecter ses promesses. Celle de jamais la lâcher. Il avait appris à être un pilier, une épaule sur laquelle d'autres pouvaient se reposer et il avait bien décidé de le lui expliquer une nouvelle fois. Toujours et encore. Lui expliquer qu'elle pouvait toujours s'appuyer sur lui. Même si Sora n'y connaissait rien ni à la science, ni à la chirurgie : il savait qu'elle aurait besoin d'aide. D'attention. D'écoute. Et de soutien. Même si elle ne le lui disait pas explicitement, il commençait, arrivait à décrypter certaines choses. Des petits choses. Et il se proposait dans ce rôle. Dans ce même rôle qu'il avait déjà endossé auparavant. Son amie rouquine étendue sans vie dans ses bras, elle qui avait trouvé refuge dans le cœur du jeune héros de la Lumière. Lui qui n'avait pas hésité un instant, empoignant cette Keyblade faite des cœurs des six princesses au cœur pur, il la retournait contre lui afin de libérer le cœur de sa belle, jumelé, couplé avec le sien. Encore plus efficace qu'une simple opération, il avait juste eu le temps de voir la jeune femme se relever, sprintant vers lui, essayant de l'attraper alors que lui-même disparaissait déjà dans la Lumière. Au fond Sora savait que s'il devait le refaire, il n'hésitera pas une seule seconde. Aussi idiot et niais que son sourire avait pu paraître aux yeux de Donald et Dingo qui avaient assisté à la scène, le Brunet avait su ce qu'il faisait ce jour-là. Il avait conscience qu'en faisant cela, il n'aurait normalement pas pu revenir. Mais le simple fait de la savoir à nouveau vivant, le fait de savoir que son cœur pourrait battre à nouveau, lui avait fait prendre sa décision. Et Sora savait que si c'était à refaire pour Hazel, il le referait également. Fermant les yeux face à son discours, la jeune femme les rouvrit à l'instant même où son dernier mot avait été prononcé. Sondant, cherchant, scrutant les yeux clairs du Brunet à la recherche de quelque chose dont il ignorait tout. « Oh Sora.. » Souffla-t-elle avant de venir se blottir contre lui. Instinctivement, il écarta la main qui tenait sa tasse afin que cette dernière ne déverse pas malencontreusement son contenu. Posant sa tête contre son torse, le jeune héros sentit son cœur s'accélérer mais un sourire vint étirer ses lèvres. Il prenait cette réponse pour un oui. Un oui elle voulait qu'il l'accompagne jusqu'au bout. Un oui lui montrant qu'elle avait compris qu'il le ferait jusqu'au bout.

Délicatement son bras s'abaissa déposant sa tasse sur la table basse, afin d'éviter toute maladresse. Ce contact, cette simple étreinte lui avait manqué beaucoup plus qu'il n'aurait pu le penser. Cette proximité, tout court, lui avait manqué. « J'ai peur Sora.. Et si j'en ressortais pas indemne? Et si.. » Je mourrais. La Brunette qui était penché sur son cœur avait dû entendre ce raté, ce manqué que ce dernier venait d'avoir. Et pourtant, il se refusait à voir ce côté des choses. Cela sonnait tout simplement improbable à ses oreilles. Sora et sa naïveté. Sora et son optimisme légendaire. Tout était revenu. Alors s'il devait être celui qui devait y croire pour eux deux, il le ferait. Il incarnerait cet optimisme, cette lueur, cet espoir jusqu'au bout, sans jamais y manquer. « Je suis sûr que ça ira. J'ai confiance en ton cœur et en toi, je suis sûr que vous vous en sortirez bien. Et puis... On ne se débarrasse pas de moi aussi facilement. » Souffla-t-il la fin. Il n'avait pas pu s'en empêcher, mais après tout c'était bien cela qui caractérisait le jeune homme. Même si sous ses airs de plaisanterie, il commençait à y croire de plus en plus fort. Après tout, il ne voulait pas la perdre. Pas une nouvelle fois. Pas encore. Pas à nouveau. « Tu crois que tu pourrais m'emmener encore ? Voir les étoiles.. » Alors qu'Hazel relevait ses yeux vers lui, le Brunet pu y apercevoir ce fameux éclat. Ce même éclat qu'il avait pu apercevoir si souvent dans son regard lorsqu'ils commençaient tous deux à aborder le sujet. Exactement le même éclat que lui-même devait avoir au fond de son regard. Le même regard qui avait observé l'horizon de cette plage, ce dernier soir sur l'Île du Destin avant le grand départ. Ce même coucher de soleil observé et cette même envie d'aller voir ce qui pouvait se trouver derrière toutes ces étoiles. « Laisse-moi réfléchir… Tu crois que le ciel sera clair ce soir ? » Tout cela avait presque comme un air de déjà vu. Un dernier jour. Un dernier soir. Une dernière conversation. Des derniers mots échangés avant le grand saut. Sonnant presque comme une invitation à observer les étoiles ensemble à nouveau, comme avant, comme si cela était leur petit rituel. Derrière chaque étoile dans le ciel se cachait un monde différent, ensemble ils avaient réussi à effleurer la surface, une infime partie de toutes les possibilités qui s'offraient à eux. De toutes les possibilités qui brillaient sous leurs yeux. Un petit sourire étira légèrement ses lèvres « Tu pourras toujours aller les voir Hazel, tu es devenue leur amie, j'en suis sûr. Mais maintenant que tu le dis, on avait commencé à observer la ville de Noël et d'Halloween la dernière fois, non ? Est-ce que je t'avais parlé de Monsieur Jack le squelette, maître de l'épouvante ? Et est-ce que je t'ai dis que le Père Noël existait réellement ? Si ces étoiles sont de sortie ce soir, je suis sûr qu'on pourra les retrouver si tu veux. » Comme pour prolonger cette idylle. Comme pour prolonger cette soirée sur la plage qui s'était terminée bien trop vite. Qui avait été bien trop courte.

Sora ignorait tout. Il ne pouvait prédire ce qui allait se passer. Il ne pouvait entrapercevoir tous les chocs que son cœur devrait subir. Mais le Brunet n’avait pas peur. Il n’avait jamais réellement eu peur, lui qui avait toujours su écouter cette petite voix à l’intérieur de son cœur. Celle qui l’avait conduit jusqu’à ses amis. Celle qui l’avait conduite jusqu’à la Lumière. Jusqu’à devenir son Elu. La place dans son cœur semblait être gigantesque : il y avait accueilli un petit Blondinet par deux fois, avant d’y laisser une place pour son double qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau, et même Kairi y avait élu domicile pour se protéger. Pour protéger son Destin de Princesse de cœur. Et il était également empli de tous ses autres amis dont Riku. Dont Hazel qui y avait elle aussi sa place. Son cœur fourmillait du pouvoir et de la Lumière de ses amis, voilà peut-être ce qui le différenciait réellement des autres. Mais il était persuadé que le cœur de la Brunette malgré ses faiblesses, était fait de la même manière que le sien. Il était persuadé d’y avoir une place à l’intérieur, et c’est pourquoi il décidait de faire confiance à ce dernier. De faire confiance à sa décision, à son opération qui semblait être le dernier recours à ses yeux. Secrètement, lui aussi voulait qu’elle reste un peu plus longtemps à ses côtés. Alors comme il avait si bien l’habitude de le faire, il mettrait un sourire sur son visage. Il trouverait les mots justes, les mots rassurants, les mots réconfortants et optimistes. Il lui tiendrait la main jusqu’au bout. Comme il lui avait promis de toujours la retrouver, bien longtemps avant. Le fait de demander à la jeune femme si le ciel serait clair le soir-même n’était qu’une invitation maladroitement déguisée à rattraper leur temps perdu. A rattraper leur rêverie. A observer les étoiles une nouvelle fois ensemble. A nouveau il n’avait pas envie de rentrer, comme à chaque fois. Aujourd’hui encore plus. Aujourd’hui qui était le jour qui avait mis fin à ses inquiétudes de plusieurs semaines. Lui qui se retrouvait à nouveau. A nouveau entier. Le planning semblait même déjà être mis au point, il ne restait plus qu’une parole prononcée par la Brunette pour que le jeune homme reste à ses côtés un peu plus longtemps. « Le ciel sera clair et les étoiles seront la. J'en suis persuadée.. » Face au sourire étiré d’Hazel, le Brunet ne put retenir le sien avant que cette dernière ne vienne à nouveau se blottir contre lui. Bien sûr que le ciel sera clair. Il sera clair pour eux. Leurs amies aux perles brillantes du ciel veillaient sur eux.

Se redressant finalement vivement, la jeune femme pointa son index vers son nez, d’un air faussement menaçant. Exactement comme la première fois qu’ils étaient rentrés de ce petit coin de verdure. « N'essaye même pas de me faire peur ce soir ,je te vois déjà venir. »Le programme avait déjà été choisi : le monde d’Halloween et de Christmas. Certes Jack Skellington était le maître de l’épouvante, le maître d’Halloween, mais hormis cela, Sora l’avait connu sous un tout autre jour, sous une toute autre personnalité. Et lorsqu’il lui apprendrait que le Père Noël existait vraiment, que ce n’était pas une légende, ni un mythe… Aurait-elle la même réaction qu’il avait eu en apprenant la nouvelle ? Il en trépignait d’impatience rien qu’à cette évocation. « Quoi, moi ? Jamais je n’ai fait ça ! » Lui répondit-il d’un ton faussement étonné. Après la grenouille, il n’aurait que l’embarras du choix pour recommencer. Tous ces mondes étaient uniques et le jeune homme avait parfois encore du mal à saisir la chance qu’il avait eu de pouvoir les explorer. Cette imagination qui était qualifiée de débordante par les autres n’était en réalité que le fruit de sa propre expérience. De ses propres aventures. « Enfin. Je parle de ce soir mais tu dois être certainement occupé ce soir non? Je veux dire, tu as retrouvé Riku et.. ce serait égoïste de ma part de t'accaparer ce soir. Vous devez avoir certainement énormément de choses à vous raconter. » Sora ne put s’empêcher de retenir un petit rire, s’échappant de ses lèvres. Les paroles attendrissantes de la jeune femme contrastaient avec ce qui pouvait parfois arriver dans cet appartement qu’ils partageaient maintenant tous les deux. Cela serait mentir que de ne pas constater que l’Argenté et le Brunet tous deux, deux forts caractères. Chacun d’une façon différente. Chacun cherchant à veiller sur l’autre. Chacun cherchant à protéger l’autre. Mais ils étaient différents sur de nombreux points également. Autant son meilleur ami avait un certain naturel calme, autant son cadet était un véritable hyperactif. Mais comment faites-vous pour être amis ? Parce qu’on se voit pour qui nous sommes réellement, qu’importe le masque que l’autre porte. « Ne t’inquiètes pas pour lui, au contraire. Maintenant qu’on cohabite ensemble et qu’il est devenu mon tuteur, je suis sûr que de ne pas m’avoir dans les pattes durant une soirée lui fera un bien fou ! Disons que nous sommes différents sur beaucoup de choses. » Termina-t-il en venant instinctivement se frotter l’arrière de la tête.

Il ne pouvait décemment pas partir. Pas aujourd’hui. Pas maintenant. « Mais je vais juste le prévenir, histoire de, tu sais : éviter la guerre. » Plaisanta-t-il avant de quitter la jeune demoiselle pour s’éclipser dans le couloir. Ce soir, il trouverait certainement une utilité à cette boîte parlante qu’on nommait un téléphone. Ce soir, il pouvait comprendre la technologie. Composant le fameux numéro, il s’adossa contre le mur du couloir, la porte du salon semblait encore être légèrement ouverte lorsqu’une voix retentie à l’autre bout de la ligne. « Hey Riku ! Non je ne suis pas encore rentré… Enfin je ne pourrais pas rentrer ce soir… J’ai été invité à rester chez une amie… Oui chez Hazel, je l’ai retrouvé et hum, enfin, on a beaucoup de choses à se dire… Oh allez ! Avoues juste que tu es content de ne pas me voir ce soir ! Hein ? Comment ça je suis insupportable ? Intenable tu dis ? C’est pas vrai ! » Son rire emplit le couloir avant que la conversation ne soit terminée, en remerciant son ami. Riku savait mieux que personne que tenir tête à son ami était peine perdue. Au travers de la petite fenêtre, il voyait que le ciel s’obscurcissait déjà. La pluie de l’après-midi laissant place à un début de soirée claire et idéale. Revenant sur ses pas, le jeune homme passa la tête dans l’encadrement de la porte qui venait à la pièce précédente où il avait laissé la jeune femme. « Est-ce que j’ai parlé trop fort ? » Demanda-t-il innocemment un petit rire gêné. Persuadé qu’elle avait dû entendre toute sa conversation, ainsi que ses enfantillages si caractéristique du Brunet…